Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Les Bordes, c'est un lieu et c'est une famille. En l'occurrence, sa belle-famille qui ne l'aime pas. Elle, Brune, le bouclier. Mère responsable, tenant solidement sur ses deux jambes, un oeil toujours fixé sur le rétroviseur ou l'entrebâillement de la porte, qui guette, anticipe, tente de maîtriser les risques.
Ce week-end, comme chaque année en juin, elle prend la route avec ses deux enfants pour rejoindre Les Bordes et honorer un rituel familial.
Pour celle qui craint chaque seconde l'accident domestique, Les Bordes ressemblent à l'enfer. Trop de jeux extérieurs, trop de recoins, de folles libertés. Trop de silence et de méchancetés à peine contenues. Trop de souvenirs.
Aux Bordes, Brune saura-t-elle esquiver le pire ? Est-il possible pour une mère de protéger ses enfants ?
Derrière la mécanique du drame hasardeux et l'absence de bourreaux, Les Bordes dresse un portrait de la famille, de la parentalité et de la maternité sans fard, grâce à une héroïne aussi troublante qu'humaine.
À propos de l'autrice Aurélie Jeannin est conceptrice-rédactrice, consultante spécialisée en identité de marque. Elle est l'autrice d'un premier roman remarqué, Préférer l'hiver (HarperCollins, 2020 ; HarperCollins Poche, 2021). Elle vit avec son mari et ses enfants en forêt, quelque part en France.
Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
Après 'préférer l'hiver', nouvelle tentative pour Aurélie Jeannin. Cette fois, l'histoire est nettement plus limpide mais le style moins percutant. Les angoisses de cette mère handicapée par la non reconnaissance des visages de ses propres enfants prennent le pas sur toute vie possible. ça monte au cours du roman, ça se répète même un peu trop et on sait que cela finira mal.
Comme tous les ans en juin, les Bordes se réunissent à la ferme familiale du même nom, pour un pique-nique en bord de lac. Avec son mari et ses deux jeunes enfants, Brune, la narratrice, y retrouve son beau-frère et les siens, mais surtout ses beaux-parents qui la détestent. Le week-end est donc pour elle une épreuve, qu’elle redoute d’autant plus que, mère anxieuse et sur-protectrice, elle envisage la ferme et ce coin de campagne comme des lieux de tous les dangers, souvenirs obligent...
Si le monologue de Brune est l’occasion d’abattre, avec une bonne dose de vérité dérangeante, tous les clichés de la maternité heureuse, l’on ne tarde guère à trouver cette mère au bord de la rupture un rien exaspérante dans l’excès de ses alarmes, son obsession de la perfection et ses crises émotionnelles qui sapent d’ailleurs définitivement son autorité. C’est que, chez Brune, la maternité est le révélateur de failles profondes, l’explosif qui fait sauter les couches de protection dont elle était parvenue à s’envelopper dans un semblant d’équilibre. La charge d’âmes renvoie brutalement à la figure de la jeune femme son manque de confiance en elle et ses angoisses, laissant à nu une vulnérabilité dont le lecteur s’irrite avant d’en comprendre la raison, enracinée aux Bordes depuis le temps de l’enfance.
Décortiqués en profondeur dans leur psychologie, les personnages nous sont livrés dans leur vérité brute, révélant sans fard la violence sous-jacente qui peut empoisonner les relations familiales, au gré de drames et de blessures jamais cicatrisées, surinfectées par les non-dits où couvent chagrin, amertume et colère. Imparable parce qu’enfermée dans le huis clos de l’intimité, la méchanceté y atteint d’autant plus facilement des paroxysmes, que chacun se pense victime, cherche un coupable à sa souffrance, et qu’un enfant facilement culpabilisable fait un parfait bouc-émissaire. D’abord agacé par ce qui paraît à première vue de pusillanimité chez Brune, le lecteur sombre peu à peu avec elle dans l’ambiance délétère des Bordes, bientôt convaincu que le pire reste à venir. Et c’est désormais la même prescience du danger qu’il partage avec la jeune mère.
Aucun de ses personnages n’échappe à l’impitoyable scrutation d’Aurélie Jeannin. Tous éclairés sans concession dans leurs peurs, leurs frustrations et leurs manipulations affectives, ils dessinent un tableau accablant de noirceur, indéniablement convaincant, de la nature humaine dans ce qu’elle a de plus intime : la sphère familiale, lieu de tous les amours et de toutes les haines.
Brune est au volant de sa voiture.
Elle se rend au pique-nique annuel dans sa belle-famille, les Bordes.
A l'arrière, deux enfants qui se chamaillent,
Elle n'en peut plus de ces cris, et de plus elle appréhende de retrouver l'ambiance des Bordes.
Voilà comment commence cette histoire.
Les chapitres se découpent en heures, les heures d'angoisse de Brune.
Parce qu'elle a des problèmes Brune.
Sa belle-famille la hait.
Son métier de juge d'instruction la met face à des situations dramatiques et inéluctables.
Elle souffre de prosopagnosie, elle ne reconnaît pas les visages.
Ses enfants sont tout pour elle mais elle est carrément en plein burn out parental.
Elle a toujours peur pour eux, elle n'est pas loin de la Clémentine de « L'arrache-coeur» de Boris Vian.
Que toute cette angoisse est bien rendue, avec des phrases hachées, percutantes, étouffantes, et la ponctuation qui joue son rôle.
Cette angoisse qui tourne en boucle, empoisonnant son existence.
Ses remises en question sur son rôle de mère.
Aurélie Jeannin a l'art de créer des ambiances, elle l'a prouvé dans on précédent livre « Préférer l'hiver ».
Ici aussi un huis-clos pesant, mais entre Brune et Brune.
Dans sa tête tout se percute, se contredit, l'empoisonne.
La tension est soutenue de la première à la dernière page.
Le paradoxe d'aimer ses enfants au-delà de tout au point de de ne vivre que pour eux jour et nuit et de souhaiter être seule et libre.
De vouloir les rendre libres et de les protéger de tout danger
Quelle mère n'as connu ça?
Il est effrayant ce livre, comme les pensées qui envahissent Brune, comme la vie parfois.
Mais qu'il est beau et puissant.
j'ai lu d'une traite ce roman à l'écriture concise , simple et juste pour décrire la peur viscérale de perdre son enfant .
Imaginer le pire pour son enfant , tout fait pour le protéger , être aux aguets tout le temps jour et nuit ..
C'est ce que vit l'héroïne .
L'auteure sait nous emporter dans une ambiance tendue de non dits ...
Bravo !
Brune est juge d’instruction et mère de deux enfants, hilde 8ans et garnier 4ans. Elle adore ses enfants, mais elle est angoissée en permanence pour leur sécurité et son comportement avec eux est souvent déroutant. Son métier la conduisant à juger des affaires où figurent des enfants et sa prosopagnosie expliquent la tension extrême qui l’habite. Elle est mal dans sa peau et s’enferme dans ce qui ressemble à une psychose qui l’éloigne de son environnement, de sa famille, de son mari. Le week-end passé dans la ferme de ses beaux parents (les bordes) illustre ses difficultés et transforme des moments qui devraient être agréables en cauchemar. L’écriture, qui s’inspire peut-être de son univers mental dérangé est pénible à lire, et le lecteur est sauvé par un texte court qui ne prolonge pas trop le malaise.
Parce que parfois, les longs discours ne servent à rien, certains mots suffisent à exprimer toutes les sensations à la fin d’une lecture, un avis n’a pas besoin d’être long…
Lorsqu’une mère, une femme est au bord du précipice, il suffit de peu de choses pour qu’elle bascule et Aurélie Jeannin arrive à poser les mots justes, d’une manière tellement poétique que cela en est bouleversant.
C’est sombre et lumineux à la fois. C’est d’une mélancolie profonde qui vous enveloppe jusqu’à la fin.
Les Bordes sont à l’image de cette violence qu’ils renvoient, et trouver sa place n’est jamais simple.
La plume oscille entre poésie et cri de rage, et on y retrouve toute la puissance déjà bien présente dans Préférer l’hiver.
Un livre que l’on a du mal à lâcher, et cela, jusqu’à la toute fin, jusqu’à notre rupture, pour comprendre, enfin, que le malheur transcende les barrières et peut se transmettre.
Les Bordes, c’est un hameau au milieu de nulle part mais c’est aussi une famille particulière, aigrie, mauvaise, et individualiste. La belle-famille de Brune, plus précisément, et ils ne l’aiment guère, elle qui ne partage pas leur sang. Chaque année au mois de juin, elle amène ses deux enfants aux Bordes pour un pique-nique en famille. Mais ce lieu est synonyme de tous les dangers pour la mère qu’elle est. Et si ses enfants tombaient dans les champs ? S’ils se coupaient sur du métal rouillé dans la grange ? Brune peut-elle réellement les protéger du monde extérieur et de la méchanceté des Hommes ?
Ce second roman de l’Aurélie Jeannin est bien particulier. Au début de ma lecture, j’ai été intriguée par la psychologie du personnage de Brune, très travaillée et profonde. J’ai compris rapidement qu’elle serait à elle seule la trame narrative de l’histoire. Cette mère éreintée par le comportement de ses enfants en bas âge peut représenter chaque parent, à une différence peut-être : une angoisse très voire trop intense la caractérise. Torturée par les dossiers morbides de son emploi de juriste, ses souvenirs d’enfance (morbides aussi…) et son besoin de protéger ses enfants à outrance, Brune nous fait doucement tourner en rond.
Cette intrigue pourtant prometteuse de la mère qui doit joindre des deux bouts entre la réalité et ses propres traumas devient petit à petit un amas de passages à vide. Le texte comporte trop de longueurs et l’atmosphère lancinante donne encore plus de poids aux phrases. Si la psychologie et la prosopagnosie (impossibilité à reconnaître les visages) sont au cœur du roman, les pensées personnelles et les angoisses ne sont pas utilisées à bon escient. Là où ça aurait pu être subtil et parcimonieux, c’est lourd et incessant. Si le but était de transmettre ces émotions au lecteur, cela n’a pas fonctionné me concernant.
Bien sûr, cela accentue le dramatique et la tragédie qui plane au-dessus des personnages, mais cela aurait été également possible avec plus d’actions, et moins de tirades alambiquées. J’ai été lassée trop rapidement et la compassion pour cette mère de famille et son passé n’a pas été au rendez-vous.
Ce roman a pour sujet, la maternité, la parentalité.
C'est un thème prédominant dans le choix de mes lectures, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre.
La quatrième couverture promet bien des émotions à venir et c'est avec fébrilité et un vif intérêt que je me suis plongée dans cette histoire.
↜↝↜↝↜
Ça parle de quoi ?
Les Bordes, c'est un lieu-dit mais aussi le nom d'une famille.
Brune, mère de deux jeunes enfants, rejoint pour le temps d'un week-end, son mari chez sa belle-famille.
Chaque année, un pique-nique familial est organisé, c'est un rituel incontournable et très attendu pour la famille Bordes sauf pour Brune, angoissée par ce moment de retrouvaille.
Au fil des pages, l'atmosphère devient pesante, oppressante allant crescendo, le lecteur devine qu'un drame s'est déroulé à cet endroit.
Brune essaie tant bien que mal, à faire face, à contenir ses peurs, à maitriser la situation mais, ses émotions sont décuplées. Elle est terrifiée. Les Bordes, est le lieu de tous les dangers.
Cette mère a si peur d'un accident où elle pourrait perdre l'un de ses enfants.
L'évènement banal, incontrôlable ou inattendu qui ferait basculer sa vie dans l'horreur, l'impensable, l'insupportable.
Parce qu'elle a déjà vécu l'insoutenable, Brune sait que la vie peut lui prendre ce qu'elle a de plus cher.
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C'est le récit d'une mère luttant contre ses peurs les plus extrêmes.
Peut-on protéger ses enfants ?
"Elle ne voulait pas d'une vie sans lui. Sans eux. Elle n'en pouvait plus. C'était trop dur. Cette peur tout le temps. Cette angoisse. La panique de les perdre. Les enlèvements. Les cancers. Les harcèlements. Les accidents. Les putains d'accidents. Elle avait tellement peur. Ca l'envahissait. Elle ne pouvait pas les protéger. Elle savait que la vie fait."p.204
La question de la maternité et de la parentalité est plus que jamais mis en avant, et j'ai souvent eu cette impression de me reconnaître dans les propos du personnage principal.
C'est à la fois rassurant et à la fois effrayant.
La plume d'Aurélie Jeannin est d'une sensibilité, d'une poésie et d'une retenue fascinante et troublante.
Comme si le temps était suspendu, comme un entre-deux où Brune et le lecteur s'interrogent sur la puissance du lien mère-enfant.
L'auteure cerne formidablement la problématique de la figure de la mère, la pression d'être une bonne mère, son devoir de les élever, de les éduquer, de les protéger.
La peur d'être une mauvaise mère.
"Je suis sa mère. Je. Suis. Sa. Mère. Je sais m'occuper de lui. Je sais tout. Je sais ce que disent ses pleurs. Je sais reconnaitre les variations de sa respiration, quand il s'endort et quand il s'apprête à se réveiller. Je sais ce qu'il cherche quand il se colle à moi et quand il me repousse. Je ressens, dans mon ventre, ce dont il a besoin. Je ressens le creux quand il a faim. Je sens comme cela irradie sous ma poitrine lorsqu'il souffre. Ou quand je crains pour lui. Lorsqu'il escalade les rochers et que je ne vois rien d'autre que sa tête écrasée au sol. Sa tempe percée sur le bord de la baignoire. Ses dents fracassées contre le trottoir. Ce soulèvement en moi, lorsque la peau des genoux se déchire sur le sol et que la chute emporte son menton en avant. Quand un autre enfant saisit ses cheveux, pince ou mord son bras. Je sais retenir cet élan qui m'envahit, d'arracher cet enfant qui s'en prend au mien. De le lever dans mes brans et de le lancer loin, pour l'empêcher de blesser mon enfant à moi."p.213
Ce texte est un cri d'amour, un cri de rage, un cri de détresse.
L'amour viscéral pour ses enfants !
"Ils sont rentrés comme ça. Son petit collé à elle. Son petit qu'elle voulait faire entrer dans son ventre. Qu'elle voulait mettre à l'abri. Sa grande qui traînait la patte derrière. A qui elle en voulait de n'avoir rien craint avec elle. Mais qu'elle voulait aussi glisser sous son aile. Elle les voulait aussi glisser sous son aile. Elle les voulait tous les deux près d'elle, sous sa terre, sous sa peau, dans ses galeries intimes, protégés. Ses enfants qu'elle ne pouvait que porter, tenir, serrer. Rien ne suffisait. Rien qui ne faisait clairement le poids face à la barbarie des éléments, des gens et du monde. Face à la barbarie de la vie qui se repaissait de mort, dès qu'elle le pouvait."p.205
Une belle découverte.
Je vais m'empresser de lire son autre roman Préférer L'hiver.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2021/04/les-bordes.html
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