Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Un prologue plein d'une menace à faire dresser les cheveux sur la tête vous emporte brutalement dans ce roman sans qu'aucune résistance ne soit possible.
Toi qui entres ici abandonne toute espérance.
Voilà ce que j'ai ressenti.
L'Italie au début du XXème siècle dans un coin où vivent des gens frustes, pauvres, durs, car leur vie est d'une âpreté extrême. Ça sent le soleil et la chaleur, le gargouillis des ruisseaux et le vent dans les arbres, le bêlement des moutons, le bruit des outils, l'amertume des pères, les cris des mères. C'est tout une ambiance qui est décrite ici, celle de l'Italie pauvre et reculée qui vit dans la crainte de Dieu, qui n'aime pas les gens instruits, loin de l'industrialisation, loin des rêves, les pieds dans la terre. L'Italie de ces gens seulement nés pour le travail.
Lupo et Nicola, deux frères d'une nombreuse fratrie où chacun meurt l'un après l'autre, élevés sans amour, dans la violence de leur père et l'indifférence de leur mère. Lupo rebelle et généreux dont la révolte est le souffle vital, Nicola fragile et cérébral qui vit dans une terreur constante. Ils s'aiment et se soutiennent. Ils ont fait un pacte… parce qu'ils ont un rêve, au moins un.
Un jour la rébellion est arrivée au cœur de ces montagnes, un mouvement libertaire amené par ceux de la ville, contre l'indifférence et l'égoïsme des riches et des curés. Certains l'ont adopté, les autres ont continué à trimer et à aller à l'église le dimanche.
J'ai furieusement aimé Lupo le ténébreux et Nicola le solaire, dont l'attachement qui les uni pourrait être saccagé par un lourd secret.
Il y a de la beauté dans cette histoire douloureuse qui raconte la misère poisseuse qui colle à la peau, de la naissance jusqu'au tombeau, où l'absence d'amour est une évidence parce qu'il n'y a pas de temps pour ça, où chaque matin il faut survivre jusqu'au soir. Ce récit est empreint de hargne, de combativité, de douleur, mais aussi de foi, en la possible justice sociale, et spirituelle avec Clara, la Moretta, l'abbesse de Serra de' Conti, née au Soudan et devenue religieuse dans ce monastère qui jouxte le village, où le silence est la règle. La vie de ces petites gens dans le tumulte de l'Histoire qui gronde nous est contée avec une grâce infinie. J'ai été envoûtée par les émotions et la profondeur des mots.
Tout petit bémol, les changements d'époques et de personnages ne sont pas toujours très clairs. C'est néanmoins une histoire passionnante, magnifiquement écrite qui raconte la vie au cœur de l'agitation du monde dans les prémices de la première guerre jusqu'aux champs de batailles de cette immonde boucherie puis la reconstruction du désir de vivre, peut-être…
L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito
Lu par Florine Orphelin
Durée 8h54
Une écoute intense grâce à la révolte des personnages comme à toute l’injustice de leur histoire.
J’ai très vite accroché l’écoute grâce au personnage de la mère, Antonia qui tente désespérément de sortir sa famille d’un logement minuscule dans lequel ils vivent à 7 avec un mari handicapé sur fauteuil roulant, des bébés jumeaux, GaÏa, notre narratrice et son grand frère. Pour Antonia, la seule façon de ne pas reproduire ce qu’elle a fait, pour sa fille c’est de faire des études. Elle ne veut pas qu’elle évolue dans la pauvreté,qu’elle fasse des ménages comme elle. Alors elle la pousse, la menace mais il va falloir qu’elle y arrive. Et cette mère si impressionnante, devient pesante pour sa fille. Gaïa baigne dans l’injustice dès l’école primaire où elle est raillée par ses camarades. Mais en grandissant, elle prendra sa revanche.
Gaïa est un personnage en colère mais l’autrice a su mesurer sa rage, la nuancer, nous rendre sensible à la colère de Gaïa. D’ailleurs tous les personnages sont nuancés et c’est une des forces du livre, au delà de sa dimension sociale et féministe, le style est vif. Il dégage une incroyable énergie de l’écriture qui rend l’écoute saisissante notamment grâce à la place que prend le lac dans le décor..
Et cette force dans les personnages, dans le style comme dans l’histoire, la lectrice nous la transmet de manière implacable sans exagération. Tout est équilibre, un peu sur le fil du rasoir parfois dans l’histoire et le ton de la lectrice est impeccable.
Un très belle écoute saisissante et perturbante.
Grosse erreur d'appréciation de ma part à la lecture de ce titre ; erreur renforcée par mon habitude ne pas lire les quatrièmes de couverture des romans que je lis ou écoute.
Je m'attendais donc à un récit plutôt doux et gentil, qui aurait senti l'automne et le renouveau.
Mais pas du tout. Et d'ailleurs, si j'avais fait attention, il y avait un indice en réalité dans le titre, elle n'est jamais douce cette eau du lac, jamais.
Gaia est une enfant issue des quartiers pauvres italiens, en périphérie de Rome. Sa mère, Antonia, personnage fort en gueule et hargneuse comme un pit bull, s'occupe de ses quatre enfants et de son mari handicapé, elle fait des ménages et se démène pour leur trouver un logement décent.
Alors Gaia n'a pas intérêt à rater ses études car c'est la seule chance qui lui sera offerte de sortir de la pauvreté.
Ce qui m'a plu ici, c'est que Gaia est loin du personnage que l'on aura tendance à imaginer. Il y a chez elle une noirceur inattendue, une violence et une dureté qui surprennent. Ses amitiés comme ses inimitiés sont fortes et passionnées, elle n'a pas de demi-mesure.
Florine Orphelin pose sa voix douce sur ce texte et aide à l'empathie envers Gaia. Le contraste en est parfois saisissant. Certains passages m'ont d'ailleurs mis les larmes aux yeux.
Un roman d’apprentissage âpre et parfois amer mais qui ne manque pas de beauté.
Malgré un titre assez poétique, l’histoire de « L’eau du lac n’est jamais douce » est bien loin d’être une sinécure.
Ce livre offre une plongée dans l’Italie, bieu n loin des paysages de cartes postales, au début des années 2000 avec la famille de Gaia. On y suit sa mère Antonia, une femme forte et sévère, son père Massimo, handicapé en chaise roulante depuis un accident de travail non déclaré, Mariano, un demi-frère en colère contre le monde et ses frères cadets jumeaux. Habitants en lointaine banlieue de Rome, pauvres mais fiers, Gaia et sa famille tentent de trouver leur place dans une société qui n’en laisse que peu aux personnes démunies et sans ressources.
Roman social et d’apprentissage, cet ouvrage dresse le portrait d’une adolescente qui se cherche, qui se construit mais qui tombe aussi. Bien loin de susciter de l’empathie ou de l’attachement, le personnage de Gaia est criant de vérité et de justesse.
L’auteur agrémente le livre de certains faits réels, comme la tenue du sommet du G8 à Gênes en 2001 et met en lumière le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte de cette jeune fille dont le mot d’ordre est de ne jamais baisser les bras malgré les difficultés qui ponctuent son chemin.
La voix de la lectrice, Florine Orphelin, porte bien le personnage de Gaia. Malgré la rudesse du caractère de cette héroïne, la douceur du brin de voix de Florine Orphelin offre une parenthèse à celle-ci. Quant à l’interprétation du texte, elle est juste nickel ! Le choix de cette lectrice est, selon moi, hyper bien pensé.
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