Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
« Elle avait décidé d'aller à la fête. Ne savait pas où aller, en fait. Elle avait pleuré tout son saoul sur le bord du trottoir, pleuré et pleuré encore, puis les larmes s'étaient taries, séchées par le vent. Le ciel passait de bleu à noir, il était vingt heures trente (pile, comme un signe) sur la Casio vintage.
Elle avait quinze ans depuis quelques jours.
Elle avait mille ans depuis quelques minutes. » Clémence doit fêter la fin du collège avec ses amis. Le sort en décide autrement. Mauvaise rencontre. Quinze ans plus tard, la jeune femme, solitaire et sauvage, travaille à la Clinique, une usine qui fabrique des poupées grandeur nature pour les hommes esseulés. Portrait intime de l'adolescence, drame psychologique aux accents de roman policier, Les Corps inutiles déroule le fil d'une vie tourmentée par les démons du passé.
Une plume taillée dans le talent et une sensibilité à fleur de mots. Version femina.
Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
Les livres conseillés par nos lecteurs et bloggeurs - été 2017
"Coeur-naufrage" le dernier roman de Delphine Bertholon vient de paraitre chez J.C. Lattès
Un soir, Clémence, quinze ans va chez une amie et en chemin se fait agresser par un homme qui la menace d'un couteau.
Il ne réussit pas à la violer, mais le mal est fait.
Clémence n'en parle à personne, mais sa vie est désormais fichue.
Le récit se déroule entre les quinze ans de Clémence et ses trente ans, âge où elle est devenue maquilleuse de poupées gonflables.
Heureusement il y a ce policier rencontré un soir.
Heureusement il y a le fou du village.
Heureusement il y a cette rencontre inattendue avec Arthur.
Sans ces personnes, s'en serait elle sortie ?.
Les ravages d'une agression sur une adolescente, voilà ce que raconte magnifiquement ce livre.
Beaucoup de sensibilité, de finesse, d'intelligence pour mettre tout cela en mots.
Le style, le rythme, tout est maîtrisé.
C'est profond et émouvant.
D'un thème déjà maintes fois abordé, l'auteure a su faire preuve d'une grande originalité et réussit à nous captiver.
Le roman se dévore avidement
Quatrième roman de Delphine Bertholon, et je peux désormais affirmer que j'aime cette écrivaine.
Clémence est une ado de 15 ans à la crinière rousse et aux yeux vairons. Elle n'est en rien aguicheuse, ses parents surveillant ses tenues et pourtant ......
Un soir, elle va rejoindre des amis pour une soirée , mais tout à coup, dans une rue vide de tout être humain, elle est agressée par un jeune homme blond, un peu plus vieux qu'elle qui sous la menace d'un couteau l'entraine vers un terrain vague .........
L'homme la pousse contre le mur, lui pelote les seins, la gifle, l'insulte et finit par l'abandonner en pleine crise de larmes sur le trottoir.
Certes il ne l'a pas violée mais elle est salie et surtout elle est vide, ne sent plus rien, ne ressent plus rien et garde cette soirée gravée dans sa mémoire pour elle seule, elle ne se confie à personne et est de plus en mal.
Un seul désir, se venger des hommes. Elle prend , dans le dire à personne, des cours de défense et quand elle se sent prête décide de se venger.
Alors qu'elle est en train de maitriser son agresseur et surtout qu'elle a la victoire à sa portée,la bagarre est interrompue par un policier en civil à qui elle va faire confiance et tout lui raconter.
Commence alors pour Clémence de détachement ........ de descente aux enfers .....
Un roman sur l'adolescence, sur le drame psychologique, sur une vie tourmentée par les démons du passé.
Très bien écrit et d'une réelle intensité à laquelle on ne peut pas rester insensible.
J'ai lu presque en apnée ce joli roman, quasiment en asphyxie. Il y a beaucoup de choses qui ont fait écho en moi.
C'est donc l'histoire d'un traumatisme et de ce qui va s'ensuivre...
Le résumé du livre en dit beaucoup trop déjà.
L'auteur entre en profondeur dans la psychologie de son héroïne.
On découvre ce qui s'est passé à ses 15 ans et ce qui se passe à ses 30 ans.
Chacun réagit avec ses armes face à une agression...
Consciemment ou inconsciemment, il faut continuer à vivre.
Et face a une famille étouffante qui ne sait pas garder un secret...
Où le domaine de l'intime n'est pas respecté.
Clémence a décidé de se taire...
Et que faire de cette colère, de cette culpabilité ?
Ce récit est sur un fil, à la limite de la folie, Clémence est attachante dans sa quête de normalité... Mais plus rien n'est normal, elle a été bousillée...
Comment se reconstruire, si cela est possible ?
C'est le premier roman que je lis de l'auteur et ce ne sera pas le dernier, son écriture est jolie, élégante et va en profondeur des choses.
Même si cela m'a fait revivre certaines choses que ma mémoire a enterrées... je pensais avoir oublié.
Pour survivre, on oubli... ou pas...
Pour savoir si Clémence va s'en sortir... Il faut lire ce joli roman.
Delphine Bertholon, c'est d'abord une rencontre, sur les ondes, puis en chair et en os. La timidité en plus, émanant d'elle et de moi.
C'est toujours envoûtant de rencontrer les auteures et auteurs. Ils incarnent les mots qu'ils couchent sur le papier.
J'ai opté, non sans mal face à sa bibliographie attirante, pour Les Corps Inutiles.
Inutile étant comme une intrigue sur une couverture de livre. Puisqu'un livre est tout sauf, inutile. Et puis cette couverture, aux couleurs d'ambre, moi qui porte presque la même chevelure, c'en était trop.
A peine ouvert, j'ai plongé en apnée dans la hargne de cette jeune fille, Clémence, brutalisée par un homme inconnu.
J'ai respiré la fragilité, la décrépitude enfouies de la femme qu'elle est devenue.
Bertholon oscille entre l'adolescence et la vie de femme de son héroïne.
Héroïne, j'en suis devenue accro. Clémence m'a insufflé le désir de survie.
J'ai pris en pleine figure cette vague halée de déchirures de l'existence, impansables.
Bertholon est une mélomane des mots : ils sont bruts, doux, musicaux.
C'est direct, on prend des coups à chaque page.
L'ébranlement de Clémence, derrière le bloc de granit est à fleur de peau.
Elle est forte. Parce qu'elle veut que tout le monde le croit.
Elle assouplit la vie des hommes, par son métier.
Elle croit soigner la sienne, derrière des mensonges et l'immobilisme tortueux d'une rédemption, impossible à venir.
On la voit endosser à la perfection le rôle de la fille imparfaite, tel un splendide antonyme de sa petite soeur, derrière laquelle ça l'arrange de s'effacer.
J'ai corné des pages, quand les passages écorchaient Clémence.
Oscar, Virginia, Vénus, Laurent, Bernard, Franck, Katherine, Jérome, Virginie, Christine, Marco, Patrick .... et Delphine.
Chère Delphine Bertholon tu viens de rentrer dans mon panthéon à moi, celui des auteurs qui me collent le frisson, les dents serrées, les yeux humides, la gniak d'avancer, le plaisir de vivre. Jouissant encore plus et sans vergogne de ce plaisir égoïste : LIRE.
Puisque la poésie, c'est aussi raconter l'hiver et ses tornades.
Delphine, tu es une putain d'auteure.
Clémence est violemment agressée à 15 ans par un homme. Le traumatisme est immense et la perturbera dans sa vie très longtemps. C'est le récit de ce tsunami intérieur subit par Clémence que nous fait D. Bertholon. Ce récit est empreint d'une immense sensibilité et d'une grande violence. On ressent à chaque page l'émotion, la douleur, la colère et l'espoir de Clémence à vouloir se libérer de ce cauchemard. L'écriture est magnifique.
En se rendant à une fête chez une copine, Clémence, 15 ans, se fait agresser par un homme blond muni d'un couteau dans "une rue au nom d'oiseau". Elle parvient à s'échapper, se rend à la fête dans un état second et réussit à se confier à son petit copain Virgil. La seule parole de soutien qu’elle obtient de lui est : "Ce n'était pas si grave. Ce n'était même pas un viol"
Elle ne parvient pas à en parler à ses parents car en parler à sa famille la condamnerait à être vue éternellement comme une victime, à tout jamais salie. Dans sa famille les problèmes se gardent à l'intérieur... Une famille où aucune intimité n'est possible, tout étant raconté au reste de la famille, aux voisins...
Clémence se rend compte tout de suite après l'agression qu'elle perd progressivement toute sensation tactile, sa peau est complètement anesthésiée, une sorte de coma sensoriel
Pour Clémence il y aura un avant et un après ce traumatisme, elle se demande pourquoi cela lui est arrivé à elle, aurait-elle été choisie à cause de sa chevelure rousse et de ses yeux vairon?, a-t-elle inconsciemment provoqué l'agression?, elle culpabilise d'avoir choisi de se taire, craint que d'autres filles soient agressées par cet homme par sa faute, des idées de suicide l'envahissent... Elle culpabilise d'être autant détruite alors qu'elle n'a pas été violée.
Guidée par la haine, elle va suivre des cours de boxe et de self-défense en cachette et choisir de se transformer en appât et vivre une sexualité débridée, c'est comme une punition qu'elle s'inflige, elle qui ne ressent rien et se sent sale "ils ne me prendront rien : je me donnerai d'abord "
Le récit alterne les chapitres sur Clémence à 15-16 ans et ceux sur Clémence à 30 ans, devenue maquilleuse professionnelle dans une usine qui fabrique des poupées en silicone grandeur nature commandées par des hommes en mal de solitude, des poupées au corps aussi froid et insensible que le sien.
Ce livre à la magnifique couverture est très juste, douloureux et captivant. Delphine Bertholon analyse très bien les raisons pour lesquelles Clémence garde le silence et décrit magnifiquement bien sa souffrance. Ce livre sur la culpabilité, les vies cassées par des blessures d'enfance, et surtout sur le corps est bouleversant d'humanité.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/05/les-corps-inutiles-de-delphine-bertholon.html
Jamais 2 sans 3, c'est ce que dit le proverbe, non ? Et bien, je me mets en 4 (je suis en très grande forme !!!) pour le respecter à la lettre et me replonger, avec plaisir, dans l'univers de Delphine BERTHOLON.
Après "L'effet Larsen" et "Grâce", j'ai enfin mis la main sur "Les corps inutiles" en Bibliothèque !!!
Vous avez été très nombreux à publier sur la toile : Entre les lignes, Les carnets d'Eimelle, Bricabook, Ma collection de livres, Blablabla mia, Clara et les mots, Cultur'elle, L'insatiable Charlotte... et tous les avis sont élogieux. Epoustouflant !
Je ne vais pas dénoter avec ma chronique... Je vais même poursuivre cette chaîne en y ajoutant mon maillon !
Clémence est une jeune fille, elle a quinze ans, c'est la fin de l'année scolaire, il y a une fête organisée entre copains et copines. Après quelques menus arrangements avec la réalité pour convaincre les parents de donner leur accord pour cette sortie exceptionnelle, Clémence prend le chemin de la maison d'Amélie. Insouciante, elle profite de ce moment de liberté. MAIS bientôt résonne une voix :
"Ne bouge pas, ne crie pas. Ou je te crève." P. 14
Je ne vous en dis pas plus de ce qui va se passer dans les minutes qui vont suivre, dans les heures, les semaines, les mois, les années... parce que le corps garde la mémoire de tous les instants, et de ceux marqués par une telle violence à un point incommensurable !
Delphine BERTHOLON dédie ce roman au corps, à son hypersensibilité, à sa fragilité mais aussi à sa capacité d'affirmer sa force, sa puissance. Le corps est singulier et donne à voir une personnalité, on imagine très aisément cette jeune fille rousse aux yeux vairons. Mais le corps est aussi composé de mille et une pièces comme autant de pores de la peau. Aller au-delà de l'apparence pour en comprendre ses subtilités, analyser ses symptômes, là commence toute une histoire !
Ce roman de Delphine BERTHOLON aborde une nouvelle fois la dimension mère/fille. Je me souviens encore de "L'effet Larsen", j'avais été profondément émue par la complicité établie par Nola avec sa mère, sombrant dans la dépression. Dans « Les corps inutiles », c'est un tout autre angle qui est pris. Clémence fait de sa mère la responsable de tous ses maux :
Elle lui en voulait, à sa mère.
"C'était injuste, mais elle lui en voulait - d'habiter ce quartier où les hommes cherchaient à violer les jeunes filles, lui en voulait de l'avoir fabriquée ainsi, avec cette chevelure rousse et ce regard étrange qui excitait certains. Lui en voulait aussi de ne rien pouvoir dire, obligée de se taire pour garder un avenir, un peu de liberté, un ersatz d'existence. De l'aimer trop, sans la laisser grandir. De vouloir qu'elle soit quelque chose d'autre qu'elle-même, une sorte d'enfant idéale, obéissante, infaillible, fabriquée en tube et activée par télécommande." P. 68
Lorsqu'on est une mère, d'une fille de surcroît, on reçoit une claque magistrale avec ce roman. Alors que chaque mère est persuadée de donner le meilleur pour sa fille, ses preuves d'amour deviennent ici le poison de leur relation. Plus encore, la volonté de sécuriser l'itinéraire de son enfant devient son pire handicap pour se construire lui-même. Il est terrible de se voir reprocher ce qui pourrait paraître a priori comme une chance extraordinaire mais je comprends le propos et, poussé à l’extrême, je m’interroge sur les conséquences du contexte de violence actuel sur la jeune génération de demain. Ce roman est sorti un mois après les attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, il n’en porte donc pas encore la trace indélébile. Depuis, nous avons connu ceux du 13 novembre 2015. Comment, en tant que parent, ne pourrions-nous pas être imprégnés collectivement de ce contexte et le répercuter sur notre progéniture que nous voulons à tout prix protéger ? Mais à quel prix justement, individuel celui-là ? C’est ce que nous fait mesurer l’écrivaine avec talent, sans aucune concession, à l’image de la lame du couteau qui effleure le corps de Clémence.
Ce roman va encore plus loin dans les effets collatéraux. Mère et fille, et plus largement parents/enfant, sont privés du dialogue et se retrouvent dans l'incapacité de mettre des mots sur ce qui s'est passé, alors même que la gravité des faits justifierait à elle-seule d'en parler. Comment aborder la réalité de la vie dans un tel contexte ?
"Quoi qu'il en soit, nous étions tous bien protégés d'une chose : la vérité." P. 189
Qu'est-ce qu'un viol ? Qu'est-ce qu'un abus sexuel ? Qu'est-ce qu'une agression sexuelle ? Qu'est-ce que le harcèlement sexuel ? Depuis les actes collectifs, Place Tahrir au Caire en Egypte, à Cologne en Allemagne la nuit du Nouvel An, jusqu'aux actes individuels, personne n'est épargné, les filles comme les garçons, il suffit de s'intéresser à l'Eglise Catholique et aux actes de pédophilie qui ne cessent d'être dévoilés. Nul acte ne doit être négligé ni hiérarchisé, celui qui est le plus grave est celui, me semble-t-il, qui nous arrive, à charge pour l'environnement familial, les amis... d'aider la victime à soigner son âme, et son corps.
Et devant un tel tableau, comment réagir ? Et bien, Delphine BERTHOLON décide d'en rire (mais attention, avec cette écrivaine, le rire est jaune !). La revanche prise sur l'homme, sur les hommes, sur la société toute entière est ingénieuse. Je me suis laissée surprendre et c'est aussi le charme de la littérature, se laisser porter par une issue que l'on n'aurait pas soupçonnée...
Et même si Delphine BERTHOLON s'interroge sur l'humanité :
"(Est-on encore un être humain, dans de telles conditions ? C'est quoi d'abord, l'humanité ?)" P. 155
C'était déjà une question qu'elle se posait dans "Grâce"... elle lui fait encore un peu confiance en provoquant des rencontres inattendues mais ô combien précieuses sur le chemin de la résilience. J'ai été bouleversée par le personnage du policier et encore par ce jeune homme qui vit dans les arbres ! Vous voulez savoir pourquoi, et bien lisez "Les corps inutiles".
Ce roman est très dense. Chaque fois que j'y repense, j'y retrouve de petits détails qui sont autant de richesses.
Une nouvelle fois, je vais m'en souvenir très longtemps. C'est, je crois, la marque de fabrique des romans de Delphine BERTHOLON !
Ce livre m’a bouleversé, à tel point que j'ai du mal à mettre des mots dessus. Je ne peux pas l’écrire et pourtant je pense une multitude de choses de ce roman. Je n’arrive juste pas à tout mettre en ordre... Je sais juste que Clémence, que les mots de Delphine Bertholon m’ont touchés, vous ne pouvez imaginer à quel point …
L’histoire de Clémence, ses non-dits et les conséquences de son agression m’ont pris aux tripes … J'en ai eu le ventre noué, les larmes aux yeux et tout ce qui va avec ...
Ce roman m'a touché comme jamais ...
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