Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l'époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d'épouser son cousin. Patience ! C'est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu'il est impensable d'aller contre la volonté d'Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?
Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
« Un roman bouleversant racontant le destin de deux femmes du nord du Cameroun, peules musulmanes, a` qui on n'assigne qu'une seule place : épouse soumise au mari désigné dès l'entrée dans la puberté. Amal sait pourtant que l'espoir, même infime, existe. Et cet espoir a un nom : éducation. » PARIS MATCH.
« Djai¨li Amadou Amal est une conteuse qui, tout en laissant se poser la voix de ses personnages, fait tout autant entendre la sienne, en murmure subtil. » LE POINT.
Regards croisés entre une lectrice et son adolescente qui ont lu le livre ensemble
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Du Prix Orange du Livre en Afrique au Prix Goncourt des Lycéens, l'incroyable parcours de la romancière camerounaise
« L'amour n'existe pas avant le mariage, Ramla. Il est temps que tu redescendes sur terre. On n'est pas chez les Blancs ici. Ni chez les Hindous.
Tu comprends pourquoi ton père ne voulait pas que vous regardiez toutes ces chaînes de télé ! Tu feras ce que ton père et tes oncles te diront.
D'ailleurs, as-tu le choix ? Epargne-toi des soucis inutiles, ma fille.
Epargne-moi aussi, car ne te leurre pas, la moindre de tes désobéissances retombera invariablement sur ma tête »
Quel roman bouleversant !
A travers ce roman chorale, l'autrice dénonce les conditions des femmes au Cameroun.
On va suivre trois femmes aux destins chamboulés, toutes les trois mariées de force.
L'écriture est simple, juste et incroyablement forte.
Ce livre est un combat - une aire de révolte dans ce monde polygame et violent des hommes.
Si vous ne l'avez pas encore lu, lisez le ! Soutenons cette autrice dans ce combat !
Livre très dur à lire sur les violences faites aux femmes.
Imaginons un monde où de jeunes adolescentes sont données en mariage par les figures masculines de leur famille à d'autres hommes, tout cela pour asseoir des positions dans la hiérarchie sociale ou dans des relations commerciales.
Imaginons également un monde où, au lieu de défendre ces jeunes adolescentes promises à un avenir incertain et injuste, les femmes de leur entourage encouragent cette situation qu'elles ont elles-mêmes subie. Tout cela, au nom d'une certaine normalité où la patience est érigée en règle salvatrice.
Et enfin, imaginons un monde où ces jeunes adolescentes, parfois éduquées et ayant d'autres aspirations, se révoltent face à ce carcan social et religieux. C'est ce monde réel que nous retranscrit l'autrice à travers ces Impatientes, celles qui en ont assez d'attendre que les choses s'améliorent dans le temps et qui veulent se libérer du joug dans lequel on les enferme.
On découvre ainsi deux jeunes adolescentes, Hindou et Safira, deux sœurs d'un même père polygame, mais de deux mères différentes. Elles célèbrent leurs noces le même jour et auront un destin diamétralement opposé.
Alors qu'Hindou se retrouve mariée à son cousin, un homme violent qui la maltraite et la menace, Safira va - de ce qu'on va comprendre, avoir une relation plutôt privilégiée avec son époux. Mais bien qu'elles aient une relation différente à leur mariage, on verra que les conséquences sur leur mental et leur psychologie les affecteront plus qu'elles ne l'auraient imaginé. On découvre un monde impitoyable, fait de jalousie entre femmes et d'absence d'entraide, où la patience est érigée comme une vertu et où celles qui oseront vouloir changer les choses se brûleront les ailes.
Une lecture marquante, difficile à expliquer avec des mots car tout est révoltant et très triste à la fois. C'est un roman qui ne laisse pas indemne et qui, selon moi, décrit une réalité bien trop édulcorée par rapport à ce que certaines jeunes femmes vivent encore aujourd'hui dans certaines régions du monde.
rois voix, celles de Ramla, Hindou, Safira pour dérouler la condition des femmes peules au nord du Cameroun.
Le récit largement inspiré de faits réels a pour nous une valeur documentaire, tel un reportage pour dire ce qu'est l'autorité des hommes qu'ils soient pères, oncles ou maris , pour relater les drames que sont le mariage forcé et le viol conjugal, pour nous montrer ce que la polygamie engendre comme sentiments destructeurs chez les coepouses.Pour échapper à sa destinée, l'on est prêt à toutes les noirceurs et le maraboutage est le recours commun dans une culture où le mot d'ordre donné aux femmes est : « La patience est une vertu » et « respect et considération à vos époux ». La répudiation est une menace constante.
Ramla fait des études , il est prévu qu'elle épouse Aminou étudiantà Tunis,dont elle est amoureuse . Mais son oncle s'oppose finalement à ce mariage . Il lui impose comme mari Alhadji Issa,l'homme le plus important de la ville.
Hindou se marie à son cousin Moubarak, un voyou qui la bat et la trompe. Quand elle fuit de la concession , sa famille ne la soutient pas.
Safira, première épouse de Alhadji Issa, ne supporte pas de partager son mari avec Ramla. Elle devient venimeuse…
« Patience, mes filles ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie ».
Telle est la litanie que l’on enfonce dans le crâne des jeunes filles sur le point d’être mariées (et pas « sur le point de se marier », nuance), puis des femmes mariées chaque fois que leur mari prend une nouvelle épouse.
Bienvenue dans les riches familles peules et musulmanes du nord du Cameroun, où les femmes, une fois mariées, sont cloîtrées chez elles, bonnes à faire le ménage et des enfants. Dans ce roman qui sent le vécu, trois destins (inéluctablement tragiques) de femmes s’entrecroisent : Ramla, 17 ans, mariée de force à un client de son père, plus âgé et surtout plus riche que le jeune homme qu’elle aimait et qu’elle aurait dû épouser sans cet « arrangement commercial » conclu par son père. Sa cousine Hindou, même âge, est également mariée à un cousin, violent et accro aux drogues et à l’alcool. Quant à Safira, la trentaine, elle doit « accueillir » la deuxième épouse de son mari, qui n’est autre que Ramla.
Chaque partie du roman donne la parole à l’une d’elles, une parole remplie tour à tour de colère, de désespoir, de tristesse, de découragement, de jalousie, de haine. Mais une parole assourdie, presque silencieuse puisque inexprimable, inaudible dans cette société clanique ultra-patriarcale où les femmes n’ont jamais voix au chapitre et sont privées de toute liberté personnelle. Une parole donc vaine et d’autant plus désespérée, que seuls les lecteurs entendront. Une parole lourde et pesante, tant ces femmes subissent des horreurs physiques et psychiques, de la part de leurs maris mais aussi de leur entourage, y compris leur propre mère : viol conjugal, coups, polygamie, violence verbale, dénigrement, chantage affectif, pressions, menaces de répudiation au moindre faux pas, lequel peut en outre se répercuter sur les autres membres vulnérables de la famille (mère âgée, sœurs plus jeunes,…).
La partie consacrée à Ramla décrit la période précédant son mariage et la mécanique perfide mise en œuvre pour la « convaincre » d’épouser l’homme choisi pour elle. Celle centrée sur Hindou raconte le calvaire enduré pendant son mariage, et celle concernant Safira montre les moyens que celle-ci utilise pour se débarrasser à tout prix de Ramla, la nouvelle épouse et rivale, plus jeune et plus belle.
Ce que subissent ces femmes et ces jeunes filles est tout bonnement épouvantable, horrible, à la limite du soutenable. Et au milieu de cet enfer sur Terre, le plus interpellant, le plus consternant, le plus incompréhensible, c’est de voir comment les femmes contribuent largement à perpétuer cette spirale morbide, d’observer comment elles se déchirent, hypocrites et égoïstes, et comment elles écrasent la moindre tentative de rébellion. J’imagine que cette absence de solidarité et de bienveillance est due à l’emprise exercée par la communauté, la tradition, les hommes.
« Les impatientes » (quelle ironie dans ce titre) est un roman qui se dévore (malgré le sujet), grâce à son écriture simple, fluide, percutante, impitoyable, qui met en colère, révolte et désespère.
Cameroun aujourd’hui.
Alors qu’elle se fait violer et frapper le soir de ses noces par son mari, Hindou a osé crier, hurler ! Quelle honte pour sa famille ! Tout le monde l’a entendu !
Hindou a 17 ans. Hindou a été mariée de force à son cousin, alcoolique, drogué, violent.
Ramla, sa cousine a le même âge qu’elle, 17 ans. Elle était une des rares filles de sa famille à aller à l’école, à aimer ça. Elle voulait faire des études et devenir pharmacienne. Mais Ramla a dû faire une croix sur tout ça car elle aussi, le même jour qu’Hindou, a été forcée de se marier avec un homme d’une cinquantaine d’années. Mais il est riche ! Quel honneur ! Par contre il a déjà une première femme. Elle devient sa coépouse et la vie entre les différentes femmes d’un même homme est aussi un combat. Jalousie, trahisons, coups bas…
Ramla va être confrontée à Safira, la 1ère épouse, qui ne va reculer devant rien pour se débarrasser d’elle.
Inspiré de sa propre vie, l’auteure, mariée elle aussi de force à 17 ans à un homme polygame et violent qui la répudiée, nous fait part de son expérience à travers les 3 femmes de son livre, Ramla, Hindou et Safira.
Elle nous explique le fonctionnement de ses familles camerounaises. La vie dans les concessions, les pères, les mères, les filles, les fils, les mariages forcés, la violence au sein des couples mariés, les rivalités entre coépouses, les droits des hommes sur leurs femmes, et la souffrance, une souffrance que toutes ces femmes doivent taire et garder en elles parce qu’elles, elles n’ont aucun droit.
Patience est le maître mot qu’on leur inculque depuis leur naissance. Patienter, toujours patienter, ça passera…
Avec ce qu’elles doivent endurer, j’ai trouvé fort triste que bien qu’elles soient embarquées dans le même bateau, toutes ses femmes soient aussi mauvaises les unes envers les autres en tant que coépouses, au lieu de s’apporter réconfort et amitié pour pouvoir arriver à surmonter la vie difficile qu’elles vivent. Au contraire, elles se rajoutent des difficultés, de la méchanceté, des souffrances.
Ce livre a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2020, ce qui signifie qu’un public jeune l’a lu et jugé digne d’être reconnu car il est important que les jeunes d’aujourd’hui, ceux qui ont la chance d’être nés au bon endroit, sachent que les droits des femmes sont encore bafoués dans de trop nombreux pays.
Un livre fort, un livre dur, un livre à lire.
Les Impatientes a obtenu le Prix Orange du livre en Afrique 2019 et le Prix Goncourt des lycéens 2020. Ce livre écouté en version audio, est d’une force bouleversante, révolté, révoltant et magnifique. Je salue le courage de son auteure, qui en s’inspirant de sa propre vie, livre un témoignage essentiel sur les violences faites aux femmes à travers le mariage forcé et la polygamie.
En puisant dans sa douloureuse expérience, l’auteure nous conte les destins enchevétrés de trois femmes, Ramla, Hindou et Safira, camerounaises et musulmanes qui, à des âges différents, vivent la même soumission auprès d’un mari qu’elles n’ont pas choisi. A tour de rôle, ces femmes prennent la parole et racontent leur chemin de croix, ce qu’elles ont subi au sein même de leur famille. Cela commence par le mariage, le même jour, de deux soeurs. Ramla, était jusqu’alors une studieuse lycéenne de 17 ans, se destinant à des études de pharmacie. Amoureuse d’un jeune homme de son âge, elle envisage l’avenir auprès de lui. Mais son père et ses oncles en décident autrement et la marient de force à Alhadji Issa, un homme d’affaire riche et puissant qui possède déjà une première épouse, Safira avec qui il a des enfants. La soeur de Ramla, Hindou, est quant à elle mariée à son cousin, Moubarak, un homme violent qui a déjà tenté de la violer par le passé et qui n’attend qu’une chose, faire d’elle une épouse soumise. Hindou aura beau supplier son père de la préserver de ce mariage, elle sera remise aux mains de son tortionnaire. Arrachées à une vie jusque là heureuse, les deux soeurs vont alors vivre leur existence maritale tel un cauchemar, au sein de la « concession » dominée par le mari qui a tout pouvoir. Reléguées au rang d’objet, l’une violée, l’autre accusée des pires maux, elles doivent tout faire pour séduire et contenter leur époux, au risque de se voir destituer de leur rang et remplacer par une autre. C’est ce qui est arrivé à Safira, la fidèle épouse depuis plus de vingt ans d’Alhadji, qui est bouleversée par la venue de Ramla, et qui ne peut se résoudre à partager son époux. Mais a t-elle le choix puisque depuis son adolescence, sa famile lui répète sans relâche qu’elle doit tout accepter de la part de son mari ? Et lui répète sans relache qu’elle doit être patiente! « Mounyal! », le maître mot de toute femme désireuse de préserver son foyer!
Confrontée à des scènes difficiles, horribles même, j’ai juré au cours de ma lecture un nombre incalculable de fois, en sachant que ce récit, sous couvert de fiction, offre l’image d’une réalité consternante. Sidérée et pourtant bien consciente que ce genre de situation au 21ème siècle est monnaie courante dans les pays sahéliens, j’ai écouté, révoltée, les mots de Djaïli Amadou Amal, portés avec conviction par Léonie Simaga, lectrice qui prête à la perfection sa voix aux différents personnages: désespérée et suppliante quand il s’agit de prendre le rôle d’Hindou, soumise pour Ramla, et révoltée pour Safira. Le style sans fioriture de l’auteur expose les sentiments de chacun des personnages, de manière acérée et abrupte, le lecteur ou l’auditeur se met aisément à la place des protagonistes et on ne peut qu’être accablé par ce que vivent ces « épouses », au sein de leur concession. Un coup de projecteur sur les violences faites aux femmes qui font écho encore et toujours à d’autres violences conjugales… A lire et à faire lire jusqu’à ce que les choses changent un jour. J’ai particulièrement apprécié la note d’espoir livrée par la touche finale de ce récit.
C'est un roman terrible sur la condition des femmes au sahel.
Il est question de polygamie, de violence, de viol conjugal et de complicité de tous.
Il faut être patiente parait-il ; baisser la tête et serrer les dents.
A travers l'histoire de 3 femmes, 2 jeunes filles mariées de force et une coépouse, Djaïli Amadou Amal dénonce sans compromission, sans trouver d'excuse, sans se cacher derrière les traditions.
C'est violent car, de fiction, cela n'en n'a que le nom.
L'écriture est fluide, simple et percutante.
Un roman courageux à l'image du parcours de son auteure.
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