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Le singe appliqué

Couverture du livre « Le singe appliqué » de Jean-Louis Brau aux éditions Le Dilettante
Résumé:

Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » a dit un aviateur célèbre. Celle de Brau, Jean-Louis, dit aussi « le singe », rendue ces jours aux amoureux et aux curieux par le Dilettante, pourrait se signer comme un crime gratuit ou une toile de maître. Brau, de fait, vit à la baïonnette... Voir plus

Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » a dit un aviateur célèbre. Celle de Brau, Jean-Louis, dit aussi « le singe », rendue ces jours aux amoureux et aux curieux par le Dilettante, pourrait se signer comme un crime gratuit ou une toile de maître. Brau, de fait, vit à la baïonnette comme d'autres peignent au couteau : aplats criards et giclées franches, pas de repentirs et finitions au doigt. Il fallait bien ce pavé saignant pour nous faire le compte de ses plaisirs et de ses jours, les honneurs de sa bio non-dégradable. Bouclez ceinture car, en un demi-millier de pages sans faux col, vous allez passer de l'Indo, la vraie, l'unique (celle des tôles coloniales où le frifri des dames sert de godet à liqueur et celle du défourraillage en rizière), aux terrasses germanopratines, des dérades urbaines situationnistes (notre homme est d'Aubervilliers) aux premières de Cannes, de l'Algérie (plus pour longtemps) française à la Palestine en guerre. Et puis Brau, sa vie, il ne nous la débite pas en chapelet, marmottant et grain à grain, saucisse après saucisse, mais nous la sert en cocktail. Amis de toujours et copines d'un soir, tronches gothiques et figures du Gotha, arrêts comptoir et moments d'Histoire, Brau les passe au shaker, parlant de lui comme en rêve, revisionnant en accéléré, vidant le silo : averse de mots drus ou dialogues en pile, le tout truffé d'une érudition en roue libre (on y trouve même l'explorateur-faussaire Psalmanazar, c'est vous dire), propos d'ivrognes et tapisseries savantes. Pour des gens comme Brau, la planète taille trop court, l'histoire ne remplit pas l'assiette, il manquera toujours une bobine au film. Les brancards sont pour les ruades : « Je n'ai jamais pu aller quelque part sans ressentir l'horizon comme une source d'insatisfaction. Je ne peux pas voir une montagne sans rêver à ce qui est derrière, une mer sans vouloir absolument aller jusqu'à l'autre rivage. » On t'a compris, l'ami : vivons cul sec et marchons ferme. Vive le singe, sa vie est son oeuvre !

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