"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plus personne n'attend rien de bon, ni rien de grand, d'Edgar Hill. À 35 ans, il est un père et un mari absent, et un homme éteint. Mais le désastre, souvent, nous révèle à nous-même.
Ayant survécu à une catastrophe planétaire, mais séparé de sa femme et de ses enfants par plus de 800 kilomètres, Edgar n'a qu'une seule option pour les rejoindre. Courir. Courir jusqu'à l'épuisement. Dépasser ses limites. Se battre contre lui-même. Et contre les dangers qui, tout au long de sa traversée d'un Royaume-Uni dévasté, menaceront jusqu'à sa survie même. S'il n'arrive pas à temps, il perdra sa famille. Pour toujours.
Coup de coeur de Stephen King
C’est arrivé un dimanche matin, presque sans crier gare : une pluie d’astéroïde s’est abattue sur la Terre, essentiellement sur l’hémisphère nord. Ed, sa femme Beth et leurs deux jeunes enfants ont a peine eu le temps de se réfugier dans leur cave que toute la région d’Edinbourg a été dévastée, comme presque tout le Royaume Uni. Après deux semaines d’une promiscuité insupportable, ils se sont secouru in-extremis par quelques soldats rescapés. Réunis avec quelques autres survivants dans une caserne, ils s’organisent pour survivre en attendant… En attendant une hypothétique évacuation ? Un jour qu’il est avec quelques autres en mission de ravitaillement, la caserne est évacuée (alors qu’ils n’y croyaient plus) par hélicoptère vers Bristol, à 700km de là. Voilà Ed presque seul en terre hostile, loin de sa famille. Pour les rejoindre pas d’autres solution que de parcourir les 700 kms à pieds, ou plutôt en courant car le temps lui est compté. Mais la route sera longue, dangereuse, et l’issue incertaine. Les fictions de style « fin du monde », ce n’est pas nouveau, de « The Walking Dead » à « Je suis une légende », le genre a donné lieu à beaucoup de roman, de séries ou de films. Ici, il s’agit d’un tout premier roman, et pour un premier roman, c’est indéniablement très ambitieux. Adrian J Walker (le nom est approprié) propose un gros roman qui commence par une longue sirène d’alerte et se termine, plus de 600 pages plus loin, par une fin douce-amère. Entre les deux, c’est assez passionnant et assez addictif, je le reconnais. Voir cet homme ordinaire, très ordinaire même, se muer en coureur de l’impossible et traverser un Royaume-Unis dévasté et livré à l’anarchie de ceux qui ont survécus, c’est un périple qui sonne juste. D’abord parce que Ed nous ressemble, il n’est ni sportif, ni super intelligent, ni exemplaire en tant que mari ou père, il est en proie à toutes les émotions humaines : peur, lâcheté, découragement, égoïsme. C’est un homme ordinaire placé dans une situation plus qu’extraordinaire. Lorsqu’il commence à courir (au bout du tiers du roman environ, ce qui ne signifie pas que ce qui se passe avant soit sans intérêt, au contraire), il y a deux types de personnages secondaires : ceux qui courent avec lui, et ceux qu’il va croiser sur sa route. Si ses compagnons d’infortunes finissent par devenir attachants, malgré quelques personnalités borderline, ceux qu’ils croisent sont carrément flippants. Ses personnages là représentent l’autre pendant du survivalisme : parfois dans une situation extraordinaire, c’est le pire qui s’exprime, pas le meilleur. Là encore, dans le propos de Walker, rien d’original : on a parfois l’impression de se retrouver dans « the Walking Dead », les zombies en moins ! Mais son livre fonctionne car tout sonne juste et la course effrénée d’Ed nous happe, on se demande à chaque page ce qui va lui arriver, où il va tomber, qui il va croiser. La fin flirte avec une happy-end hollywoodiens mais Walker à l’intelligence de ne pas y céder, il l’effleure seulement et c’est tant mieux. Je recommande vivement ce roman à la croisée du thriller et de la science-fiction : il apporte sa petite pierre au genre apocalyptique, une jolie petite pierre britannique, bien ciselé et qui donne au final un très bon moment de lecture en dépit parfois de quelques petites longueurs.
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