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Les amours en neuf nuits de Thelja, une Algérienne venue de Paris retrouver à Strasbourg François, un amant de vingt ans son aîné, veuf et hanté par le passé.
Tout commence par un prélude où l'on assiste à l'évacuation de la population de Strasbourg, aussitôt après la déclaration de guerre de septembre 1939. Il s'agit en quelque sorte, par ce repli derrière la ligne Maginot et par la description de cette ville morte, de faire le vide. Le plus de vide possible. Afin que sonnent pleinement les événements auxquels le roman nous convie.
Cinquante ans plus tard, nous assistons, en effet, dans la même ville, désormais repeuplée, aux amours brèves mais fulgurantes de Thelja, une Algérienne venue de Paris pour retrouver un amant de vingt ans son aîné, François. Les neuf nuits que passent ensemble cette femme - qu'un mari et un enfant attendent en vain à Alger - et ce Français veuf, hanté par le passé, sont comme neuf motifs essentiels dans une tapisserie.
Car, pendant que leurs désirs se conjuguent, pendant que leurs émois tourbillonnent, pendant que leurs profonds plaisirs s'accomplissent - où viennent se mêler comme autant de menaces les sédiments que leurs histoires respectives ont déposés en eux - on voit, en toile de fond, évoluer des personnages qui ne sont pas moins émouvants que les principaux protagonistes. Eve, une petite juive née à Tébessa, enceinte des oeuvres d'un jeune Allemand, réinvente le Serment de Strasbourg pour que les fatalités anciennes ne reviennent pas briser leur couple par violence. Jacqueline anime un théâtre de banlieue où, avec de jeunes Alsaciens et de jeunes émigrés, elle monte une Antigone qui oblige les acteurs à réfléchir par le corps autant que par l'esprit à leur condition. D'autres encore circulent, telles des ombres qui hantent la scène avec leurs mémoires sensibles et vives.
L'irrésistible magie des Nuits de Strasbourg vient de la puissance romanesque qu'Assia Djebar met au service de ces amours irrémédiablement sous-tendues par le destin, et vient de la transgression que constitue un tel récit dans l'oeuvre d'un écrivain algérien. Dans les neuf nuits, les mots dévoilés comme les corps, et les corps comme les mots, exposent leur pathétique nudité aux regards impitoyables de l'Histoire.
Ce foudroyant cantique d'amour, ode au désir et aux saveurs de la vie, a été publié en 1997 par Actes Sud, dans la collection "Un endroit où aller".
J'aime de plus en plus la plume de Djebar. Cette fois ci dans un style différent de ce que j'ai lu d'elle.
Elle nous fait valser dans strasbourg au rythme des amours, des ébats sensuels, des confidences et des histoires de vie d'êtres torturés, souffrant chacun d'un déracinement, une quête d'identité, un amour perdu, un amour caché ou interdit.
Des histoires de vie liées par la grande histoire celle de la guerre d'Algérie, la déportation des strasbourgeois en 1939, la 2ème guerre mondiale.
Des personnages tout aussi attachants les uns que les autres.
Thelja cette femme déchirée, qui brûle, se consume.
Elle l'orpheline avant sa naissance, la ''theldja'' neige qui ne fait qu'embraser, telle une bougie infiniment soufflée et renflammée, se cherche au rythme de ses nuits folles, torrides. Trompée par le mari, abondant fils et foyer pour une thèse en france. Theldja se venge. Elle erre, elle la passagère dans une ville chargée historiquement. Elle s'embrase dans son exil, se laisse aller...
Affront envers un père disparu trop tot, un mariage raté, une société qui l'a blessé, humiliée.
Exorciser son corps... chercher amours auprès de François de 20 ans son aîné.
Corps enlacés... Nuits torrides... Amours... Chaleur corporelle ...Jouissance.... Extase jusqu'à l'envol...
Battement d'aile puis chute dans le vide ou plutôt vers des cieux cléments, vers la liberté.
Eve son amie d'enfance, la juive qui s'abandonne à l'ennemi, l'allemand Hans.
Un amour plus fort que les principes d'une vie, un désir triomphant, un plaisir ressussitant.
Des confidences de vie bercées aux rythmes et mélodies andaloux aux senteurs de thé à la menthe.
D'autres histoires celles d'Irma la déracinée, la sans attache.
De Karl le pied noir retournant en alsace après la guerre d'Algérie, lui qui ne garde de l'algérie que le souvenir de l'odeur de paille humide.
Jaqueline, Djamila, Touma et ses enfants...
Djebar nous charme de sa plume sensible, chavire nos coeurs, nos sens et nous fait balader à travers ces histoires dans la grande histoire de cette ville '' Strasbourg'' que j'aimerai visiter.
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