"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman va vous parler de révolution, d'exil, d'illusions, de sororité, d'amour. Son ambition est d'être une fresque de notre époque, une fresque de notre culture, un miroir des dilemmes et des paradoxes que chacun de nous doit s'employer à résoudre. Il est telle une interrogation sur ce que sont les moteurs et les motifs de nos vies.
Ils étaient six.
Six personnages que nous allons suivre sur 4 journées, une par saison, au cours des années 2015/2016.
Il y a Orna, pas vraiment journaliste, responsable des contenus d’un site d’informations, célibataire sans enfant, la quarantaine ; sa sœur Selène, professeur et chercheuse en sciences de l’environnement, qui laisse passer l’opportunité d’une vie pour rester avec son mari ; Modé, ce sénégalais bientôt retraité qui s’occupe d’une association pour réfugiés et immigrés ; Hope (Pénélope), une jeune fille militante qui ne veut plus travailler à l’entrepôt (Amazone) et qui souhaite changer le monde ; Pavel, psychologue, un peu perdu, qui n’arrive pas à communiquer avec sa fille de 18 ans ; et enfin Mehdi qui, par ennui, glisse doucement dans le fanatisme religieux.
Un quartier les relie tous : Belleville.
Tous ces personnages vont se croiser et donner au lecteur différents points de vue, qui sont, parfois, les clés des événements et de leurs interrogations. Comme une série télévisée, nous suivons l’évolution des personnages, leurs doutes et leur ascension au fil des saisons.
Chaque sous chapitre est consacré à la journée entière d’un personnage. Le roman est brillamment construit et réfléchi. On y avance à petits pas, la montée est lente, il faut prendre le temps d’apprécier le travail de Céline Curiol et de réfléchir aux questions qu’elle nous pose, qui sont multiples (politique, écologique, personnelle, psychologique).
Un grand Bravo à Céline Curiol pour ce travail titanesque. Il lui aura fallu 5 ans pour achever ce roman de 837 pages. Le lecteur peut être découragé par la densité des chapitres. J’avais envie de corner toutes les pages tant le propos est intéressant et intelligent. Je ne vais pas vous cacher que, comme dans une ascension, j’ai parfois perdu mon souffle et du relire plusieurs fois certains passages. Ce serait mon seul reproche à ce roman : son épaisseur, tant dans le nombre de mots que dans la réflexion. On en perd parfois le fil et la profondeur. Mais dans l’ensemble, pour ses qualités littéraires, je vous recommande ce roman. Attention, il pèse son poids et ne peut pas être emmené dans le métro ou sur la plage ! Il faut se le réserver pour des temps calmes !
Ce livre est d'une longueur conséquente: on peut être refroidi par sa longueur, mais les thématiques sont intéressantes. On y rencontre, au gré des quatre saisons d'une années, plusieurs personnages, en proie à des questionnements humains ou difficultés diverses.
La plume de Céline Curiol ne m'a pas toujours convaincue; le style est assez souvent le même, malgré la différence des personnages. Malgré cela, les sujets abordés sont pour moi bien choisis: les réfugiés, le travail qui se cache derrière les commandes en ligne, l'écologie, l'information en continu...
On aborde aussi la radicalisation, mais d'une manière qui aurait pu être plus poussée, de mon point de vue.
Céline Curiol : »Les lois de l’ascension ».
Amis lecteurs ne soyez pas effrayés par l’épaisseur de ce roman ! En effet la lecture des 837 pages est une aventure au long cours mais d’une telle profondeur et richesse !
Le roman se compose des quatre saisons des années 2015 et 2016 où évoluent six personnages du quartier de Belleville.Ces années vont bouleverser la vie de chacun et peu à peu leurs trajectoires personnelles vont se rencontrer au cours de quatre journées particulières de chaque saison.
On rencontre Orna, rédactrice d’un site web , qui trouve devant sa porte un corps inerte enveloppé dans une couverture ;elle ne lui porte pas secours mais avec regrets tentera de le retrouver . Selene, sa sœur , professeur en sciences de l’environnement, tente sa chance à Dubai, ville qu’elle déteste, pour un poste dans une prestigieuse université mais devra y renoncer par amour pour son compagnon. Mode, sénégalais travaillant pour une association de réfugiés et poète à ses heures voit sonner l’heure de la retraite et se retrouve désemparé. Pavel, psychanalyste divorcé et père de Léa, jeune fille de 18 ans, doute de son travail et de sa clientèle huppée mais exigeante sans trouver de sens à sa vie future. Mehdi, jeune désœuvré de la banlieue et révolté se tourne vers l’intégrisme religieux, au grand désarroi de sa mère. Hope, étudiante dans une Grande École arrête brutalement ses études par quête de sens en voulant goûter à la vraie vie dans un entrepôt de vente internet mais exploitée et licenciée, doit se réfugier chez sa mère, pleine de colère .
Quelques liens existent dès le début entre ces personnages mais de nouveaux vont apparaître durant le roman dans ce quartier si particulier de Paris où se côtoient des populations diverses : des bourgeois aisés aux migrants sous des tentes à quelques rues près.
Ces récits multiples vont s’imbriquer de manière fluide ou de multiples questions vont surgir ; suis-je en phase avec moi-même ? Que faire de ma vie ? Où est la solidarité dans nos vies ? Quel est la place du travail ? Quelles sont ces fameuses lois de l’ascension ?
A travers tous ces personnages , l’auteur nous offre un document foisonnant sur notre société post-attentat de 2015 : elle y parle de racisme, des réfugiés, de l’environnement, du terrorisme, de l’intégrisme religieux. On peut s’interroger sur notre responsabilité et sur nos engagements respectifs pour changer ce monde .
Les personnages sont décrits précisément, dans leurs caractères, leurs pensées, leurs actions, leurs corps avec beaucoup d’intensité donnant des portraits justes et vivants, à travers des phrases amples aux multiples digressions comme une flânerie dans Belleville.
Il faut prendre du temps pour ce roman mais quelle richesse littéraire et quelle intelligence !
A savourer en prenant son temps, en se questionnant sans cesse.
Merci aux Éditions Actes Sud pour cette lecture.
Il faut avoir une bonne dose de courage pour envisager de poser sur les tables des librairies un beau pavé de 835 pages, à l'heure où les individus peinent à se concentrer, zappent toute la journée. Au risque de décourager certains critiques littéraires, mais heureusement pas les vrais. Il faut avoir du courage mais aussi une sacrée ambition pour construire ce fantastique roman choral et y enfermer quelque chose de l'air du temps, comme dans une bouteille destinée à traverser les décennies pour peut-être témoigner un jour de ce que furent les années 2015 et 2016, dans la France d'après-les-attentats. Ce que nous livre Céline Curiol est certainement le résultat d'un travail phénoménal ; je m'y suis glissée avec curiosité et j'ai apprécié l'intelligence du propos, la densité de l'ensemble, la profondeur des personnages qui reflètent chacun avec son histoire, une bonne part des questionnements contemporains. C'est passionnant.
Ils sont six. Six personnages que nous allons suivre à tour de rôle au cours de 4 journées, une par saison, le temps d'une révolution de la terre autour du soleil. Orna est responsable des contenus pour le site web d'un media, Sélène est prof et chercheuse en sciences de l'environnement, Hope a vingt ans et plus beaucoup d'illusions, Modé est au seuil de la retraite, Pavel est psychologue et Mehdi traine son ennui dans sa cité. Entre eux, les liens existent déjà ou vont se tisser au fil du récit, de façon plus ou moins proche, plus ou moins dramatique, mais suffisamment pour que l'on sente qu'ils font bien partie de la même communauté : celle des humains. Un septième personnage traverse toutes les pages : le vingtième arrondissement de Paris, et surtout le quartier de Belleville. Ce n'est pas anodin, cet espace est un melting-pot, à la fois repaire de "bobos" et campement pour sans abris. Cette confrontation est autant élément de contexte que représentative des situations des protagonistes en proie à des questionnements existentiels. Comment être au monde de façon juste ? Comment s'assurer d'être en phase avec ses aspirations profondes lorsque la vie est passée avec toutes ses injonctions contradictoires ? Comment reprendre le contrôle sur sa vie ?
Les lois de l'ascension est un roman qui s'inscrit dans le temps long en creusant les états d'esprit, les pensées, les états d'âmes et les failles de chaque protagoniste avec une impressionnante justesse. En s'interrogeant sur ce qui relie les hommes sans occulter les obstacles à commencer par les propres contradictions d'un même individu. En proposant une sorte de synthèse documentée sur ce qui compose notre société et ce que cela implique pour chacun. La dimension politique est prégnante, les questions clés autour de l'environnement, du travail, de l'insécurité, de l'accueil des réfugiés constituent la toile de fond sur laquelle se débattent Orna et sa recherche d'équilibre, Sélène et sa quête d'authenticité, Hope et sa quête de sens, Modé et ses aspirations à la poésie, Pavel et son désir de réconciliation, Mehdi et sa colère. L'auteure règle parfois la focale sur les corps, la façon dont ils habitent ou conquièrent leur espace, se cherchent, s'effleurent, s'évitent. La violence sous-tend le récit, celle des rapports sociaux, des conditions de travail, celle du rejet de l'autre. Et l'ensemble est une photographie assez saisissante de ce que nous sommes, dans toutes nos ambivalences.
J'ai pris mon temps. Ce roman n'est pas de ceux qui se lisent dans le métro ou entre deux rendez-vous, il nécessite de l'attention. Mais l'immersion est fascinante et la récompense est immédiate. L'intelligence se cache à chaque coin de page, mon paquet de post-it y est passé. Il y a matière à écrire une thèse sur ce livre, ce qui n'est pas l'objet de ce billet. Non, l'idée est simplement de dire que ce roman est impressionnant et qu'il vaut tout le temps qu'on lui consacre.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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