"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il n'est pas un jour sans que les médias se fassent l'écho d'horreurs survenues dans le monde et les jettent en pâture aux regards des voyeurs. Les Eaux de Mortelune traduisent ces abominations en les caricaturant, mais le récit ne fait que romancer notre quotidien, lequel n'a pas changé d'un iota depuis le succès de la bande dessinée éponyme, parue en dix volumes à partir de 1985. Aujourd'hui, extrapolant largement sur le scénario originel, nous dépeignons plus crûment encore notre planète ruinée par la violence et la tyrannie, et nos héros pourraient paraître détestables s'ils ne nous ressemblaient pas tant. Le Prince et son monopole de l'eau potable, l'adolescente martyrisée dont l'indifférence affectée prépare la révolte, l'enfant dont le pouvoir réside dans son silence.., tous survivent parce qu'ils s'acharnent à demeurer impitoyables. il est probable que le lecteur sera choqué par le caractère iconoclaste et provocateur de certains passages ; nos mots ne font qu'exprimer une réalité difficilement supportable. Nous savons, à présent, qu'Orwell et Swift avaient raison. Il nous a paru nécessaire - notre but n'étant pas de blesser les sensibilités autrement qu'en donnant à réfléchir - de mettre en garde les esprits candides ou immatures : Mortelune est une farce cruelle. Celle que la sottise, l'intolérance, l'égoïsme et la dépravation sans plaisir nous jouent au quotidien. Il est donc fortement déconseillé à ceux qui prendraient ce récit à la légère d'en commencer la lecture.
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