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Dans ce pays de l’ex-bloc de l’Est, quand vous êtes juge (ou autre détenteur d’une quelconque parcelle d’autorité publique), vous avez deux possibilités. Soit vous voulez vivre une vie tranquille et confortable, quitte à anesthésier votre conscience, et vous vous aplatissez devant le Pouvoir et l’Argent, détenus par vos supérieurs hiérarchiques ou par les mafieux russes (selon que l’on se situe temporellement avant ou après la Chute du Mur). Soit vous êtes pétri des idéaux de Justice et de Démocratie et d’un brin d’inconscience suicidaire, et vous vous cousez les poches, histoire que personne ne puisse y glisser le moindre centime d’argent sale. Mikhaïl Mikhaïlovitch appartient à cette seconde catégorie, spécimen exceptionnellement rare qui confirme la règle de la corruption endémique locale. Magistrat anti-corruption aux convictions inébranlables, il devient, au fil de sa carrière, le pire ennemi du système politique de son pays (qui n’est jamais identifié, pour des raisons de sécurité – cf ci-après), corrompu jusqu’à la moelle. Il fait l’objet de tentatives de déstabilisation de plus en plus fréquentes, très grossières pour la plupart (ce qui montre combien l’impunité des pourris est sans bornes), et que Mikhaïlovitch parvient à démonter sans trop de peine. Mais son jusqu’au boutisme provoque la surenchère de ses ennemis, et les attaques sont de plus en plus dures, violentes et cruelles, jusqu’à l’innommable. Au point que le seul moyen de les sauver, lui et sa famille, était de les exfiltrer vers la Belgique.
Car ce roman est en réalité une autobiographie romancée de Alain-Charles Faidherbe (nom d’emprunt, évidemment), devenu juriste de parquet en Belgique, ce qui lui a permis de rencontrer Michel Claise, juge d’instruction à Bruxelles, spécialisé en criminalité financière, avec qui il a mis son histoire en mots.
L’ouvrage ne brille pas par ses qualités littéraires, mais il se lit très vite et très bien. Il semble parfois très manichéen, mais l’essentiel est ici de faire prendre conscience de la corruption inouïe (et ses violentes conséquences économiques et sociales) qui règne dans un de ces pays à deux heures d’avion de la capitale de l’Europe et qui demande, candide ou hypocrite, à faire partie de l’Espace Schengen.
Ce livre a été publié en 2014, mais son message glaçant est toujours d’actualité. La justice, en Belgique et sans doute ailleurs dans l’Union, manque cruellement de moyens humains et financiers, et les crises en tous genres font planer sur nos fragiles démocraties les dangers du pouvoir de l’argent criminel.
#LisezVousLeBelge
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