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« Ce n'est pas seulement qu'elle mentait comme elle respirait, c'est qu'elle mentait pour respirer. Et cette manie n'a pas été pour rien dans l'attrait que tu lui as trouvé . » Comment inventer sa vie sans la perdre ?
Quels fils mystérieux relient les êtres que l'on a pu aimer ?
Peut-on sortir indemne de l'affolement général?
Qu'est-ce que le syndrome du saint-bernard ?
Mais surtout, qui était vraiment Farrah ?
« Farrah est morte brulée dans son appartement » quelle phrase terrible pour commencer ce roman. Terrible et étrange, étrange comme l’est l’impression que j’ai à cette lecture. Au début, j’ai trouvé assez intéressant cette description de la vie à travers un narrateur que l’auteur qualifie à la deuxième personne. Ce « tu » qui m’avait tout autant dérangée lorsque j’avais lu « la condition pavillonnaire » de Sophie Divry, qui avait construit son roman exactement de la même façon. Mais c’est un roman qui m’avait paru beaucoup plus intéressant dans sa construction, le « tu » me semblait alors destiné, alors qu’avec « le talisman », il semble être le contre point de l’auteur, du narrateur, et au final tellement impersonnel.
« Tu » égrène donc les moments de sa vie, les personnes qu’il a croisées, avec qui il a vécu des moments heureux ou intenses, étranges ou terriblement communs, évoque des lieux, des rencontres, et les instants de sa vie avec Farrah.
Farrah est un personnage fantasque et sans doute attachant, mais je n’ai pas réussi à la trouver ni à la comprendre au fil de ces pages, et encore moins le narrateur, ce « tu » encombrant et épuisant. Tout comme je n’ai pas retrouvé ce pays Basque, décor du roman, ici fantasmé et rêvé tel que je ne le reconnais pas et qui m’a un peu perdue. Il y a cependant dans ces pages de belles phrases, quelques belles situations, des mots bien posés parfois, écriture ciselée avec soin et délicatesse, mais pas assez pour en faire un plaisir de lecture, enfin, pas pour moi. Je suis peut être passée à côté ?
Farrah, superbe jeune femme, magnétique et mythomane, meurt à 33 ans dans l'incendie de son appartement. Petite serveuse en quête d'absolu sur une côte basque à la fois suggérée et fantasmée, elle sombre dans la drogue, rejoignant la tribu des "femmes désaxées" que le narrateur, qui se désigne par "tu", a fréquentées, lui qui a fait son service civil dans un centre de jour avant d'officier au Château au côté de pensionnaires féminines (l'occasion d'une galerie de portraits assez touchants). Il nous entraîne à sa suite à la poursuite de l'énigme Farrah...
Mathieu Terence est un amoureux de la langue, un poète qui fait s'entrechoquer les mots au fil d'une écriture inventive, aux associations parfois étranges. Artiste, il serait peut-être un expressionniste, ou un Dada... On l'imagine volontiers faire sienne cette passion de son narrateur de "lirécrire" à tout bout de champ, qui s'adonne à cette activité tout au long de ses années d'étudiant à Bordeaux, dans le bus de la fac de psycho où il abandonne ses illusions et fait germer en lui son côté saint-bernard qui donnera un sens à sa vie. Mais je dois avouer que l'engouement que j'ai éprouvé dès les premières pages, renforcé par les évocations subtiles d'une géographie qui m'est chère et familière, s'est périodiquement émoussé face à une telle profusion de phrases absconses ("A chacune de nos discussions, elle prononce un parallélogramme parfait au sujet du possible"), sans guère de respirations, dont la franche médiocrité l'emporte parfois sur l'originalité ("Elle te lança un regard qui avait dépaysé un paysage"). Entre vraies trouvailles, plaisir évident de semer des indices et de promener le lecteur, variations proustiennes gentillettes ("Longtemps je me suis levé de bonheur", "à l'ombre des jeunes filles en pleurs") et excès de zèle poétique, l'impression d'ensemble est mitigée. Davantage de sobriété n'aurait certainement que davantage fait ressortir quelques pépites comme celle-ci : "A la place de ce que l'on perd avec les années, tu vas mettre un ciel rapide. A la place du monde, tu vas mettre la vie et ce sera ta vie." Retenons également cette jolie définition de la littérature, fil conducteur du roman (le voilà, le fameux talisman du titre) : "les livres dans lesquels tu accèdes à tout en t'approchant de toi"...
Farrah vient de mourir dans l’incendie de son appartement. Son compagnon revit par flash des instants de son passé dans lequel elle réapparaît, nous livrant ainsi progressivement ce que fut sa vie.
J’ai trouvé que ce livre n’était pas forcément simple d’accès. L’écriture est maîtrisée, poétique (l’auteur écrit également des poèmes) et recèle de très jolis passages comme celui-ci :
« Furtif, tu rasais les murs. Timidité mortelle qu’il t’appartiendra ensuite d’aménager pour éviter qu’on dise à ton enterrement : « Il a frôlé la vie à plusieurs reprises » »
Par contre, certains extraits sont restés très opaques pour moi, de telle sorte que j’abandonnai (peut-être à tort) la lecture à mi-chemin :
« Tu restais à veiller la nuit dans les eaux vertes des « sorties de secours ». Le filigrane d’un surveillant passait dans les couloirs, son sexe électrique à la main. Il marchait en malade qui voyage dans le corps »
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