"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A Longyearbyen, dans l’archipel du Svalbard, au nord du nord de la Suède et de l’Europe, les enfants ne craignent ni le Père Fouettard, ni le Croquemitaine. Non, ce qu’ils craignent, c’est le sixième homme, celui qui hante les galeries de la mine de charbon qui fait vivre le bourg. Aussi quand la petite Ella disparait du jardin d’enfants, ses petits copains savent que le sixième homme n’est pas étranger à cet enlèvement. Mais la police, plus terre à terre, cherche plutôt du côté du père de l’enfant, le nouvel ingénieur de la mine, en froid avec sa femme qu’il voudrait effrayer et punir en s’emparant d’Ella.
Malgré les recherches, père et fille restent introuvables et dans la nuit polaire qui n’en finit pas, les langues se délient et mettent à jour les secrets d’une communauté qui vit repliée sur elle-même durant ces longs mois d’hiver. La nuit éternelle, les tempêtes et les températures glaciales n’empêchent ni les jalousies, ni les adultères, ni la contrebande. Les habitants s’épient, les commérages vont bon train mais pour la police locale, aidée par le Kripos de la capitale, la priorité est de retrouver la fillette saine et sauve.
Ambiance glaciale pour un polar qui tire son originalité non pas de l’intrigue -une disparition d’enfant dans le cadre d’une famille dysfonctionnelle- mais plutôt des lieux de l’action, la ville minière de Longyearbyen : une nuit sans fin, qui peut rendre fou, une nature hostile et menaçante, la mine et ses traditions, ses conditions de travail difficiles, ses légendes. Monica Kristensen nous offre une immersion dans cette petite communauté où la vie peut devenir oppressante entre la nuit qui n’en finit pas, l’isolement et le manque de divertissements. Là-bas comme ailleurs, on ment, on trompe, on épie son prochain et on pille les richesses de la nature. Malgré les dangers d’un environnement hostile, c’est toujours de l’homme que viennent les pires méfaits…
Si le suspense n’est pas haletant, Le sixième homme mérite un détour dans le Grand Nord, ne serait-ce que pour découvrir cet archipel perdu de l’océan Arctique. A lire au coin du feu.
Le sixième homme, première traduction française de la romancière Monica Kristensen, a pour cadre l'archipel de Svalbard. C'est dans cet univers inhabituel, plongé une grande partie de l'année dans la nuit polaire que la petite Ella disparaît du jardin d'enfants. Cet événement constitue le point de départ d'une intrigue en huis-clos qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'aux dernières pages. Dans un milieu aussi fermé que Longyearbyen, où tout le monde se connaît, personne ne veut croire à un enlèvement. On fait des hypothèses: c'est peut-être son père qui est venu la chercher. Ou alors, c'est l'inconnu qui observait les enfants qui l'a emmenée. La police, plutôt habituée à protéger la ville des ours polaires, à démasquer de petits contrebandiers ou à régler des disputes conjugales, se voit obligée d'agir rapidement en raison du froid extrême qui règne dans la ville. D'autant plus que le père de la fillette est introuvable.
Nul besoin de meurtres sanglants pour maintenir le suspense. Monica Kristensen, glaciologue ayant vécu au Svalbard pendant de nombreuses années, n'a pas choisi cet endroit au hasard. Dans son roman, elle utilise ses connaissances pour entremêler plusieurs histoires qui se déroulent sur une période de quelques mois. Chaque chapitre possède en tête la date et l'heure des événements pour nous aider à nous repérer. Ainsi, nous sommes plongés dans la réalité de la vie arctique.
La neige qui recouvre tout contraste avec la nuit qui règne sur la ville et avec l'exploitation du charbon, de laquelle dépend tout la région. Tous les habitants sont, d'une manière ou d'une autre, lié aux mines, aux dangers que le travail sous terre représente, au revenu économique qui en provient, ainsi qu'aux légendes qui les entourent. Dans cette petite communauté, où l'on arrive pour des raisons précises, mais où l'on ne reste généralement pas indéfiniment, l'anonymat n'existe pas. La solidarité est nécessaire pour survivre aux conditions difficiles du climat polaire. La disparition de la petite Ella sert en quelque sorte de prétexte pour décrire cet univers si différent du nôtre. De l'économie basée sur le charbon ou la pêche aux tempêtes qui menacent les habitants de l'archipel, en passant par la nature et ses ours polaires et rennes, le braconnage et la contrebande, aucun aspect du décor du Svalbard n'est laissé de côté.
Les amateurs de gros suspense, de thrillers américains et de romans noirs purs seront peut-être quelque peu déçus, mais les autres trouveront sans aucun doute leur bonheur dans ce livre. La couverture est magnifique et le grand format - qui est d'ailleurs une nouveauté de Gaïa Editions - rendent la lecture très agréable. Les épigraphes qui précèdent certains des chapitres nous plongent encore plus profondément sous terre avec les mineurs et le sixième homme, le fantôme des mines.
Il est vrai qu'au début, il est parfois un peu difficile de se repérer entre les personnages et les différentes histoires (et ce, malgré les dates), mais dans ce roman qui va bien au-delà de l'intrigue policière on parvient finalement, au fil de notre lecture, à faire les liens qui nous permettent de résoudre l'intrigue.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !