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Aimoré, faussaire de tableaux, se bat avec l'art.. Il s'accroche à l'écriture sur son ordinateur. Il essaie de retrouver l'axe de sa vie sur une bande enregistrée, son histoire. Le roman se passe à Rio de Janeiro à l'époque actuelle, avec des incursions dans les paysages magiques de la Baie de Babitonga, dans le sud du Brésil. Le lecteur passe de la condition de visiteur d'expositions de peinture, bercé par des accords musicaux, à celle de complice d'un narrateur en quête hallucinée du portrait réel de sa vie. Le désespoir de se trouver pris dans un processus de folie constitue aussi pour Aimoré l'angoisse d'essayer de comprendre l'ambiguïté d'aimer et d'être aimé. C'est dans le quotidien de la ville de Rio, dans les mouvements de l'histoire du Brésil et de la peinture contemporaine qu'Aimoré, entre webcams, réseaux sociaux et meurtres, devra rencontrer Ana Perena, sa muse de la baie de Babitonga
Je remercie les éditions Envolume pour l’envoi du roman » L’Enfant caché « de Godofredo de Oliveira Neto en mars dernier.
Professeur à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro, Godofredo de Oliveira Neto est diplômé en lettres et Hautes Etudes Internationales à la Sorbonne. Il est l’auteur de nombreux romans traduits dans plusieurs langues, dont Amores Exilados. Pour » L’Enfant caché » l’auteur a reçu un des plus grands prix littéraires au Brésil : le Prix Jabuti ( l’équivalent du Prix Goncourt ).
Préfacé par François Sirot des mêmes éditions Envolume, il est une nécessaire mise en condition à la lecture de ce roman choral dont la présence de nombreuses synesthésies envahissent la lecture. Tout est dit dans cette simple phrase :
p. 7 : « L’Enfant caché est une métaphore du Brésil contemporain. »
Le narrateur, personnage principal de ce roman, est un certain Aimoré Seixas. Peintre et faussaire, il a le don de pouvoir réaliser des copies des œuvres des plus grands maîtres brésiliens.
p. 60 : » Au commencement, je suis allé habiter chez mon oncle à Lajes. Un frère aîné de ma grand-mère – ma mère était brésilienne. C’était un riche propriétaire terrien, déjà bien âgé. Chez lui, sur les murs, il y avait une quantité de tableaux de peintres brésiliens parmi les plus importants. J’ai commencé à les reproduire ; j’adore peindre. Je revois, comme si c’était hier, les moments où je restais assis devant les tableaux ; j’y passais des heures, je retenais précisément chaque détail, chaque trait, chaque nuance. «
Aimoré s’estime légitime de ses reproductions dans un Brésil où les libertés individuelles sont reines.
p. 75 : » Je peins ce qui me plaît, je reproduis ce qui me plaît, je reproduis tout, y compris la signature, si elle se trouve sur le tableau.
Mais n’est-ce pas immoral, antithétique ?
Ça peut l’être, éventuellement, dans votre esprit obtus de professeur universitaire. Mais la vérité est que, s’il est déjà mort, le peintre que j’imite ne peut être que fier de ça ; j’espère que ses descendants viendront me féliciter. «
Dans une folie violente, Aimoré se confesse avec confusion, tantôt à ce professeur dans l’établissement où il est interné, tantôt à un enquêteur. Les interrogatoires sont dirigés vers un seul et unique but : retrouver l’œuvre de Potinari : l’Enfant caché.
p. 103 : » Ce qui nous intéresse vraiment, monsieur Aimoré Seixas, c’est le tableau, le tableau ; essayer donc de reconstituer mentalement votre trajet, bordel ; il ne s’agit pas de littérature, merde, ce que nous voulons, c’est du concret, pas des histoires. «
Prisonnier de ses délires et de ses hallucinations, Aimoré avoue sans remords la violence de ses assassinats et de ses relations aux femmes.
p. 79 : » Vous vous sentez comme un assassin, Aimoré ?
Assassin de tableaux ou d’écrivains ?
Non, un assassin de personnes, tout simplement. «
Chaque piste explorée est une nouvelle occasion pour le narrateur de mener ses auditeurs et son lecteur dans les méandres de son imagination.
p. 107 : » Vous n’arrêtez pas de me changer d’endroit: vous me trimbalez à Rio, puis de Rio à Florianopolis, de Florianopolis à Lajes, comme une marionnette kidnappée ; alors, forcément, mes références s’effacent, le passé et le présent se confondent, les lieux se brouillent dans ma tête. «
J’insiste sur le fait que la préface de François Sirot a été capitale quant à ma compréhension de ce roman, en posant les bases. Cet auteur m’était alors inconnu jusqu’à la lecture de ce livre.Cette préface m’a donc préparée/conditionnée à cette lecture qui aurait été confuse en son absence. Comme l’explique son éditeur, » L’Enfant caché « est avant tout un contexte, celui d’un Brésil magique mais prisonnier de ses démons. Si j’ai rencontré des difficultés pour rentrer dans l’histoire très confuse d’Aimoré, mon intérêt à été croissant au fur et à mesure de la lecture, sans toutefois être un coup de cœur.
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