"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Amoureux depuis les années lycée, Mathilde et Léo sont sans histoires, calmes et posés. Jusqu'au jour où tout bascule en quelques secondes. Emportée par une lame de fond, Mathilde disparaît au large sans que Léo ni quiconque ne puisse rien faire. Perdu en mer, ils ne retrouveront jamais son corps.
La vie de Léo s'effondre du jour au lendemain. Les semaines passent mais il ne parvient pas à relever la tête, noyé dans ses pensées noires et ses remords, ce qu'il juge comme une lâcheté : ne pas avoir réussi à sauter pour la sauver, ne pas être mort à sa place. Léo est perdu.
Implacablement, la vie continue et elle continue sans Léo. Les injonctions tombent, l'étau se resserre : le travail, son jeune fils, sa famille. Léo parviendra-t-il à faire la paix ? Peut-on continuer de vivre lorsque l'impensable mort nous frappe ? Et peut-on un jour à nouveau aimer ?
Dans ses histoires, Florent Rigout explore le domaine de l'hypothèse, cet infime halo de brouillard à la frontière entre science et science-fiction, entre savoir et philosophie. De là, il espère poser humblement quelques mots sur l'inexpliqué et amener de l'eau au moulin des rêves.
Quand la femme de Léo, Mathilde se fait emporter par une vague au bord de la corniche, c'est pour lui toute sa vie qui part en lambeaux. Et pourtant pour Lucas leur petit garçon, il n'a pas le droit de lâcher...
Ce roman évoque toutes les étapes du deuil, dans une progression lente, nécessaire et salvatrice. Ici, on ne se contente pas d'aller à la surface, mais on va au cœur des émotions.
C'est d'abord le choc, un cataclysme qui s'abat sur lui, couplé à un sentiment de colère et de culpabilité. Léo s'expose à un vide abyssal et une difficulté plus grande à réaliser en l'absence de corps. La réalité du quotidien devient insupportable, insurmontable à gérer. Léo s'égare, ne voyant plus que sa propre peine. On assiste à sa descente aux enfers, impuissant comme son entourage. Et puis, on se dit qu'il faut aller parfois très bas avant de pouvoir remonter...
Les saisons passent, les épreuves se succèdent accompagnées des sourires, de l'énergie du petit Lucas qui sublime, qui retient.
"Il s'agissait de vivre avec elle sans qu'elle la hante, de se rappeler les belles choses et oublier les drames. Il s'agissait de trouver le juste-milieu, la lumineuse mélancolie à sa pensée et non pas les larmes amères derrière l'image de son visage."
L'écriture est sensible, écorchée. On se laisse emporter, engloutir par ce récit puissant et éprouvant. On aime la globalité des personnages qui mènent un combat contre et pour eux-mêmes.
Il y a une mise à nu, une vulnérabilité qui s'expose au grand jour, des prises de conscience, des éclaircies qui appellent à s'en sortir. Un roman intime qui met en exergue la souffrance d'une perte et le travail de longue haleine de reconstruction à accomplir.
Un message d'espoir d'élan, "d'en-vie" qui agit comme un baume réconfortant, réparateur. Un petit bijou de justesse et de pudeur !
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