"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Premier polar croate en France Prix Mystère de la critique étranger 2022 Prix Le Point du polar européen 2021 Grand Prix de Littérature Policière catégorie étranger 2021 Prix Transfuge du meilleur polar étranger 2021 L'Eau rouge déploie dans une grande fresque les bouleversements de la société croate : chute du communisme, guerre civile, effondrement de l'économie et de l'industrie, investissements étrangers et corruption... Ou comment les traumatismes de l'Histoire forgent les destins individuels.
Dans un bourg de la côte dalmate, en Croatie, Silva, une jeune fille de 17 ans, disparaît à l'occasion de la fête des pêcheurs. Nous sommes un samedi de septembre 1989, dans la Yougoslavie agonisante. L'enquête policière menée par l'inspecteur Gorki Šain fait émerger un portrait de Silva plus complexe que ne le croyait sa famille : celui d'une lycéenne scolarisée à Split, la capitale dalmate, touchant à la drogue et revendant de l'héroïne pour le compte d'un dealer nommé Cvitko. Et puis il y a ce témoin de dernière minute, qui prétend avoir vu Silva, le lendemain matin de sa disparition, prenant un billet de car pour l'étranger... Mais l'Histoire est en marche, le régime de Tito s'effondre, et le nouveau pouvoir lance une chasse aux sorcières qui n'épargne pas les forces de l'ordre : l'inspecteur Gorki Šain est poussé à la démission et l'affaire, classée. Seule la famille de Silva poursuit obstinément les recherches...
À travers ce drame intime, L'Eau rouge déploie dans une grande fresque les bouleversements de la société croate : chute du communisme, guerre de 1991 à 1995, effondrement de l'économie et de l'industrie, statut des vétérans de guerre, explosion de l'industrie touristique et spéculation foncière, investissements étrangers et corruption... Ou comment les traumatismes de l'Histoire forgent les destins individuels.
Le roman L'Eau rouge s'est vu décerner en 2018 le prix Ksaver Šandor Gjalski du meilleur roman croate, et en 2019 le prix Fric de la meilleure fiction.
Un remarquable roman intimiste, une belle construction qui ne nous laisse pas indifférent. Un roman singulier mêlant polar, historique, témoignage et drame social. L'auteur décortique les états d'âmes, ce dernier alterne les points de vue. Une intrigue prenante, des paysages dépaysant, une écriture efficace sans fioriture ni ambiguïté.
" Les eaux rouges grossissent et grossissent. Elles submergent la roche ébréchée et les os de Silva. Elles submergent le tunnel, la caserne et le cap de la Croix. Elles gonflent, s’élargissent et commencent à tout avaler, centimètre après centimètre : la madrague, le terrain de basket, le terrain de boules et le clocher de Saint-Spyridon, le bas et le haut du village, l’Étoile de la mer et la Sunset Residence avec ses huit rangées d’appartements en timeshare. Les eaux rouges grossissent jusqu’à tout engloutir résolument et inexorablement : Misto, la montagne, et ce pays qui ne mérite pas mieux que ce déluge."
Le 23 septembre 1989, dans la petite ville de Misto (Croatie), une jeune fille de 17 ans, Silva, disparaît sans laisser la moindre trace. La dernière fois que quelqu’un l’a vue ce fut lors d’une fête de village. Elle dansait avec un jeune homme qui n’était pas son petit ami habituel. Quand elle apprend la disparition de sa fille, Vesna, sa mère est effondrée. Elle reste à pleurer des heures entières dans sa chambre. Yakov, le père et surtout son frère jumeau Mate se lancent à sa recherche. La police est prévenue. Des battues sont organisées dans toute la région. En vain. Tout le monde s’interroge : A-t-elle été kidnappée ? L’a-t-on assassinée ? A-t-elle simplement fait une fugue ? Le fiancé est arrêté puis relâché sans être inquiété. Il a un alibi et a résisté au détecteur de mensonges. La famille couvre la région d’affichettes dans l’espoir que quelqu’un quelque part sait quelque chose. Et voilà qu’une jeune femme nommée Elda déclare l’avoir rencontrée le dimanche suivant alors qu’elle-même achetait un billet au guichet de la gare routière. Ainsi débute une très longue recherche qui durera la bagatelle de 26 longues années.
« L’eau rouge » est un roman policier assez particulier. Il ne se passe pas grand-chose pendant plus des trois quarts du récit d’une recherche aussi décevante qu’interminable qui amènera Mate à aller enquêter à Trieste, Graz, Barcelone, Gênes, Ljubljana et même jusqu’à Göteborg pour rien du tout. Dans cette partie de l’ouvrage, l’auteur semble s’intéresser surtout au délitement de la Yougoslavie après la mort de Tito et la fin du communisme dans les pays de l’Est et à celui de la famille de la disparue (divorces, adultère). Ce n’est que dans les tout derniers chapitres que le lecteur aura droit à la clé de l’énigme avec un double rebondissement pas particulièrement crédible qu’il ne faut bien évidemment pas révéler. Pas de plaisir particulier dans cette lecture un peu laborieuse. Pourtant cet ouvrage sans originalité particulière, sans style flamboyant ni humour ravageur, s’est vu décerner rien moins que cinq prix littéraires, ce qui interroge quand même sur la validité de ces récompenses trompeuses qui n’existent peut-être que pour soutenir le marketing.
Nous sommes le 23 septembre 1989 et dans la ville de Misto, se prépare la fête des pêcheurs. Il a fait beau ce jour là, chacun a vaqué à ses occupations routinières...Sans savoir...
Sans savoir que l'une des leurs disparaîtrait au bout de cette nuit. Silva, 17 ans n'est en effet jamais rentrée. A commencé alors pour sa famille la longue attente. Rythmée par des soubresauts d'espoir et des moments d'abattement.
Silva a t elle fugué ? A t elle été assassinée? De nombreuses hypothèses surgissent et viennent écorner l'image de cette adolescente. Jusqu'à ce que les investigations piétinent et que la guerre éclate.
Pour autant, Mate et Vesna, le frère et la mère de Silva ne renoncent pas. Et continuent de chercher au fil des années. Incapables d'abandonner tant que la vérité n'aura pas éclaté.
J'ai lu l'Eau rouge dans le cadre de la préparation des Bibliomaniacs. Et ce fut une belle découverte.
Parce que ce roman noir appartient à la veine des ouvrages atmosphère. Ceux qui savent camper un décor et en montrer l'évolution. Comme si le cadre même devenait un élément primordial de l'intrigue. Je connais très peu l'histoire de l'ex-Yougoslavie ni celle des premières années de la Croatie. Et j'ai la sensation en refermant ces pages d'en avoir appris un peu plus sur les changements entre 1989 et 2017. Notamment dans le village de Misto.
Parce que l'Eau rouge propose une structure narrative polyphonique. Ainsi retentissent tour à tour les voix des personnages principaux. Parfois le temps d'un chapitre, parfois de plusieurs. Une manière de saisir ce qui les anime au fil des mois.
Une manière aussi de mettre en scène l'absence et le poids des "et si" liés à une disparition qui peine à être résolue. Tout ce fardeau de questions, de regrets a posteriori et de remords.
Il y a ceux qui tentent d'avancer. Ceux qui au contraire restent englués. Comme ramenés encore et toujours ce fatidique mois de septembre 1989.
L'Eau rouge propose de beaux portraits, surtout masculins (Silva et sa mère m'ont semblé assez antipathiques). Je crois que je resterai surtout marquée par le poignant fils du boulanger et par ce frère qui persiste.
Finalement, le seul bémol que j'aurais peut- être tient à la lenteur du rythme. Inhérente même à l'intrigue et à cette idée d'une enquête enlisée.
Bref, vous l'aurez compris: un roman noir réussi pour son tableau d'un village et d'un pays en mutation et sa réflexion sur la difficulté d'être ceux qui restent dans l'attente.
Misto, septembre 1989.
Alors que le bourg, proche de Split, s’apprête à fêter les pêcheurs, chez les Vela, on dîne en famille. Silva et Mate, les jumeaux de dix-sept ans, ont prévu de participer à la fête. Silva part la première. Robe à fleurs, baskets aux pieds, l’adolescente lance un ‘’J’y vais’’ et précise ‘’Ne m’attendez pas, je rentrerai tard’’. Oui mais voilà…Les heures passent et Silva ne revient pas.
Et si dans un premier temps, la police mène l’enquête et découvre les secrets bien gardés de Silva, ensuite, l’absence de pistes et la chute de l’URSS vont bouleverser le pays et cette disparition deviendra secondaire. Mais les Vela ne se résignent pas. La Yougoslavie vole en éclats, leur famille suit le même chemin et Mate continue de chercher sa jumelle envolée un soir de fête.
Une famille unie, paisible, ‘’normale’’, comme métaphore de la Yougoslavie où cohabitaient différents peuples à l’ombre du rideau de fer. Et puis soudain, on s’aperçoit que la normalité n’était qu’apparente. Ce pays n’en était pas un, cette famille qui semblait heureuse cachait des secrets.
A travers les vies bouleversées des Vela, de leurs proches, du policier qui a mené l’enquête, Jurica Pavičić brosse le portrait de la Yougoslavie, de la mainmise de Moscou jusqu’à l’arrivée des spéculateurs immobiliers. Une famille brisée, un pays démantelé. Des rapports de force qui s’inversent. Les maîtres d’hier sont chassés, les voyous deviennent des politiques, les corrompus se refont une virginité en devenant des héros de la guerre d’indépendance.
Jurica Pavičić nous montre un pays entre gris clair et gris foncé où les petites gens doivent survivre…au communisme, à la guerre, à l’effondrement économique, au capitalisme. A cette liberté enfin retrouvée mais à quel prix ?
Et alors que tous subissent les soubresauts de l’Histoire, le mystère de la disparition de Silva reste entier…
Entre aigreur et espoir, L’eau rouge est un roman captivant et émouvant. Plus qu’un polar, c’est un roman à l’atmosphère lourde, prenante, qui s’offre aussi des incursions du côté du roman historique. Excellent !
Le pitch de ce roman est simple. Ce qu’en fait Jurica Pavičić l’est bien moins.
Septembre 1989, la famille Vela - père, mère, fils et fille - dînent tranquillement chez eux à Miso, village de la côte dalmate. Après le repas, Silva, 17 ans, rejoint la fête des pêcheurs. Sa famille ne le sait pas mais le moment où elle quitte la maison est aussi le moment où ils la voient pour la dernière fois.
Le lendemain matin, Silva Vela, a disparu. Ses parents la recherchent, son frère la recherche, la police la recherche.
Voilà comment la vie de la famille vole en éclat au moment où la Yougoslavie s’apprête à exploser elle aussi. Le pays est au bord du changement, les troubles politiques commencent, la guerre pointe à l'horizon. La disparition d'une jeune fille devient une affaire mineure.
Il n’y a plus que son frère jumeau pour continuer à chercher. Une recherche folle qui s'étendra sur 27 ans, au cours desquels Misto, tout le pays et la famille Vela vont complètement changer.
Le tour de force de Jurica Pavičić c’est d’harponner solidement le lecteur alors qu’il n’y a pas vraiment d’enquête. On pourrait dire que son intrigue porte sur ce qui se passe quand rien ne se passe.
On est tenu en haleine par autre chose. Peut-être est-ce par l’espoir, peut-être est-ce par l’Histoire du pays. Sûrement par le savant mélange des deux. Le destin de la famille Vela et leur quête de réponse devient une histoire de la Croatie et de ses traumatismes sur trois décennies.
La chute d’un système, une guerre, deux guerres, le désordre, un nouveau pays, de nouveaux dirigeants, des changements sociaux, l’arrivée du tourisme, l’argent qui corrompt. Et au milieu de tout ça une tragédie intime, une blessure profonde qui ne cicatrisera jamais.
Une lecture bluffante.
"L'EAU ROUGE" Nous sommes en Croatie, un dimanche de septembre 1989 ; une famille dont des jumeaux : Mate et Silva .. ce soir là chacun part de son coté pour cette fête ! le lendemain il manque Silva ? à vous de trouver l'énigme ?
Excellent polar rythmé, érudit, bien écrit et prenant.
Le thème : rien de plus classique. Une jeune fille disparait. Morte, pas morte… L’enquête le dira. Et pourquoi et comment tout s’est passé.
Ce qui fait que ce polar est grand est qu’il nous embarque dans le désastre des vies qui explosent autant familiales, qu’amicales, professionnelles ou relationnelles à cause de cette fille qui les a tous touchés de près ou de loin et dont l’invisibilité va tracer leurs destins à travers des décennies bousculées par l’histoire de la Yougoslavie au temps communiste dans le bloc de l’Est jusqu’à nos jours avec ces côtes croates que nous connaissons envahies par les immeubles de luxe et l’hôtellerie touristique assourdissante des côtes dalmates…
Le policier appliqué sous le régime communiste se fera virer et priver de l’enquête.
Il deviendra un business man au service des achats de biens et propriétés pour l’industrie touristique. Quelques décennies plus tard, le hasard fera qu’il reviendra à Misto, le village de la jeune fille disparue.
Pas moins que 5 prix remarquables pour ce livre qui se lit d’une traite et nous apprend beaucoup sur l’histoire sociétale d’une partie de l’Europe déconstruite et reconstruite à travers la guerre et les conflits mais aussi qui se reflète dans une bulle familiale où un seul être disparu peut faire exploser toute la vie d’un village.
23 septembre 1989, dans ce qui n’était pas encore la Croatie indépendante. A Misto, village côtier à quelques encablures de Split, c’est le jour de la fête des pêcheurs. Silva et son frère jumeau Mate, 17 ans, s’y rendent séparément. Si le lendemain matin, Mate se réveille dans son lit avec une solide gueule de bois, ce n’est pas le cas de Silva, qui s’est volatilisée.
La police lance les recherches, interroge et fouille tout le village, Mate et son père collent des affichettes partout. Au fil de l’enquête, il apparaît que Silva, dont tout le monde pensait qu’elle était une fille exubérante au caractère bien trempé mais sans plus, menait en réalité une vie secrète bien plus scabreuse…
Enlèvement, meurtre, accident, fugue, l’enquête aurait pu aboutir.
Si le Mur de Berlin n’était pas tombé, si le communisme ne s’était pas effondré, si la Croatie n’avait pas déclaré son indépendance, si la guerre n’avait pas éclaté en ex-Yougoslavie, si les autorités s’étaient, malgré les circonstances, préoccupées du sort d’une personne (désormais majeure) disparue.
Mais il faudra attendre 27 ans pour que le mystère de la disparition de Silva soit élucidé. 27 ans pendant lesquels Mate a continué à chercher sa soeur, en dépit de tout, alors que sa famille et son pays se disloquaient sans espoir de retour.
Roman choral, « L’eau rouge » est bien plus qu’un roman policier. En plus de l’enquête sur la disparition de Silva, il aborde les questionnements de ses proches, qui croyaient si bien connaître la jeune femme. Il balaie également 30 ans de l’histoire croate, de la chute du régime instauré par Tito au libéralisme effréné en passant par la guerre des années 90, la crise financière de 2008 et le développement du tourisme de masse, avec ce que tout cela a généré de corruption, de reconversions professionnelles douteuses et d’urbanisation galopante.
Le rythme est lent, les descriptions parfois trop minutieuses, mais la construction de ce roman est remarquable, et son écriture sobre et efficace. Un roman très intéressant et captivant où se mêlent la petite et la grande histoires, au milieu des rancoeurs et des jalousies intimes, des souvenirs et des regrets, de la douleur et de l’espoir.
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