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Le retrait de la tradition suite au désastre démesuré

Couverture du livre « Le retrait de la tradition suite au désastre démesuré » de Jalal Toufic aux éditions Prairies Ordinaires
Résumé:

Après des décennies de guerres, de destructions, d'occupations, le monde arabe apparaît comme un monde en ruines.
Mais comme le montre Jalal Toufic, il y a des ruines qui résistent aux reconstructions, les ruines immatérielles qui résultent de " désastres démesurés ". Pour l'auteur, cette... Voir plus

Après des décennies de guerres, de destructions, d'occupations, le monde arabe apparaît comme un monde en ruines.
Mais comme le montre Jalal Toufic, il y a des ruines qui résistent aux reconstructions, les ruines immatérielles qui résultent de " désastres démesurés ". Pour l'auteur, cette notion renvoie au premier chef aux nombreuses années de guerre qui ont ravagé le Liban, mais elle désigne plus généralement les atrocités du XXe siècle, le génocide rwandais, ou encore la Shoah. Si l'artiste a effectivement pour tâche de dire le désastre démesuré et de le présenter à la communauté, il ne peut être le porte-parole des morts : il lui faut au contraire ressusciter le " non-mort ", et amener la communauté à prendre conscience de son objet perdu.
Contrairement aux apparences, il n'y a dans ce geste nulle trace de nostalgie, nul désir de retour à une origine ou à une tradition authentique, la tradition s'est retirée pour de bon. L'artiste se situe ainsi dans un espace ontologiquement indéfini, le mince interstice séparant la mort de la vie. La célèbre phrase d'Hiroshima, mon amour revient sans cesse comme un leitmotiv : " Tu n'as rien vu à Hiroshima.
" Moyen de poser le problème du témoignage, et d'interroger la représentabilité du désastre démesuré, qui marque, par définition, une coupure radicale, et détruit tout rapport avec le passé. A travers une analyse essentiellement fondée sur la photographie et le cinéma (mais qui convoque également la théologie), Jalal Toufic nous offre une réflexion rare sur les pouvoirs de l'art et sur sa fonction politique, faisant écho à des auteurs comme Maurice Blanchot, Jacques Derrida, ou Georges Didi-Huberman.

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