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Aussi âpre que bouleversante,
une histoire de liberté et de meurtre,
de silence et d'amitié,
au coeur d'un hameau breton.
Allongée au bord de la rivière, cachée par les saules pleureurs, Marie, dix-sept ans, semble paisible, endormie, ce que démentent les marques sombres sur son cou.
Sa mort brutale ébranle toute la communauté, et surtout Marguerite, une petite fille solitaire que tous croient simple d'esprit. Ses parents, peu enclins à manifester leur affection, travaillent leur terre du matin au soir. Livrée à elle-même, maltraitée à l'école, elle aime se réfugier au bord de la rivière, où elle se sent en sécurité sous les saules.
Cette nuit-là, elle a vu quelque chose. Elle voudrait bien aider Marie, la seule qui était gentille avec elle. Mais voilà, Marguerite ne parle pas, ou presque jamais. Mutique derrière sa chevelure sale et emmêlée, elle observe l'agitation des adultes qui, gendarmes ou habitants, mènent l'enquête. Mais comment discerner la vérité parmi les rumeurs, les rivalités familiales et les rancoeurs tissées de longue date ?
Une nouvelle voix à découvrir absolument !
Un bourg de Bretagne, pas un du bord de mer mais un de la Bretagne profonde; Marie, 17 ans, a été retrouvée étranglée; c'est la fille unique du pharmacien. Marguerite, 10 ans, mutique, que la plupart considère déficiente, a vu quelque chose mais ses parents, fermiers, ne veulent pas entendre parler de ce qui ne les regardent pas.
L'enquête autour de la mort de l'adolescente n'est que le prétexte de ce roman social noir, bâti sur l'opposition entre deux mondes au sein du même bourg, ceux du haut, les riches et ceux du bas, les péquenots, les pauvres. Ces deux mondes s'évitent, se méprisent, se jalousent, ne cherchent pas à se connaître. Les non-dits, les rancoeurs, les ragots, les commérages tiennent lieu de lien communautaire. Mathilde Beaussault nous décrit avec maestria l'atmosphère déprimante d'un bourg qui se meurt, le microcosme des villageois, refermés sur eux-mêmes et la violence latente engendrée par les frustrations.
La terre est au centre de ce roman; celle qu'on convoite, celle qui permet de s'agrandir et donc de survivre, celle qui crée les pires inimitiés et mènent à la vengeance, celle qui est rachetée par celui qui a de l'argent mais ne l'exploite pas. Petite-fille de paysan, j'ai retrouvé l'atmosphère de mon enfance quand mon grand-père parlait avec ferveur et amour de ses terres.
Le roman aborde également le thème de la différence avec Marguerite, maltraitée et harcelée par les élèves, tout juste supportée par les enseignants et même ses parents et la façon dont elle vit cette situation, se retranchant dans son monde.
Le style de l'auteure est très imagé ce qui permet de voir ce qu'on lit, les personnages prennent vie devant nos yeux sous la plume de l'auteur, avec leur langage spécifique. Il y a du Franck Bouysse dans cette peinture d'une France rurale qui se meurt et qui recèle une violence sous-jacente mais ce n'est en aucun cas une imitation, l'auteure ayant sa propre patte.
Ce primo-roman, très maîtrisé à la fois dans l'intrigue et les personnages, est remarquable. Mathilde Beaussault est sans aucun doute un nouveau talent à suivre.
#LesSaules #NetGalleyFrance
Dans le prologue, Marie, jeune fille de 17ans, se prépare pour un rendez-vous amoureux, un peu de rouge à lèvres mais trop car « il » trouve ça « un peu pute », un chemisier blanc sagement déboutonné, une jupe rouge très courte. Marie est belle. Elle a déjà pas mal d'expérience en matière de garçon, « surtout pour faire chier ses parents. Pour quitter l'oeil de Cerbère du père et cracher aux yeux nostalgiques de sa mère qui voulait la menotter à ses robes rose bonbon de petite fille modèle pour l'éternité.» Ce qui lui vaut une mauvaise réputation. Là, c'est la première fois qu'elle est amoureuse. le lendemain, elle est retrouvée morte, étranglée, au bord de la rivière sous les nombreux saules pleureurs qui la bordent, à deux mètres de chez elle, dans un hameau breton loin de l'océan.
Evidemment, le roman est centré sur l'enquête pour démasquer le meurtrier de Marie, la fille du pharmacien. Il y a des suspects, des témoins, des interrogatoires qui succèdent. Si on est attentif aux détails et habitué à la mécanique des polars, il est assez aisé de trouver le coupable avant la mitan du récit. Mais cela n'a en rien gâché mon plaisir car plus qu'un classique polar, Les Saules est un roman noir rural parfaitement maitrisé qui fait la part belle aux personnages.
En quelques phrases, Mathilde Beaussault a l'art d'amener direct le lecteur au coeur de la vérité de chacun, notamment à travers leurs dépositions. L'autrice a eu l'excellente idée de les retranscrire sans indiquer les questions de l'inspecteur, juste leurs réponses enchaînées, ce qui crée des sortes de monologues, des flux de pensée qui se transforment en instantané de leur ressenti dévoilé au grand jour.
Les personnages féminins sont particulièrement réussis ( la mère de Marie, la femme de ménage, la tenancière du bar ) mais celle qui prend la lumière, c'est Marguerite : inoubliable fillette, voisine de Marie, celle qui sait mais qui est mutique et que tout le monde prend pour une simplette. Mal poussée, négligée par ses parents éleveurs porcins, elle suçote en permanence la manche de son pull, habits trop petits, mal coiffée, martyrisée par ses camarades à l'école.
Le rythme est lent, lancinant, Mathilde Beaussault prend le temps de poser une atmosphère rude qu'elle parsème de quelques scènes ultra sensibles, presque poétiques, qui n'apporte rien à l'intrigue mais concourent à attacher le lecteur aux personnages et à créer, malgré tout, une urgence à découvrir la suite des événements. J'ai particulièrement aimé celle-ci, lorsque la mère de Marguerite prend la peine de laver sa fille qui a été recouverte de sable après un énième harcèlement :
« L'eau emporte les grains de sable récalcitrants. On évacue les mauvais souvenirs, en silence. La fille sourit à sa mère. C'est un sourire qui raconte la beauté d'un amour qui pulse à la manière du coeur d'un oiseau effrayé. La mère qui évite toujours les yeux des humains plonge dans ceux de sa fille. Elle lui sourit, gauchement, presque tristement. On dirait qu'elle a oublié comment on sourit et qu'il lui manquera le reste de sa vie pour l'apprendre. Leur menton saillant vacille, l'émotion assise derrière leurs yeux se tient tranquille depuis trop longtemps pour sortir à l'air libre. Il est des amours qu'on ne dit pas. »
Progressivement, se dessine une intrigue au réalisme âpre qui dépeint un microcosme villageois avec authenticité : ses rancoeurs recuites, ses mesquineries, ses frustrations, ses secrets, liés au quotidien difficile d'agriculteurs en mode survie et surtout à la défiance entre deux mondes « celui du pharmacien, des mains propres et des cuticules blanches, un monde qui s'érige en défenseur de la nature. Celui des paysans, des mains calleuses et des ongles noircis, un monde qui survit en nourrissant grassement l'humanité ».
Dans les cinquante dernières pages, la densité romanesque s'intensifie pour faire basculer le récit en une tragédie rurale, avec des ramifications surprenantes. Un premier roman d'atmosphère fort réussi. Auteure à suivre assurément.
Ce pourrait être un polar mais c'est plus que cela.
L'important ce n'est ni la victime ni le coupable, l'important c'est le village avec ses silences, ses rancœurs, ses luttes de classe, ses vengeances, son omerta et ses non dits et......pourtant ...
De beaux portraits de femme enrichissent ce roman
La coulée et ses saules pleureurs évoquent le charme désuet des paysages ruraux d’autrefois. Et pourtant c’est là que l’on découvre le corps de Marie, une jeune fille pour qui les fées n’avaient pas été avares pour la doter à la naissance. Belle comme le jour, fille unique de notables du village, tout pour réussir. Et pourtant.
A quelques centaines de mètres de là, vit Marguerite, à l’opposé de Marie. Simple d’esprit, sale comme un peigne, et peu bavarde. Une proie rêvée pour les caïds de l’école où elle occupe une chaise sans bien savoir pourquoi.
Les secrets de famille sont aussi bien cachés que les bas de laine mais peu à peu sous la pression des interrogatoires de la gendarmerie, les langues se délient. Malgré tout, le mystère ne s’éclaircit pas. Il suffira peut-être de quelques mots , lâchés à bon escient pour comprendre se qui s’est passé.
On est plus dans un roman noir que dans un polar. Certes la gendarmerie est impliquée mais l’enquête n’est pas au centre au du propos; il s’agit surtout de cerner les personnages, dont les témoignages ont l’accent du terroir, avec des expressions bien typiques et des tics de langage marqués.
Ce premier roman est donc assez virtuose dans l’art de camper les acteurs du drame à travers leurs dires. Une réussite.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour ce service de presse.
272 pages Seuil 10 janvier 2024
Massze critique Babelio
Une affaire criminelle sordide dans un village agricole de Bretagne englué dans sa misère sociale ou familiale. Une peinture digne de Jérôme Bosch.
Voici un "premier roman", celui de Mathilde Beaussault : Les saules.
Un roman noir au coeur des sombres terres agricoles de Bretagne, du nature-writing à la française.
Comme dans tout bon roman noir, on commence par la découverte d'un cadavre, une jeune fille de préférence : ce sera Marie, étranglée au bord de la petite rivière bordée de saules, en contre-bas du village.
Marie était bientôt une jeune femme, un peu trop délurée et bien trop court vêtue. On dira donc qu'elle l'a bien cherché.
C'est Marguerite, l'idiote du village, qui fera cette macabre découverte. La petite est simplette et quasi abandonnée par ses parents.
Marguerite est quasiment mutique ce qui ne va pas faciliter l'enquête des gendarmes, d'autant que les autres habitants ne sont guère plus bavards : ce sont des paysans taiseux, parfaitement rodés au silence quand il s'agit de taire ce qui dérange.
Dans ces pages et dans les locaux de la gendarmerie, nous allons voir défiler presque tout le village.
Les parents de la pauvre Marie : Gilles le père pharmacien, un notable et Elisabeth la mère qui n'avait que sa fille comme raison de vivre.
Paulette, leur femme de ménage, qui n'est ménagée ni par ses employeurs arrogants, ni par son beauf de mari.
Et puis Damien, Caroline et d'autres amis de Marie.
Et enfin les paysans d'en-bas qui peinent à maintenir à flot leur élevage de porcs : les parents et la tante de Marguerite, les voisins.
L'enquête piétine menée par André le gendarme du coin et son impassible collègue Arlette venue de la ville.
On n'aime pas trop :
➔ Dans le sombre registre de la misère paysanne, Mathilde Beaussault n'y va pas avec le dos de la main morte. du sordide, du crasseux, en veux-tu en voilà, comme dans les extraits ci-dessous.
[...] La soupe fume encore dans la cocotte. On a ajouté de l'eau pour l'allonger et satisfaire les estomacs. La télévision gueule à plein régime des informations que le père écoute d'une oreille tout en fixant son assiette, sa bedaine en accordéon posée contre ses cuisses.
[...] Caroline, qui n'a pas été épargnée par les bruits de couloir, apprend à détester sa mère un peu plus chaque jour. Jocelyne, seule, éponge les factures à la sueur de son front et fait bonne figure avant d'écraser le soir venant, des sanglots animaux dans le creux de son oreiller.
Bien sûr, on sait que la vie rurale n'a pas toujours été rose avec des mères épuisées qui ne peuvent guère s'occuper de leurs enfants ou bien des pères qui s'occupent un peu trop des leurs.
Mais la prose de l'auteure se complaît beaucoup trop facilement dans ce contexte envahissant.
À force d'écoeurer ainsi son lecteur, Mathilde Beaussault manque sa cible.
D'autant que d'autres auteurs ont déjà montré la voie d'une plume plus efficace parce que plus sèche : R.J. Ellory, Marie Vingtras ou encore Delperdange, pour ne citer que quelques-uns des dénonciateurs de la violence rurale, sociale ou familiale.
Las, le récit explicatif et descriptif manque ici de retenue, et l'exagération de Mathilde Beaussault est plutôt à ranger aux côtés de celle de Rebecca Lighieri ou Marion Brunet par exemple : une peinture sociale aux couleurs beaucoup trop criardes, une profusion de clichés faciles et des personnages aux traits grossiers qui frisent la caricature.
➔ Bien sûr ces personnages existent sûrement dans la vraie vie : on picole, on est trop seul, on est trop gros, on bouffe n'importe comment, on couche avec n'importe qui, on ne dit jamais rien, on cogne trop fort, ...
Mais, à part Marguerite, pas un seul des personnages de ce roman n'arrive à susciter notre empathie ou même notre compassion.
Car la seule description d'âmes perdues ne suffit pas à faire un bon bouquin, il faut aussi donner un sens à l'intrigue.
Et ce sens, on ne l'a pas trouvé.
Nous sommes en Bretagne dans un petit hameau constitué de la haute Motte et de la Basse Motte. Tout est déjà là, les notables et les familles aisées et de classe moyenne habitent la Haute Motte tandis qu’à la Basse Motte vivent des paysans dont la misère intellectuelle, culturelle, sentimentale et le manque d’argent s’invitent au quotidien.
Le corps sans vie de Marie, la fille du pharmacien de la haute Motte, une ado de dix-sept ans à la réputation sulfureuse est retrouvé au bord de la rivière . La jeune fille a été étranglée. Cette mort brutale ébranle toute la communauté mais plus encore la petite Marguerite, une petite fille de la Basse Motte qui subit la rudesse de son père et l’indifférence de sa mère, paysans qui triment pour s’en sortir. Elle est solitaire et mutique si bien que tous la pensent simple d’esprit, mais quand Marguerite parle, il faut l’écouter. Aussi quand un soir elle dit que Marie est morte et que son corps est dans la coulée, son père la somme de se taire car il ne veut pas de nouveau problème avec les gendarmes.
Une enquête va être menée, chaque habitant du hameau va être interrogé. Au fil des interrogatoires vont émergés les rancœurs entre voisins, les petits secrets, les histoires anciennes, les malversations et les petites jalousies.
Par cette chroniques des années 80 dans un hameau perdu de la campagne française, Mathilde Beaussault, elle-même fille d’agriculteurs, pose l’atmosphère d’une région hors du temps. Ce premier roman rural, noir, âpre et bouleversant nous plonge dans un monde rude et violent où les sentiments sont tus, où les enfants poussent seuls au milieu de parents usés et peu démonstratifs où la jeunesse désœuvrée se livre aux pires excès.
L’écriture toute en délicatesse nous livre un portrait sans concession du monde rural . Ce récit très réaliste est truffé d’humour et de dérision qui donne lieu à des scènes véritablement cocasses malgré le sujet abordé. Car cette histoire parle avant tout du deuil. Comment peut-on survivre à l’assassinat de son enfant en sachant que le meurtrier est encore dehors et qu’on peut le croiser chaque jour ? Jusqu’où est-on capable d’aller dans sa volonté de justice ?
Le prologue et l’épilogue sont une merveille de finesse qui montre la maitrise de l’autrice qui nous amène tout doucement vers la révélation tant attendue tout réussissant encore à nous surprendre.
Voici un très bon premier roman servi par une plume délicate où chaque mot tombe juste et fait mouche.
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