"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Yeon-lee et ses amies forment un groupe de quinquagénaires pour lesquelles la vie n'a pas toujours été une partie de plaisir. Mère de trois enfants, désormais célibataire, employée dans un société de nettoyage, Yeon-lee jongle comme elle peut avec les aléas du quotidien: un fils glandeur peu pressé de quitter le giron maternel, un patron adepte du mobbing et farouchement opposé à la création d'un syndicat, un amant instable, coureur de jupon et accro à la bouteille... Dans l'entourage de Yeon-lee, les choses ne sont pas beaucoup plus reluisantes, et toutes ses camarades se démènent dans des relations et des histoires « d'amour » aussi périlleuses qu'insécures : queutards pervers, chef libidineux, amants manipulateurs, bref, un florilège de personnages toxiques et désespérants. C'est en se basant sur les confessions de sa mère (à laquelle l'auteur a confié un beau carnet pour que celle-ci y décrive, sous la forme d'un journal intime, sa vie, ses amies et ses histoires d'amour) que Yeong-shin Ma a réalisé Les Daronnes, et ce qui aurait pu virer au témoignage sordide et pathétique est transformé ici en une comédie échevelée, certes un peu trash, mais dénuée de mépris pour ses personnages. Car ces daronnes sont incroyablement déterminées, et malgré leurs origines modestes, malgré les accidents de la vie qui jalonnent leur parcours, elles font face à l'adversité et se relèvent sans cesse, portées par une volonté de s'en sortir et de trouver leur propre version du bonheur. La vie et les rêves ne s'éteignent pas passés cinquante ans, c'est peut-être même là qu'ils commencent, semble nous dire Yeong-shin Ma à travers Les Daronnes, et une fois le livre refermé, on a toutes les raisons de le croire.
Yeong-shin Ma suite à sa prise de conscience sur la difficulté du quotidien de sa mère, lui a offert de beaux carnets pour la pousser à se confier sur sa vie dans sa sphère pro, amoureuse, amicale ou encore familiale.
Ce récit introspectif suit les pérégrinations, sur plusieurs années, de Lee So-Yeon ainsi que celles de son groupe d'amies. Un groupe de femmes d'une cinquantaine d'années tantôt dynamiques, tantôt fatalistes, souvent drôles et toujours vivantes.
Vivantes et conscientes que la vie n'a pas fini de les surprendre et de leur apprendre des choses, elles sont en quête de reconnaissance, de bien-être, de compagnies, elles sont fières et elles s'assument.
Il est, aussi, beaucoup question de relations toxiques. Les hommes qui jalonnent leurs vies, et principalement la vie de So-Yeon, sont pathétiques, réduits à leurs faiblesses et à leurs comportements abusifs, le portrait dressé de la gent masculine sud-coréenne est loin d'être de toute tendresse.
Les femmes de cet album sont soudées, s'entraident et s'epaulent mais elles ne sont pas en reste pour se critiquer et s'en prendre l'une contre l'autre.
La grande différence, les femmes s'assument et règlent leurs différents en y faisant face et jamais la tête baissée.
Leur pugnacité m'a beaucoup plu, j'ai eu un peu plus de mal avec leur persévérance à croire en des histoires d'amours perverses et destructrices.
Il en reste néanmoins, un témoignage sociologique immersif, fort et très instructif sur la société de Corée du Sud.
Cet ouvrage a reçu le Harvey Award du Meilleur livre étranger en 2021.
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