"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. » Antonia, une femme fière et têtue, s'occupe d'un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.
Nous sommes en l'an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n'existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.
L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito
Lu par Florine Orphelin
Durée 8h54
Une écoute intense grâce à la révolte des personnages comme à toute l’injustice de leur histoire.
J’ai très vite accroché l’écoute grâce au personnage de la mère, Antonia qui tente désespérément de sortir sa famille d’un logement minuscule dans lequel ils vivent à 7 avec un mari handicapé sur fauteuil roulant, des bébés jumeaux, GaÏa, notre narratrice et son grand frère. Pour Antonia, la seule façon de ne pas reproduire ce qu’elle a fait, pour sa fille c’est de faire des études. Elle ne veut pas qu’elle évolue dans la pauvreté,qu’elle fasse des ménages comme elle. Alors elle la pousse, la menace mais il va falloir qu’elle y arrive. Et cette mère si impressionnante, devient pesante pour sa fille. Gaïa baigne dans l’injustice dès l’école primaire où elle est raillée par ses camarades. Mais en grandissant, elle prendra sa revanche.
Gaïa est un personnage en colère mais l’autrice a su mesurer sa rage, la nuancer, nous rendre sensible à la colère de Gaïa. D’ailleurs tous les personnages sont nuancés et c’est une des forces du livre, au delà de sa dimension sociale et féministe, le style est vif. Il dégage une incroyable énergie de l’écriture qui rend l’écoute saisissante notamment grâce à la place que prend le lac dans le décor..
Et cette force dans les personnages, dans le style comme dans l’histoire, la lectrice nous la transmet de manière implacable sans exagération. Tout est équilibre, un peu sur le fil du rasoir parfois dans l’histoire et le ton de la lectrice est impeccable.
Un très belle écoute saisissante et perturbante.
Grosse erreur d'appréciation de ma part à la lecture de ce titre ; erreur renforcée par mon habitude ne pas lire les quatrièmes de couverture des romans que je lis ou écoute.
Je m'attendais donc à un récit plutôt doux et gentil, qui aurait senti l'automne et le renouveau.
Mais pas du tout. Et d'ailleurs, si j'avais fait attention, il y avait un indice en réalité dans le titre, elle n'est jamais douce cette eau du lac, jamais.
Gaia est une enfant issue des quartiers pauvres italiens, en périphérie de Rome. Sa mère, Antonia, personnage fort en gueule et hargneuse comme un pit bull, s'occupe de ses quatre enfants et de son mari handicapé, elle fait des ménages et se démène pour leur trouver un logement décent.
Alors Gaia n'a pas intérêt à rater ses études car c'est la seule chance qui lui sera offerte de sortir de la pauvreté.
Ce qui m'a plu ici, c'est que Gaia est loin du personnage que l'on aura tendance à imaginer. Il y a chez elle une noirceur inattendue, une violence et une dureté qui surprennent. Ses amitiés comme ses inimitiés sont fortes et passionnées, elle n'a pas de demi-mesure.
Florine Orphelin pose sa voix douce sur ce texte et aide à l'empathie envers Gaia. Le contraste en est parfois saisissant. Certains passages m'ont d'ailleurs mis les larmes aux yeux.
Un roman d’apprentissage âpre et parfois amer mais qui ne manque pas de beauté.
Le premier chapitre du livre s'ouvre sur Antonia, une mère courage, têtue, honnête qui se bat pour sa famille et ses enfants. Ce prélude est théâtrale, une vraie scène de film à l'italienne avec la mama qui protège son nid.
Ensuite, le livre se décline à la première personne. Gaïa, petite fille née dans la pauvreté conte son quotidien entre les batailles administratives de sa mère, les combats de son frère, son père handicapé et les jumeaux dont on parle peu. Elle narre sa vie de jeune écolière sans le sous puis d'adolescente entre férocité et sens de l'honneur.
Sa mère s'emploie jour et nuit à ce que sa fille s'en sorte grâce aux études et sans aucune distraction ; c'est ce que fera Gaïa tout au long de ce roman, pour satisfaire sa mère qu'elle ne quittera pas même à l'âge adulte, une vraie résilience. Pourtant tout gronde en elle et le volcan est prêt à exploser.
C'était la première fois que j'écoutais un livre audio, et ça ne m'a pas trop plu. J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire par le prisme de l'écoute. Peut être la voix de la comédienne ne m'a pas suffisamment séduite pour que je m'imprègne vraiment du récit.
J'ai trouvé ce roman violent. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages et à leur histoire pourtant très forte. Il y a beaucoup de longueur et j'ai eu des soucis de temporalité. Je ne savais pas toujours à quel moment j'en étais dans le récit, si c'était un flash back ou l'histoire qui se répétait entre les déménagements incessants et cette lutte pour un logement décent. Avec un livre papier, je serais plus facilement revenue en arrière, moins commode avec le libre audio. C'est un roman cruel également, toutes les amitiés ou les amours de Gaïa se terminent mal, comme s'il n'y avait pas d'issue possible, une vie dans l'impossibilité d'être lumineuse car sa mère ne le permet pas. J'ai manqué de douceur à l'écoute de cette histoire, ça été poussif. J'ai de plus, été découragée par la fin ouverte. Je suis malgré tout curieuse de lire Un jour viendra, autre roman de Giulia Caminto.
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