"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La mauvaise réputation dont s'encombre Hegel doit beaucoup à lui-même.
Elle n'aurait pas ce lustre sinon. C'est que notre égo admet mal de n'être que ce qu'il fait. Encore moins de n'être que l'instrument dont se sert l'absolu pour jouir de soi. On pourrait s'en prendre à la rugosité toute luthérienne du séminariste de Tübingen, à son sens de l'Etat, à cette angoisse de tout systématiser, mais ce serait oublier que la grande affaire de Hegel, c'est de célébrer, en véritable dramaturge, l'Esprit, ce héros total en quête d'une réconciliation inédite du théorique et du pratique.
L'enjeu de la réconciliation ? La liberté. La liberté concrète par laquelle nous récapitulons en nous l'esprit absolu. Une liberté en acte. Ruse de la raison, conscience malheureuse, travail du négatif ou dialectique du maître et du serviteur sont quelques-unes des grandes figures qui animent ce drame du devenir que nous retrace par touches successives Olivia Bianchi et qu'Edouard Baribeaud nous interprète en images tout à la fois subtiles et ironiques.
Qu'il s'agisse des larmes de souffrance du négatif à l'oeuvre dans l'histoire ou des larmes de joie d'une réconciliation finale, les larmes de Hegel expriment aussi les émotions portées par l'amour, l'art ou la religion, là où le fini se laisse surprendre par l'infini.
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