Comme un tissu arachnéen tiré de pensées silencieuses ou d'esquisses musicales, les poèmes et proses de « Dentelles de la mémoire » prennent forme dans le monde de l'apparence sans révéler la véritable teneur de leur réalité. Approches aux frontières d'images, à la frange de vibrations, aux contours de signes où la parole devient étrangère pour retrouver d'autres héritages avant de consentir à tracer sur la page une reconnaissance à peine découverte. Prélude en rimes majeures pour sonoriser ce temps pris à l'ailleurs et cependant pleinement retenu en soi, par-delà le tracé équivoque. Effleurements, affleurements, jamais d'emprise, de possession ou de perdition. Le silence, le rire, le son, le temps étiré, fragmenté ou rompu se livrent dans un accord, un imprévu ou un accompagnement impromptu. Proximité et distance s'entrecroisent pour la réalité de paroles qui semblent se dérober à leur substance ou la retenir dans l'inapparent. Pour cette tentative de saisie d'une mémoire aux frontières de la réalité et de l'imaginaire, « il n'est de vérité, que dans ce qui reste, traversant les ans et autorisant à se souvenir de ce qui fut ». Par-delà le tissu arachnéen, une autre mémoire sans doute s'est fixée au creux de l'être en un réseau non dévoilé, mais suggérant à chacun de ne pas renier ces infimes parcelles constitutives de notre vie.
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