"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Will, un ancien trappeur, est dans le coma après avoir été agressé ; c'est Annie, sa nièce, de retour d'un long voyage, qui veille sur lui, qui lui parle.
Dans une communion silencieuse, ces deux êtres évoquent leurs douleurs les plus secrètes, celles de leur peuple, les Indiens Anishabe. De l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan, c'est le choc de deux mondes, de deux cultures, que décrit l'auteur. Ce roman saisissant, deuxième volet du triptyque inauguré par Le Chemin des âmes, a été couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.Un magnifique roman à deux voix, tout à la fois thriller et chant d'amour à un peuple maltraité par l'histoire et par l'homme blanc.
Alexis Liebaert, Marianne.Si vous aimez Jim Harrison. vous aimerez Joseph Boyden. Clémentine Goldszal, Elle.En trois livres, le romancier canadien s'est imposé, à côté de Louise Erdrich ou de David Treuer, comme une des voix les singulières de la littérature d'Amérique du Nord. Christophe Mercier, Le Figaro littéraire.
Will est un pilote de la forêt, le meilleur. Et quand l’eau gazeuse fait défaut, il boit son whisky avec de l’eau de la rivière. C’est ainsi que débute le récit du vieux pilote et trappeur indien qu’il adresse, du fond de son coma, à ses nièces Annie et Suzanne. Annie, qui vient au chevet de son oncle dans cet hôpital près de Moosonee, dans l’extrême nord du Canada, Annie, donc, parle à cet oncle plongé dans le coma et le récit tisse peu à peu l’histoire de cette famille Cree confrontée à la perte de ses traditions et ravagée par l’alcool et la drogue.
Le monologue intérieur du vieil homme est un retour aux sources. Obligé de s’enfuir, le vieux Will va s’envoler vers les terres de chasse et de pêche de ses ancêtres. Il renoue avec la dure vie des trappeurs, obligé de se battre pour survivre dans ces solitudes désolées peuplées d’animaux sauvages et féroces et aux hivers terribles. Il doit lutter aussi contre son appétence pour l’alcool. Au milieu de cette solitude au silence assourdissant, il doit faire face à ses fantômes, entendre la voix de sa femme morte dans l’incendie de leur maison avec leurs deux fils.
Le récit alterné d’Annie nous entraine dans des mondes radicalement opposés. Sur les traces de sa sœur disparue, Annie va vivre un temps une carrière de mannequin à Toronto, puis à Montréal, New-York, croisant des personnages inquiétants à la recherche aussi de sa sœur Suzanne. Elle se frotte à la guerre sans répit que se livrent les bikers, entre dans le monde psychédélique de la drogue et partage un temps les fêtes et les défonces des jet-setteurs de la mode et des boites branchées.
Quand, enfin, elle retourne dans son village du grand nord, ce sera en compagnie d’un indien errant qui la protège. Elle tentera de vivre à nouveau du produit de sa chasse.
Ces deux personnages symbolisent le tiraillement de leur peuple entre nomadisme et sédentarité, tradition et modernisme. Mais le retour aux sources est-il encore possible ?
Deux voix, deux générations, et leurs récits alternés entrainent le lecteur dans deux mondes diamétralement opposés. Et pourtant, leur solitude et leur quête est semblable. Chacun, de façon différente, va devoir survivre dans un monde impitoyable, celui de la drogue et de la violence pour Annie, de la férocité de la nature et le face à face avec ses fantômes pour Will.
La force de ce roman réside dans la solitude poignante de ses deux héros. Leurs récits, tout d’abord éloignés l’un de l’autre, vont peu à peu retracer leur histoire et les drames qui l’émaillent. Ce sont ces combats intérieurs, décrits dans un style sans fioritures, qui sont l’ossature du roman. Et les péripéties du drame, distillées avec une parcimonie et une lenteur terriblement efficaces, tiennent le lecteur en haleine.
Ce roman est une magnifique épopée dramatique, illustrée de descriptions grandioses comme les paysages. L’auteur excelle dans les descriptions de l’univers canadien. Le face à face du chasseur et de l’orignal, la chasse aux oies sauvages, les pièges à castors, tout cela est décrit de façon fort belle, la chasse n’étant qu’un moyen de subsistance pour l’homme qui fait son offrande de tabac à l’animal mort pour se faire pardonner. Ce sont là, à mon avis, les plus beaux passages du roman. Les scènes de la survie du vieil indien dans la solitude glacée des forêts du grand nord sont particulièrement réussies. J’ai aimé ces alternances, ces mélanges entre traditions indiennes et assimilation de la vie moderne.
Par contre, le manichéisme parfois trop appuyé de l’auteur m’a gênée ainsi que cette complaisance dans l’évocation de la vie décadente des jet-setteurs.
Un fabuleux voyage en pleine nature, un souffle d’air pur, le sentiment d’avoir passé des vacances au contact des éléments.
Ce roman est passionnant dans sa multitude de détails sur le mode de vie de ces Indiens, leurs coutumes, leurs traditions, leurs contradictions.
On envie leur beauté d’âme, leur richesse intérieure, leur capacité à continuer à suivre leur mode de vie tout en adoptant certaines habitudes de la modernité.
Une belle histoire de famille, aussi, avec ses joies et ses drames, ses colères et ses marques d’affection, ses secrets et ses révélations.
Une bien belle histoire, en somme.
Salué par Jim Harrison, Le Chemin des âmes, premier roman aussi ambitieux qu'obsédant, a révélé Joseph Boyden comme l'un des meilleurs écrivains canadiens.
Les Saisons de la solitude reprennent la trame de cette oeuvre puissante, entremêlant deux voix et deux destins : Will, un ancien pilote plongé dans le coma après une agression, et Annie, sa nièce, revenue d'un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.
Ce roman saisissant, porté par la poésie brute de Joseph Boyden et l'humanité de son regard, a été couronné à l'automne 2008 par le plus grand prix littéraire canadien,
le Giller Prize.
Très beau livre, très belle histoire. Sans apitoiements, on aborde une culture différente qui a été plus que maltraitée par l'arrivée de l'homme blanc. Les grands espaces, la nature hostile, et l'homme, tout aussi hostile envers son prochain. J'ai adoré même si j'ai mis du temps à le lire, peut être parce que je n'avais pas envie de le finir justement. Le suspens est très bien mené dans ce roman à deux voix, celle de l'oncle dans le coma, et de sa nièce qui se bat pour lui et sa soeur.
J’ai été un peu déçue par la lecture de ce roman. La quatrième de couverture me promettait « une œuvre puissante », une « magnifique fresque individuelle et familiale »…mais je n’ai pas ressenti d’enthousiasme à la lecture du livre.
Une nièce, Annie, rend visite régulièrement à son oncle, ancien pilote plongé dans le coma. Elle lui parle beaucoup, lui raconte des pans de sa vie parce qu’on lui a dit que ça pouvait aider son oncle à revenir à la conscience…Elle n’y croit pas vraiment mais elle se confie jour après jour. On découvre ainsi en parallèle le parcours de vie d’Annie et celui de son oncle, avec au centre la disparition mystérieuse de l’énigmatique Suzanne, sœur d’Annie.
Certes, les deux points de vue de la nièce et de l’oncle en alternance construisent peu à peu les deux facettes d’une histoire familiale originale et riche en rebondissements. A travers ces deux voix complémentaires, l’auteur oppose le Nord au Sud. La vie des Indiens dans une nature austère, voire hostile et leur difficile assimilation fait face à la vie superficielle et de débauche à Manhattan par les nièces. C’est intéressant, l’écriture est maîtrisée et aboutie mais le ton reste très descriptif. L’amertume, la nostalgie, la tristesse et la déprime affleurent tout au long du livre et ce ton désabusé m’a lassée.
Peut-être aurais-je eu un autre regard si j’avais lu « Le chemin des âmes » avant de découvrir ce deuxième roman. … Cette lecture me laisse perplexe car j’aurais voulu « aimer ce livre » dont j’attendais beaucoup mais je n’ai pas réussi à me prendre au jeu de cette histoire…
Morceaux choisis :
"quand on perd des choses, il faut essayer d'en gagner d'autres".
"Tout ce que je sais, c'est qu'il n'existe pas de héros dans ce monde. Pas vraiment. Rien que des femmes et hommes devenus vieux et fatigués qui n'ont plus la force de lutter pour ce qu'ils aiment".
"Parfois quand on est seul dans les bois, au coeur de l'hiver, et que l'aurore boréale apparaît, on l'entend. Un bruit de friture. Comme une radio réglée tout bas, qui gémit et soupire...Et j'ai tendu l'oreille pour écouter ce que la voix essayait de me dire".
"Régulièrement, j'envisageais de mentir à Lisette, de prétendre que j'étais trop fatigué pour écouter, mais l'âme quitte un petit peu plus le corps à chaque mensonge".
"Nous naissons tous innocents. Et si nous le voulons, nous pouvons conserver l'innocence de l'enfance".
"Nous acquérons de l'expérience à mesure que nous grandissons dans ce monde, et l'expérience est une arme à double tranchant. L'expérience est le plus exigeant de tous les professeurs, car elle donne le diplôme d'abord et les leçons ensuite".
Voilà quelques moments choisis que je voulais vous faire partager à mi-chemin de ce livre très attachant plein de beauté mais aussi de violence.
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