Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Dans la « Cité noire » de Versières, territoire oublié par la République, un adolescent d'origine maghrébine est retrouvé mort en bordure d'une voie de RER. La veille, il avait été poursuivi par un jeune gardien de la paix. Tout semble indiquer que ce dernier n'y est pour rien, mais qu'importe : les jeux sont faits. La police, la famille, les grands frères, la mairie, les avocats, la presse, les « consciences » - tous s'en mêlent, chacun y cherche son compte mais personne ne semble se préoccuper de l'essentiel : qui est le véritable coupable ?
De l'Élysée au ministère de l'Intérieur, d'un commissariat à une piscine de luxe en passant par la rédaction d'un magazine d'information, L'Ère des suspects nous conduit au coeur d'une société du mensonge et du faux-semblant où les « victimes » servent de dépouilles médiatiques aux tartuffes qui nous gouvernent.
Entre thriller politique et comédie du pouvoir, Gilles Martin-Chauffier signe ici son Bûcher des vanités à la française : un roman ambitieux sur les impostures de notre temps.
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
J'ai été agréablement surprise par cette lecture. C'est un auteur que je ne connaissais pas, et j'ai beaucoup aimé son style d'écriture.
A chaque chapitre, on fait connaissance avec une personne différente, on l'aperçoit en lien avec untel ou unetelle, mais ces personnages sont tous liés d'une manière ou d'une autre face à une histoire de cité, un meurtre non élucidé, une politique dénoncée sur sa façon de procéder, et de classer les histoires comme ils le veulent.
Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de roman, mais j'ai jugé trop vite. La plume de l'auteur est belle, une histoire poignante où on se demande ce qu'il va se passer, qui on va rencontrer au chapitre suivant, et quel lien cette personne va avoir avec la suite de l'histoire...
Un roman à lire, un auteur à découvrir !
Mon avis à la page 100 : un roman qui donne un effet miroir à la réalité. Il y a comme une résonance avec l'affaire Benalla : "Un jour, ça finira mal parce qu'en plus, quand on ne cède pas à leurs caprices, ils prennent des gardes du corps privés et leur obtiennent des ports d'armes." Là, il y a mort d'homme. Driss est retrouvé mort. Ce jeune de la Cité noire de Versières avait filmé deux flics en voiture quelques heures auparavant, il s'était même fait courser par un policier. L'intrigue est posée, le suspens entretenu par la forme du roman choral. J'ai hâte de poursuivre sa lecture !
Une fois le livre refermé, voila ce que je peux en dire...
Nous sommes dans la Cité noire des Versières. Des policiers sont en maraude en voiture, l'agent Cosme Giquel et une jeune femme qui vient d'intégrer l'équipe, Danièle Bouyx. Ils s'arrêtent et fument une cigarette. Un jeune saute sur le capot de la voiture et les filme avec son téléphone. Les policiers quittent le site, ils retrouvent le jeune Driss Aslass à quelques pas d'ici. Une course poursuite est engagée. Le jeune sera retrouvé mort aux abords de la voie ferrée. Qui l'as tué ? Pourquoi ? Supprimer : Autant de questions auxquelles apporter une réponse. Dès lors, tous ceux qui étaient en relation avec le jeune homme deviennent suspects.
Le tout nouveau roman de Gilles MARTIN-CHAUFFIER aurait pu être un roman policier, mais il ne l'est pas. Non, ne vous attendez pas à accompagner les professionnels de police dans une enquête et à découvrir l'auteur de l'assassinat. L'auteur choisit plutôt de nous brosser un portrait satirique de notre société du XXIème siècle. Par la voie du roman choral, il nous offre un tableau composite en de multiples dimensions. On côtoie ainsi la mère endeuillée du jeune de cité, une femme algérienne, directrice d'une agence de voyages, Cosme Giquel, le policier... autant de protagonistes qui chaque fois nous proposent une vision singulière de la situation.
Ce roman est riche de tous ces regards et écrit dans une plume acérée. Nous sommes tous suspects. De quoi donc ? Et bien, du regard que l'on pose sur l'autre, stigmatisant, empreint de stéréotypes et autres amalgames en tous genres.
On est vite suspect en France : « [...] C’est exaspérant, on n’écoute pas ce que vous dites, on l’analyse d’où vous le dites. »
Aujourd'hui, à commencer par les codes vestimentaires, tous nos repères sont bafoués. Les jeunes de cité sont habillés en costume cravate pour conduire pour Uber, les femmes d'origine étrangère s'habillent à l'occidentale. L'auteur force le trait avec la mère du jeune assassiné, une femme cultivée qui parle parfaitement le français et occupe un poste à responsabilité dans une entreprise. L'auteur s'amuse à déconstruire le château de cartes : le roman nous renvoie en pleine figure tous nos travers, il est un brin déstabilisant et c'est finalement ce qui le rend intéressant.
Avis après lecture complète :
Cosme Giquel est un flic sans histoire, un viking blond qui se contente de faire ses rondes dans la « Cité noire » de Versières, sans chercher de noises aux petits dealers. Jusqu'au jour où un jeune Beur est retrouvé mort après l'une de ses rondes, déclenchant des réactions en chaîne jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. De Beauvau à Larmor-Baden, chacun joue de ses influences pour avancer ses pions sur l'échiquier, tandis que le mystère autour de la mort de Driss continue à s'épaissir..
J'ai ouvert ce livre en pensant qu'il ne me surprendrait pas plus que ça. Je l'ai refermé en me disant que décidément, l'auteur savait bien mener son lecteur en bateau : je n'avais rien vu venir, j'étais tellement occupée à essayer de démêler le vrai du faux, que je n'ai même pas essayé de résoudre le point le plus crucial de toute cette intrigue. Chaque chapitre étant raconté par un protagoniste différent, à travers son propre prisme et son point de vue restreint sur l'affaire, chaque chapitre contredit le précédent, dit l'inverse de ce qu’annonçait l'autre et nous pousse à faire la part des choses par nous-mêmes. Il n'y a pas de vérité unique dans ce roman, seulement des intérêts plus ou moins épars, des ambitions plus ou moins similaires, des magouilles plus ou moins légales. Qui a raison? Qui a tort? Impossible de le dire, chacun ment ou cache quelque chose, personne ne joue franc jeu - et c'est là toute la beauté de ce texte.
Ici, pas de quartier. Les mots sont crus, les discours violents, les opinions tranchées. Aucun personnage ne fait dans la demi-mesure, et chacun en son fort intérieur hait les autres autant qu'ils le haïssent eux-mêmes. Le respect est une notion floue, qui se gagne plus qu'elle ne se mérite et qui s'envole dès que celui qui l'avait gagné perd de son intérêt premier. Les stéréotypes ont la vie dure : aucun personnage n'est ce qu'il est supposé être dans l'imaginaire collectif, par ailleurs largement disséqué dans chacun des chapitres. La femme Algérienne voilée est une riche patronne de PME qui cache bien son jeu, le commissaire chargé de la plus difficile banlieue un petit minet frileux, le dealer le plus respecté un homosexuel dur à cuire. Dans cette France démystifiée où le racisme et les préjugés sont rois, seuls les riches bourgeois sont égaux à eux-mêmes, tous les autres cachant une réalité bien plus complexe que celle répandue dans l'opinion publique.
S'il ne faut pas lire seulement des livres comme celui-ci, sous peine d'être franchement dégoutté de notre société, il est bon de s'y plonger parfois, pour prendre une distance critique sur notre entourage, admirer l'habilité de l'auteur quand il tourne en dérision absolument tout le monde, et se faire happer par le suspense d'une telle affaire.
Avis à la page 100 (#Explolecteurs) :
Pas le temps de lésiner, après un rapide prologue, c'est parti pour la plongée dans une affaire hautement politique. Un jeune beur retrouvé mort après avoir été coursé par un policier dans la Cité Noire de Versières et tous les grands pontes de la République s'en mêlent, de la directrice de cabinet à l'Intérieur au président lui-même. C'est cru, violent et sans pitié, avec un rythme rapide et des interventions de chaque protagoniste : c'est un roman noir fascinant qui se dévore rapidement.
Ce roman dépeint avec beaucoup de cynisme une France donneuse de leçons et pleine de préjugés. La mort d'un adolescent d'origine maghrébine près d'une cité en banlieue parisienne sert de point de départ à ce livre. Plutôt que de chercher son meurtrier activement, chaque protagoniste tente de tirer son épingle du jeu : le commissaire de la ville, le « grand frère », la place Beauvau, les avocats, les journaux... tout le monde profite de cette affaire pour se faire un nom ou de la publicité.
Ce qui m'a plu ici, c'est que chaque chapitre dévoile la voix d'un des personnages, et ce faisant les préjugés que chacun a envers les autres : les parisiens et les banlieusards, les « CSP+++ » et les gens des cités, les policiers et les gamins des cités, les journalistes et les stars bien-pensantes en public (mais en public seulement).
On pourrait croire qu'on ne sort pas des clichés, mais en fait l'auteur s'en joue puisqu'il donne la parole à tout le monde.
Je n'ai pas pu m'empêcher, en lisant ce livre et les références à l'actualité qui le ponctuent, de songer à des affaires un peu semblables dont les journaux ont un peu parlé pour ensuite tomber dans l'oubli.
C'est donc un roman intelligent qui dépeint une France contrastée avec beaucoup de réalisme et de cynisme.
J'ai beaucoup aimé, bien que ce genre de livres ne soit pas mon type de lecture préféré.
Page 100:
Les policiers mêlant politique et religion ne sont pas mon truc habituellement. Mais ici, je reste agrippée à mon livre car ce roman se joue des clichés tout en leur faisant la part belle. Chaque chapitre correspond au point de vue de l'un des protagonistes, ce qui rend l'exercice de lecture très intéressant. J'ai hâte de voir où tout cela va nous mener.
Voila un roman que j’ai dévoré avec appétit !! connaissant déjà l’auteur notamment « les corrompus « que j’avais à l’époque bien apprécié où apparait lr vrai visage de la France : une société de castes en apparence exquise, en réalité cruelle.
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Et la formidable description d’un quartier est bien retranscrit « territoire oublié de la république « . On a lu et relu dans la presse des sujets du même acabit, souvenons-nous de des deux jeunes d un qurtier de banlieue morts dans un compteur EDF !!,dans ce roman ;il nous livre un scénario de la même trempe :un jeune d origine magrebienne , est découvert mort en bordure de la voirie du réseau RER
G martin-chauffier nous dépeint dans l ère des suspects avec maestria les personnages du roman, l’assistante sociale, les élus, les policiers, etc.
Le rythme est soutenu englobant en plus les avènements dramatiques lors des attentats à Nice où un homme au volant d’un camion fou a tué plusieurs dizaines d innocent un soir de 14 juillet sur la promenade des anglais et aussi lors du meurtre d’un prêtre à l’intérieur de l’église de saint Etienne du Rouvray
La lecture du roman est d’actualité toujours brûlante dans une France parfois surchauffée
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