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Peu loquace et concis, laconique même, Bonnard. Rétif aux généralités, à la théorie. Cultivé, mais se méfiant des grands mots. Réservé, pudique jusqu'au secret. Attentif aux autres, sensible, inquiet, mais poursuivant librement, obstinément, sa route, sans la moindre trace de complaisance narcissique, avec, au contraire, une modestie réelle et critique envers lui-même. D'où l'intérêt que présente cette édition des entretiens et articles de cet homme silencieux, discret autant que passionné.
Ils affinent son portrait, ils éclairent le sens d'une oeuvre qui, de par sa nature si profondément poétique, échappe à la prise. Complétant les observations de ses agendas, ils contribuent à la redécouverte d'un grand peintre du sentiment d'exister, à la fois célèbre et méconnu. Au sommaire, de brefs textes d'hommages à Renoir, Odilon Redon, Signac, des réponses à des enquêtes comme en faisaient les revues d'art de l'entre-deux-guerres (sur " la peinture française d'aujourd'hui " ou " les problèmes de la peinture ") ou encore des propos rapportés par des journalistes et visiteurs de ses ateliers.
Enfin, est réédité pour la première fois un ouvrage composé par Bonnard, durant la guerre, de textes et de dessins : Correspondances. Un recueil de souvenirs déterminants. Bonnard l'a conçu sous la forme originale de lettres manuscrites et illustrées ; Tériade, commanditaire de l'ouvrage, l'a publié en août 1944 aux éditions de sa revue Verve. Pourquoi ce titre ? Il s'explique d'abord, bien sûr, par cette forme épistolaire.
Mais il fait aussi allusion à l'intimité des échanges que Bonnard eut avec des proches qui crurent en sa vocation de peintre. Il met en lumière des étapes inaugurales de l'union entre l'art et la vie qui marquèrent son parcours. " Naissances " ou, mieux encore, " Jours de naissance ", ainsi aurait pu également s'intituler cet ensemble de souvenirs. Pourquoi des lettres plutôt qu'un récit à la première personne ? Par un geste d'affectueuse gratitude, d'amour envers ses proches, certes.
Mais aussi parce que la lettre, forme cursive, qui peut être lapidaire, sans s'alourdir d'analyse ou de commentaire, convient à Bonnard. A ces êtres chers et qui ne sont plus, il redonne voix grâce à des lettres manuscrites signées d'eux. Mais de toutes ces lettres, en réalité, il est l'auteur. Qu'elles ressemblent ou non à des lettres qu'il a reçues d'eux jadis importe peu en fin de compte. Fidèle à l'intense partage qu'il a vécu avec ces êtres, Bonnard va plus loin - au plus vrai.
Ces missives, il les invente sous la dictée du coeur et de la mémoire, complétant chacune d'un ou de plusieurs dessins qu'il trace au crayon et à l'encre. (A. L.)
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