"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Notre monde contemporain, mû par un instinct sauvage de l'avenir, croise dans ce roman un monde plus ancien dans lequel une vieille usine abrite le destin d'une famille nombreuse récemment arrivée d'Afrique. Des mondes apparemment inconciliables que le hasard met en contact par l'intermédiaire de Milene Leandro, l'étrange jeune fille aux yeux de laquelle tout naît pour la première fois et dont la simplicité va tout bouleverser.
Dans un Algarve tragique et sauvage, Milene évolue entre une famille attachée à ses privilèges et à son image sociale et une tribu cap-verdienne vivace pour laquelle la musique irrigue la vie.
Milene nous conduit à travers la mort vers un amour impensable, un crime, une trahison et un silence à jamais scellé. Son regard toujours neuf sur la vie, le bien et le mal, sa vision de la valeur du monde constituent la matière même de ce roman.
Dans son oeuvre, Lídia Jorge fouille toujours au plus profond de la cruauté primaire des êtres. Ici, pour la première fois, elle nous découvre la perversité et la lâcheté qui l'accompagnent.
Cet extraordinaire roman a reçu le Prix de l'APE, l'un des prix littéraires les plus prestigieux du Portugal.
Le roman de Lídia JORGE "Le vent qui siffle dans les grues" est une pure merveille. Telle une broderie au point compté, son style est fin, délicat, précis.
Le récit est superbement orchestré, conte musical tout au long duquel, comme un leitmotiv, reviennent des mots, des expressions, des refrains.
Milène LEANDRO se révèle le pivot central, sorte de pont entre deux rives : la blanche, attachée à ses privilèges, fière de son ascendance, regroupée autour de ses biens au mépris des autres et puis l'autre, la noire, chaleureuse, accueillante, vivant à travers la musique, prête à partager, tolérante, mais sous la coupe des blancs. Elle va, par son mariage, magnifique histoire d'amour, avec Antonino MATA, les réunir.
Milène possède cette simplicité d'esprit qui rend l'appréhension du bien et du mal différente. Chez elle, c'est le cœur qui parle, elle va à l'essentiel et ce qui paraît important pour les autres ne l'est pas pour elle. Son handicap la rend bonne, car adulte, elle continue de contempler la vie avec un éternel regard d'enfant. Elle observe, mais ne juge pas. Elle observe mais ne tire aucune conclusion. C'est ainsi que tout au long du récit, elle persistera dans ses appels à son cousin João Paulo, même si celui-ci ne répond à aucun des ses messages.
On sent chez l'auteur la grande tendresse qui la lie à ce personnage principal, à tel point que tous les autres lui servent de faire-valoir. D'ailleurs ces autres personnages, pourtant intéressants, largement présentés, j'ai eu, personnellement, tendance à les oublier, fascinée que j'étais par Milène.
Lídia JORGE nous raconte cette histoire, ces histoires avec brio. De main de maître, elle accumule les anecdotes, les détails, les descriptions, organise le suspens, raconte les faits entrecoupés de réflexions, d'informations, mêle amour, haine, crime, trahison et secret jamais révélé. Ses phrases courtes, les mots simples, le rythme lent et en même temps oppressant qui s'installe, empêchent, une fois qu'on l'a ouvert, de refermer le livre.
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