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Un roman peut en cacher un autre.
Comme chez Hitchcock - qui souvent s'inspira de l'oeuvre de Daphné Du Maurier - nous nous trouvons d'abord lancés sur une fausse piste : meurtre crapuleux dans la Rome de l'après-guerre. A moins que cette fausse piste elle-même... Armino, témoin bouleversé de l'affaire, décide de laisser tomber son job - guide pour touristes - et va se mettre au vert dans la petite ville dont il est originaire, aux confins de la Toscane, des Marches et de l'Ombrie.
Le passé, espère-t-il, aura là-bas un autre goût : celui de la glorieuse Italie des ducs de Ruffano, qui ont laissé nombre de monuments dans la petite cité, et quelques légendes insistantes - parmi lesquelles celle du duc Claudio, dit le Faucon, un orgueilleux mort cinq siècles plus tôt, précipité de la plus haute tour de son palais alors qu'il essayait de s'envoler dans les airs. Passé et présent ont tendance, en de tels lieux, à confondre leurs rôles.
Armino croit reconnaître en Aldo, l'agitateur culturel local, son frère aîné porté disparu pendant la guerre. Entre eux vont renaître les jeux cruels d'autrefois, où les femmes désormais auront un trouble rôle à jouer. Quel secret se cache derrière la porte si bien cadenassée de cette enfance qui refuse de mourir ? Pour l'avoir débusqué, Aldo un jour, devant la ville en fête, va se risquer à monter lui aussi l'escalier de la tour...
Comme dans Le Bouc émissaire, auquel on l'a comparé, Daphné Du Maurier joue au long de ce romain sur le double registre du vertige et des intermittences de la mémoire. La guerre là encore n'est pas loin, et la vie a du mal à faire la paix avec elle-même, empoisonnée par quelques méchants secrets de famille. Invite à aller fouiller de l'autre côté des apparences : en ces obscurs retraits où l'Histoire de Secrètement rendez-vous à l'histoire de chacun.
Premier livre de Daphné du Maurier que je lis. Étant grand admirateur du maître du suspens, Alfred Hitchcock, et sachant que par trois fois celui-ci a adapté l’œuvre de cette romancière, j'étais curieux et impatient de la découvrir. Je reste un peu sur ma faim après ce Vol du Faucon. Tout commence par un meurtre, un mystérieux assassinat, et l'on croit que le guide touristique, Armino, héros du livre, va se retrouver pris dans un terrible engrenage, peut-être avec ce fameux thème du faux coupable si cher à Hitchcock. Il n'en sera rien. Armino retourne dans sa ville natale, Ruffano, d'où est aussi originaire la femme assassinée, et, là, il va se retrouver confronté à son passé. Notamment à celui qui sera le personnage le plus fort du roman, le plus énigmatique et mystérieux, à savoir le propre frère d'Armino, Aldo, devenu président du conseil culturel, en pleine préparation d'un festival qui fera la part belle au duc Claudio, figure sombre de la légende noire de la petite ville de Ruffano, plus détesté qu'admiré, mais lui aussi renfermant sa part de secret. Le passé lointain va rejaillir sur le présent, et l'on voit de plus en plus Aldo se prêter si bien au jeu qu'il se confond avec la figure du duc de la Renaissance. Là encore, on se demande, à ce retour du passé, à cette glorification de l'homme de la renaissance, si Aldo n'est pas en train de devenir fou. Puis, l'on va finir par comprendre que c'est la tragique histoire des deux frères qui explique les actes du présent. L'on comprend pourquoi Aldo tenait tant à aider les orphelins, l'on comprend pourquoi il a réussi à fasciner tant et tant de jeunes gens dans une ville qui semble à tout instant au bord de la folie, avec ses clans d'étudiants (lettrés contre commerciaux) prêts à tout instant à s'affronter. Au final, la peinture psychologique des protagonistes est intéressante, et j'ai véritablement adoré l'arrivée du narrateur dans une Ruffano couverte de neige, au début du récit, quand on ne sait pas encore ce qu'il va advenir, et ce qu'Armino va bien pouvoir trouver sous la neige faussement protectrice. Ma déception (relative) vient plutôt du style parfois hâtif, de quelques répétitions et redondances, et d'une construction du livre qui limite trop le suspens auquel je m'attendais. La fin tragique est un peu courue d'avance, et les faux-semblants de l'enquête auraient mérité d'être un peu plus développés pour ajouter une tension et un suspens qui font cruellement défaut. Pourtant, malgré cela, je pense que je poursuivrai mon exploration littéraire de l’œuvre de Daphné du Maurier, et prévoit de lire prochainement les romans qui ont inspiré Hitchcock. Affaire à suivre donc...
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