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Une farandole aussi grotesque qu'inquiétante emmène un prisonnier jusqu'au Roi : comme une Shéhérazade résignée et désespérée, le prisonnier évite la mort en racontant une histoire... Celle d'un soldat dans une guerre sans nom. Une guerre moderne, sortie de tout contexte précis mais froide et glaçante. Non pas une guerre de combats et d'explosions, mais une guerre vide, blanche, où l'ennemi est déjà un prisonnier, que l'on surveille et que l'on torture.
Une fois le soldat revenu chez lui, le glissement vers la folie se fait plus tangible, et d'ellipses silencieuses en déséquilibres sourds, le récit forme une boucle étrange et étouffante, aux allures de cartoon grimaçant.
Simon Liberman déploie dans ces pages son trait gratté, expressif, ses masses lourdes, ses personnages difformes et grotesques pour déployer un univers rugueux et d'une grande maturité. Le Talisman est un premier livre brutal, fait d'impressions énigmatiques et d'images marquantes, dont le goût amer reste longtemps en bouche.
Un homme est enlevé par des hommes-bêtes et emmené auprès de leur chef qui lui laissera la vie sauve en échange d'histoires qu'il lui raconte. L'homme, Shéhérazade futuriste, d'abord refuse, mais se voit contraint d'accepter. Il raconte alors l'histoire d'un jeune homme qui part à la guerre, muni d'un talisman donné par son grand-père.
Très étrange cet album, d'abord par son format dit oblong ou à l'italienne. Puis ce sont les couleurs choisies qui étonnent : une trichromie de blanc, noir et vert, pour un rendu spécial qui renforce la noirceur et l'ambiance glauque. Ensuite, les dessins sont très libres, parfois des cases, parfois pas, parfois un visage esquissé sur une pleine page, parfois un dessin fouillé et dense sur une page itou, parfois seulement du texte, l'album étant très peu bavard. Et enfin, c'est cette histoire bizarre, très étonnante et pour tout dire parfois énigmatique : je me suis longuement arrêté sur certaines pages pour tenter de comprendre et n'y suis sans doute pas totalement parvenu. Simon Liberman dessine un homme qui sombre dans la folie, qui souffre de stress post-traumatique, dans un univers étrange et délirant.
Le tout donne un album fascinant (le dessin et les couleurs y sont pour beaucoup, ce qui est bien pour une bande dessinée), de ceux qu'on repose en se disant "mouais, bof..." et qu'on reprend à peine posé, pour tenter de comprendre ce que l'on n'a pas saisi, pour reprendre une dose de vert ou tout simplement pour le relire parce qu'on ne sait pas bien pourquoi, mais on n'a pas envie de le quitter.
Bref, un album qui ne laisse pas indifférent, qui prouve s'il était besoin l'éclectisme de la bande dessinée et qui me font découvrir une maison d'édition : 2024 et qui se pare d'une belle couverture avec l'homme au fusil en relief et brillant.
Pas compris,...
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