"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Histoire du mariage d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII. L'histoire se fait à deux voix : celles d'Aliénor et de son mari, chacun exprime ses pensées alternativement.
On retrouve l'écriture poétique de l'auteure mais qui sied peu finalement à Aliénor. Celle-ci aime pourtant la poésie, celle de ses amis les troubadours. Par contre, c'est une personne méprisante, sanguinaire et qui n'a d'autre désir que la guerre.
La poésie convient mieux à son mari, éperdument amoureux de sa femme, n'hésitant pas à commettre de graves erreurs pendant son règne, pour faire plaisir à son épouse.
Ici, l’auteur tricote la grande Histoire pour nous raconter celle d’Aliénor d'Aquitaine et de son époux, Louis VII (a.k.a Louis le Pieux), roi des Francs. Un Roi qui n’aurait pas dû être Roi : c’est la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France, qui l’envoie sur le trône ! Éduqué pour être clerc ou moine, il va batailler pour s’imposer dans son royaume et son mariage. D’ailleurs, cette union va permettre à Louis de tripler son domaine grâce à la dot d’Aliénor. Cet état de fait, n’est au pas au goût de la duchesse d'Aquitaine. En effet, par contrat, son duché ne devait s’absorberait dans le domaine de Louis qu’à la génération suivante !
Ils se partagent la narration, ainsi, en plus de leur histoire commune, on découvre leurs personnalités avec leurs impressions, leurs sentiments et leurs ressentiments. Les deux personnages sont diamétralement opposés. Leurs caractères s’accordent mal : elle est puissante, intelligente et courageuse, il est maladroit, taciturne et naïf.
J’ai adoré cette lecture ! Pleine de stratégies, de complots et de mouvements politiques. S’ajoutent à l’ensemble de ces rebondissements hautement addictif : les peines de cœur de nos héros. D’ailleurs, je dois dire que les prises de paroles de Louis sont sans aucun doute mes passages favoris. L’histoire le dit simplet, l’Histoire nous détrompe. Alors que le côté brute de décoffrage d’Aliénor m'a souvent agacée (maiiiis avec la famille et les ancêtres qu'elle porte sur ses épaules comment faire autrement). Je n’en dis pas plus : lisez-le !
Construit comme un dialogue désespéré entre Aliénor d'Aquitaine et Louis VII, son mari, le beau roman de Clara Dupont-Monod s'insinue entre les deux époux et donne une vision à la fois romanesque et historique de leurs rapports. Alourdie par le poids de la légende familiale, Aliénor dévoile une personnalité fascinante, faite de brutalité et de tendre poésie. A sa soif de pouvoir s'oppose la faiblesse du roi qui porte un manteau trop lourd pour ses épaules : le royaume mais aussi la folie de son amour pour sa femme. Ils prennent la parole tour à tour, conquérante et guerrière chez Aliénor, élégiaque et désespérée chez Louis.
Les personnages sont éperdument romanesques et tout en restant au plus près des faits historiques, l'auteur en donne une vision qui nous les rend proches. Superbement écrit, "Le roi disait que j''étais diable" nous emporte dans les fracas d'un amour mal partagé et dans les remous d'une époque profondément religieuse. L'écriture joue de tous les registres et de la force des deux points de vue en action pour dessiner des portraits finement nuancés que l'on voit évoluer à mesure que les évènements se succèdent. Une très belle lecture qui m'a donné envie d'en savoir davantage sur Aliénor d'Aquitaine et sur Louis VII !
De son balcon du domaine de l'Ombrière, la toute jeune Aliénor d'Aquitaine, robe colorée et cheveux défaits contemple son fief bordelais. Aliénor est fougueuse et éprise de liberté. Elle chérit ses terres d'Aquitaine et du Poitou ainsi que ses gens et aime par-dessus tout la musique et les poèmes des troubadours qui chantent l'amour courtois. Son grand-père Guillaume de Poitiers fut d'ailleurs le premier troubadour connu. Mais Aliénor va être arrachée à tout cela lorsque le Roi de France, Louis VII viendra la demander en épousailles. Une nouvelle vie terne et sans saveur attend la jeune reine qui refusera de se donner à son époux qu'elle trouve falot et sans ambition. Il est vrai que Louis n'était pas destiné à régner sur le royaume de France. Sa vocation était d'être religieux mais il a bien du s'asseoir sur le trône royal à la mort de son frère. Aliénor s'ennuie à mourir et devient méprisante et orgueilleuse envers son époux. Elle brûle de prendre les décisions qui s'imposent pour le royaume. C'est enfin une aventure excitante qui s'offre à elle lorsque, coeurs pieux et bannières au vent, la moitié du peuple s'en va croiser en Terre Sainte. Enfin de l'aventure, de la découverte : Antioche, Constantinople, Jérusalem, Damas... Malheureusement, le roi s'obstine dans ses erreurs stratégiques et leur relation se délite, d'autant plus qu'Aliénor est incapable d'offrir un héritier au trône, se contentant de donner naissance à deux filles : Marie et Alice (ou Alix). Aigrie et sans amour pour cet homme qui n'était pas fait pour elle la téméraire, Aliénor fera annuler son mariage pour se remarier avec Henri Plantagenet, homme brutal et énergique et futur roi d'Angleterre.
C'est dans un récit à deux voix que nous entraîne Clara Dupont-Monod, faisant s'exprimer tour à tour le doux Henri et la tempétueuse Aliénor et mettant en avant la forte personnalité de cette dernière. Une facette de l'Histoire médiévale particulièrement intéressante et agréable à lire.
Le roi disait que j'étais diable car en ce temps-là, une femme se devait de rester à sa place et non de vouloir être fière et orgueilleuse et encore moins de vouloir s'amuser et chanter avec ses troubadours !
La très peu glorieuse histoire du mariage d'Aliénor d'Aquitaine, femme de caractère, aimant la vie et la dévorant à pleine dent, et de notre chétif Louis VII, qui à sa décharge, l'aima autant qu'il aima Dieu. Deux caractères et personnalités contraires, que rien ne peut réunir, narrés avec subtilité par Clara Dupond-Monod. Un livre qui se lit d'une traite, qui permet de resituer certains personnages dans notre si grande Histoire des rois de France, mais qui ne demande pas que l'on s'y attarde.
Une façon originale de traiter d'un personnage qui a marqué son temps : Aliénor d'Aquitaine. Dans sa partie qu'elle intitule "Chronologie", Clara Dupont Monod dit :" J'ai pris le parti de considérer ces quinze années [ de son mariage avec Louis VII, à 13 ans, jusqu'à son divorce quinze ans plus tard] comme celles de l'ennui, de l'impatience, de la maturation jusqu'à cette reine qu'Aliénor deviendra au côté d'Henri Plantagenêt"
Je dirais que c'est tout à fait réussi, à mon goût : on suit les rapports de ces deux êtres que tout oppose, à travers défis, confrontations, amour transi du roi trop mystique pour une jeune fille- presqu'une enfant- fougueuse, éprise de liberté, de volonté de puissance ... Evidemment, ils accumulent l'un et l'autre plus d'échecs que de réussites...
J'ai apprécié le parti pris d'un roman à deux, puis trois voix ( le troisième étant l'oncle d'Aliénor, avec lequel existent des relations fusionnelles) permettant de pénétrer au coeur du ressenti de chacun, laissant le lecteur à même d'accéder au déroulement fatidique de l'Histoire.
Quelques idées qui me semblent tout à fait "coller" au personnage :
" Rien n'est plus angoissant qu'un être joyeux." "J'aime la colère parce qu'elle a quelque chose à révéler." " Paris: une femme énorme et sale qui danse parmi ses immondices." "un paysan poitevin se révèle bien plus complexe qu'un roi.Le premier espère, le second croit."(Aliénor)
"Mes guerres perdues, c'était toi. Et jamais je n'aurais pensé qu'une défaite pouvait être aussi belle." " personne ne sait que derrière chacune de ces trahisons..., il y a tapi dans l'ombre de ma chute, l'espoir fou que tu me regardes."( Henri VII)
"Aliénor fait partie de ces gens que les déceptions rendent forts. Ceux-là sont rares et font d'excellents guerriers.Elle en était un." (Raymond de Poitiers, oncle d'Aliénor)
Il me semble que le parti-pris formel de ce livre, une écriture à deux voix, a pour conséquence d'enfermer les 2 personnages du livre dans des postures figées. C'est pourquoi j'ai préféré la fin du livre, un troisième personnage prenant la parole et finissant l'histoire de façon linéaire, plus historique, sans doute moins littéraire mais permettant aux personnages d'être plus réels et moins monolithiques.
J’avais hâte de découvrir l’histoire romancée d’Aliénor d’Aquitaine dont je ne savais finalement que peu de choses. Ce roman en deux parties donne la parole à trois protagonistes ; d’abord se succèdent le témoignage d’Aliénor et celui du roi Louis VII le Jeune (paragraphes en italique), puis, pour clore le livre, dans une deuxième partie bien plus courte, la conclusion apportée par l’oncle d’Aliénor, Raymond de Poitiers, avec qui elle a été soupçonnée d’entretenir une relation incestueuse.
L’épopée commence au mariage d’Aliénor, alors âgée de 13 ans, et de Louis VII et s’achève au retour de la seconde croisade qui marquera la séparation des époux.
Au-delà d’un récit aux allures historiques, se dessinent les portraits de deux personnes que tout oppose mais que les intérêts politiques ont amené à s’unir : Aliénor y est décrite tout à la fois comme une femme forte, combative, subjuguée par la violence (celle de la guerre, celle des hommes, celle des bas-fonds de Paris) et comme une femme libre, sensuelle, bercée de poésie, amie des troubadours, amatrice de jolies robes et de luxe.
Louis VII, pétris d’admiration et d’amour pour cette peu ordinaire Aliénor, s’affiche comme un être faible, maladroit, ne sachant pas (ou mal) exprimer son amour alors qu’il est plus un homme de paroles que de conflits, subitement contraint à exercer le pouvoir royal, peu enclin à la chose politique, seulement porté par la foi (il se destinait à devenir moine et son obstination à rejoindre Jérusalem est sans doute l’une des causes de l’échec de la croisade)…
J’ai beaucoup aimé ce roman ! J’ai presque trouvé plus de charme à la seconde partie, celle où s’exprime Raymond de Poitiers (la narration est celle de son « ombre », il est décédé lors d’un combat près d’Antioche mais continue de « veiller » sur sa nièce Aliénor). Pourtant la double-narration de la première partie (Aliénor/Louis) est agréable à lire et passionnante dans ce qu’elle montre de leurs relations et révèle des mentalités du Moyen-Age. J’ai retrouvé un plaisir identique à celui que j’avais ressenti à lire « Du domaine des murmures » de Carole Martinez : le verbe est choisi, délicat, restitue parfaitement les émotions sensuelles d’Aliénor, les atermoiements de Louis VII.
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