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Margherita Guidacci a publié ses deux grands cycles poétiques, Le Retable d'Issenheim (1980) et L'Horloge de Bologne (1981), à un an de distance. Avec le recul du temps les deux font résonner la même éternelle plainte de l'humanité souffrante. On sait que Picasso de passage en Alsace en 1932 avait été très frappé par le Retable d'Issenheim, joyau du Musée d'Unterlinden à Colmar, dont on retrouve nettement l'empreinte dans le Guernica de 1937.
Face au célèbre Retable, Guidacci médite la présence du mal et de la violence dans l'homme à travers les siècles. Car la beauté renversante du grand cycle de peintures de Mathis Grunewald fait apparaître avec d'autant plus de cruauté le cortège de souffrances et de malheurs dont, hier et aujourd'hui, l'homme est tout à la fois la victime et le coupable.
« Confrontons / nos cauchemars, Mathis : lesquels choisirons-nous ? », s'interroge-t-elle. D'un côté, l'humanité du xvie siècle, frappée par les épidémies, les guerres, les famines. Grünewald nous montre les corps mutilés et pourrissants, les visages affolés, les hurlements. De l'autre, le monde moderne, où le mal prend le visage de la guerre et du terrorisme.
Guidacci en prend pour symbole l'attentat à la gare de Bologne, le 2 août 1980, le plus meurtrier en Europe (85 morts et 200 blessés) jusqu'aux attentats de 2015 à Paris (130 morts et 352 blessés). Sur le mur de la gare, l'horloge de Bologne reste aujourd'hui encore bloquée à 10 h 25, l'heure de l'explosion.
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