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Les Cahiers de la guerre constituent la part la plus exceptionnelle des archives déposées par Marguerite Duras à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (Imec) en 1995. Ecrits entre 1943 et 1949, ils ont longtemps été conservés dans les mythiques " armoires bleues " de sa maison de Neauphle-le-Château ; leur publication donne aujourd'hui accès à un document autobiographique unique, en même temps qu'à un témoignage précieux sur le travail littéraire de l'écrivain à ses débuts. Le contenu de ces quatre cahiers excède amplement le cadre de la guerre, malgré l'appellation inscrite par Marguerite Duras sur l'enveloppe qui les contenait. On y trouve en effet des récits autobiographiques où elle évoque les périodes les plus cruciales de sa vie, particulièrement sa jeunesse en Indochine ; des ébauches de romans en cours, comme Un barrage contre le Pacifique ou Le Marin de Gibraltar ; ou le récit à l'origine de La Douleur, publiée en 1985. Dix " autres textes " inédits, contemporains de la rédaction de ces cahiers, complètent cette image d'une oeuvre naissante où se dessine l'architecture primitive de l'imaginaire durassien. A mi-chemin de l'oeuvre assumée et du document d'archive, ces Cahiers de la guerre donnent à voir tout à la fois l'enfance d'une oeuvre et l'affirmation d'un écrivain.
Ce recueil de textes est surprenant par son style direct, simple, sans ironie, sans "morsure" ou abrasion, sans langue déstructurée. Duras y écrit comme spontanément, bien que cela ne soit pas vrai avec la plupart des textes, puisqu'elle revient dessus et les corrige. C'est comme si elle jetait tout sur le papier et qu'à partir de là, de ces ingrédients bruts, elle allait construire ses futures histoires.
Ainsi, la genèse d'Un barrage contre le Pacifique donne le nom de cet Amant : Léo, à la fois français et annamite (province de Chine). On comprend mieux sa charge anticolonialiste, la construction familiale dysfonctionnelle, etc.
Il y a aussi un texte (le seul qui existe) sur son père, sur la guerre, sur la genèse du Marin de Gibraltar qui s'inspire de vacances en Italie qu'elle a réellement vécues.
Ce sont des textes courts, variés, sans effets stylistiques. Connaître son oeuvre d'abord, puis lire ces Cahiers est comme s'entendre raconter encore une fois l'histoire mais sous un autre versant. Ainsi, il n'y a pas 3 versions de l'Amant (Un barrage contre le Pacifique, L'Amant, L'Amant de la Chine du Nord) mais 4 avec celui contenu dans ces Cahiers.
Et il me semble que le meilleur ordre soit celui-ci : lire son oeuvre et finir par ces Cahiers, comme recouvrir de douceur toutes ces histoires dures, violentes souvent, tristes ou ironiques.
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