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Comment se fait-il qu'ait été si peu étudiée la quantité impressionnante de lettres laissées par les abbesses de Port-Royal, Angélique et Agnès Arnauld, Angélique de Saint-Jean Arnauld d'Andilly, leur nièce ? Des lettres, mais aussi des récits, à l'élaboration desquels les soeurs de la communauté participent, dont Jacqueline Pascal, soeur de Blaise. Que peuvent bien écrire des religieuses soumises à la règle du silence et de l'oubli de soi ? De fait, la spiritualité et la vie de l'âme ne constituent pas les seuls sujets abordés par ces « mortes au monde ». La famille, les amis, l'actualité souvent brûlante du monastère persécuté tiennent une place importante et récurrente. Le « moi », banni de ce couvent augustinien, interdit d'expression, sauf à des fins morales ou spirituelles, se fait entendre, sollicité par la situation d'énonciation, les sentiments des épistolières ou la lettre, donnant lieu à des sentiments mêlés, entre soulagement et culpabilité. C'est ce rapport des religieuses à elles-mêmes et à l'écriture qui sera ici analysé, en priorité à partir de leurs lettres, dans le dessein de donner accès à un Port-Royal familier, jusque-là oublié, et de faire découvrir la personne derrière l'abbesse, des caractères que les portraits de Philippe de Champaigne ne laissent pas présager.
Agnès Cousson est Maître de conférences en littérature française à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest), et membre du Centre d'Étude des Correspondances et des Journaux Intimes (EA 7289).
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