"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Réalisé à partir d'entretiens que Michelle Porte a eus avec Marguerite Duras, à l'occasion de deux émissions de télévision en mai 1976, cet ouvrage présente Marguerite Duras " par elle-même ".
En concevant l'ouvrage comme un contrepoint de textes (ceux des romans de Duras mêlés aux textes des entretiens) et de photos, Michelle Porte est partie d'une démarche concrète : suggérer les différents lieux de Marguerite Duras, la maison de Neauphle, le parc, la forêt, Trouville, la mer, un pays de sable et d'eau, tels qu'ils apparaissent continuellement dans ses romans, son théâtre ou ses films, tels qu'elle les ressent comme " porteurs de l'histoire " et tels qu'elle les vit.
Il ne faut donc pas voir l'iconographie comme une illustration, mais comme un lien au texte. De la même façon qu'il faut lire les textes écrits avec les textes parlés, il faut lire les photos, souvent commentées par Marguerite Duras, comme un prolongement du texte. Ainsi à partir des photos de la maison de Marguerite Duras à Neauphle-le-Château et de l'entretien réalisé sur ce même lieu, Michelle Porte fait parler l'auteur de son film, Nathalie Granger, tourné lui aussi à Neauphle et Duras exprime toute l'idée d'enfermement qu'elle associe à la maison.
Dans l'entretien réalisé aux Roches Noires, à Trouville, où Marguerite Duras a écrit Le Ravissement de Lol V.Stein, on voit combien les lieux sont pour elle porteurs de mémoire et font revivre l'enfance en Indochine, les terres du Barrage contre la Pacifique. C'est là qu'elle a écrit et filmé La Femme du Gange. C'est là qu'elle continue d'écrire l'histoire de Lol V. Stein et celle d'Anne-Marie Stretter.
Dans ces entretiens, la parole n'est pas seulement un témoignage, elle se fait écriture et mise en oeuvre.
Ce petit livre avec des photos inédites pour certaines, connues pour la plupart, font l'objet de commentaires de Marguerite Duras (au travers d'un entretien tout relatif avec Michelle Porte). Il porte sur deux axes principaux : la source de la création de ses films et son enfance en Indochine (mais cela reste succinct au regard de l'ensemble).
Dans une première partie, c'est Neauphle qui est à l'honneur, dans la maison de Marguerite Duras avec une résonance sur la création de ses films qu'elle a tournés-là. C'est comme une résonance avec les femmes et la porosité du lieu. Elle relève aussi l'importance du parc et de la forêt, dans leur symbolique respective.
Une deuxième partie est consacrée aux photos de sa famille et de son enfance en Indochine, de la folie de sa mère, de ses liens avec ses frères, de la mer qui est partout, qui détruit tout. Et puis sa fascination, qu'elle décrit comme amoureuse, pour cette femme qu'est Anne-Marie Stretter, que l'on retrouve dans beaucoup de ses oeuvres.
La troisième partie revient aux films qu'a fait Marguerite Duras (India Song, La femme du Gange...). Elle explique, comme elle peut, son processus de création cinématographique en même temps qu'elle interroge son processus d'écriture (livre) : si le premier lui semble simple (retrouver une grammaire primaire et une parole succincte, directe), le deuxième lui reste encore bien mystérieux.
C'est intéressant pour mieux connaitre Duras en tant que réalisatrice, moins si on cherche son style et son écriture.
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