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Au plus fort de la crise des subprimes, Hélène, journaliste dans un quotidien économique, doit écrire l'autobiographie d'une banquière. Elle se souvient d'Anna B., interviewée autrefois, et dont l'ambition et la réussite incarnent l'argent fou et la féminité insolente. Anna accepte l'idée du livre, mais semble davantage préoccupée par sa vie conjugale que par la conjoncture et les dérives du système. Encore que. Et si, sur le grand marché des sentiments, le respect des règles financières permettait de limiter les pertes de l'investisseur ? Quand son mari la trahit, elle tente une expérience - le trading sentimental - sous les yeux ébahis d'Hélène.
Mais la spéculation n'est-elle pas plus aventureuse lorsqu'il s'agit du coeur ?
Le livre commence par un avertissement de l’éditeur qui me met en garde contre l’audace de sa construction. Bon OK. Je verrai !
La 4ème de couverture résume très bien le livre, je ne vais donc pas insister. Oui, plus que les subprimes, les arcanes de la Banque (avec un B), ce sont les méandres de sa vie amoureuse dont il va être question. Anna, femme froide (ou qui veut le paraître), femme d’affaires redoutable et avisée, s’est modelée sur le modèle paternel et a rejeté l’archétype maternel. Hélène Risser a tissé à Anna un costume masculin qui l’a rassurée, mais qui l’emprisonne de plus en plus à l’orée de sa quarantaine.
Le monde de la banque a cela de rassurant pour Anna, c’est qu’elle en connait les règles et qu’elle peut s’appuyer dessus. Sa vie privée est réglée comme sa vie professionnelle. Son mari s’occupe plus des enfants et de l’intendance qu’elle, mais c’est son choix à lui du début. Lorsqu’un petit caillou (la mutation de son mari dans le sud) arrive dans la vraie vie, l’incertitude fait vaciller la tour.
Sur une phrase partie trop vite de la bouche d’Hélène « Pourquoi ne pas prendre un amant ? Ça vous ferait du bien », Anna va transcrire une théorie dite « aléatoire » en vigueur dans le monde financier à ses futurs amants. Oui, elle veut gérer sa vie amoureuse comme elle gère ses affaire, cela a un côté rassurant, un côté « je maîtrise » qui évite de se poser des questions. « C'est ce qui devrait encore me convenir pour cette nouvelle expérience, dont l'objectif n'est pas, je l'ai dit et je le répète, de m'amouracher d'un autre, mais de tirer profit du fait de prendre un amant. »
Le retour du mari à la maison, donc concession à la finance, et, ou, peur du crash, ressemble, pour moi, aux concessions que font les Etats à cette même finance. Un échec ?
La construction du livre est originale, pas de chapitre mais des mails, extraits de cahiers intimes et autres retranscriptions. Chaque protagoniste à sa propre police d’écriture Hélène Risser nous prévient : mail d’Anna à Hélène, Hélène, journal carnet marron… Cette disposition fait que j’ai lu ce livre presque d’une traite, je dis presque car j’ai renâclé devant les explications sur la théorie de l’aléatoire ou les explications de Charles, n’y comprenant pas grand-chose !
J’ai aimé cette lecture, où Hélène Risser joue des ressemblances entre le milieu financier et la politique amoureuse d’Anna (toutes deux avec des connotations ultra masculines) et les dissemblances entre les deux femmes ; Anna, femme d’affaire, altière et froide et Hélène sentimentale n’ayant aucune confiance en elle. Anna se protégeant au maximum et Hélène véritable éponge. Mais…
Une lecture, agréable, une figure stylistique atypique, Hélène Risser a réussi à m’intéresser sur un sujet qui, de prime abord, ne devait pas m’intéresser.
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