Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
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Un livre à l'œil
C'est à la manière d'un cabinet de curiosités que Corinne Desarzens explore notre globe oculaire. Son érudition nous offre, de l'antiquité à nos jours, un panorama saisissant de cet organe si sensible. Mais ces histoires d'yeux ne sont-elles pas avant tout là pour voir l'homme à la veste rouge ?
« À l’intérieur de l'œil existe ce qui s'appelle une tache aveugle, là où la rétine rencontre le nerf optique. À cet endroit précis ne filtre aucune information visuelle. (...) ce qui pose la question de savoir si nous voyons le monde directement, ou si nous faisons confiance à une représentation générée à l’intérieur de notre corps, qui complète ce qui manque. Coupons court aux hypothèses: non seulement nous l’absorbons, ce monde, mais nous le fabriquons, l’élaborons, le raccommodons. L'imagination recolore automatiquement le paysage. Oui, le monde se modifie et se recompose parce que je le regarde. » Après une visite chez l'ophtalmologue, la narratrice va se passionner pour cet étrange organe qu'est l'œil et vouloir tout en connaître. Elle va alors nous entraîner dans un étonnant voyage.
Dans son cabinet de curiosités, on va trouver bien des histoires, une série d'objets, principalement en verre, destinés à améliorer la vue, mais aussi des livres - ouvrages savants autant que romans - ou encore une recette de cuisine peu ragoutante. Sans oublier une veste de la même couleur que ce fil rouge du roman.
Mais procédons par ordre chronologique et remontons à l'époque d'Hippocrate, en 400 avant J.C. C'est à cette époque que l'on découvre qu'en appliquant un aimant sur l'œil, on peut retirer des fragments de métal qui s'y trouvaient. Mais on utilisait alors « l'orme de poudre d'aimant pulvérisé avec du plomb et du lait de femme comme contraceptif. »
Au fil des siècles, le globe oculaire va continuer d'être l'objet d'une attention particulière, mais ce n'est qu'au Moyen-âge que de nouvelles avancées significatives seront enregistrées, notamment avec les chirurgiens Vésale et Ambroise Paré, appelés au secours d'Henri II, victime d'une grave blessure qu'il faut traiter dans l'urgence. Il faudra toutefois une vingtaine d'années au chirurgien pour parfaire sa technique et gagner en efficacité.
Bien plus rocambolesque encore est l'histoire des lunettes. Tellement rocambolesque qu'il faut s'en remettre à des hypothèses. Gui de Chauliac, devenu par la suite le médecin de trois papes, recommande le port de lunettes dans un ouvrage médical de 1303. « Effervescence immédiate malgré une antériorité contestée par un ophtalmologue de Montpellier, puis par les archives d’un minuscule patelin où un compromis pour régler un différend aurait été signé, en 1282 déjà, par un individu chaussant des lunettes. Les couvents italiens s'en mêlent tandis que le mystère s'épaissit même en y voyant plus clair. Il n'y a pas encore vingt ans, dit frère Giordano de Rivalta dans un discours du 23 février 1305, qu'on a découvert l'art de faire des lunettes. (...) Sur une dalle de l’église Santa Maria Maggiore, à Florence, cette inscription ne sera relevée que trois siècles plus tard: Ci-gît Salvino d'Amati de Florence, inventeur des lunettes. Dieu lui pardonne ses péchés. L'an de Dieu 1317. Ainsi s’appellerait celui dont le frère Alexandre Spina aurait repris l’invention.
Le frère franciscain britannique Roger Bacon poursuit, lui, les expériences d'Alhazen sur les lentilles convexes qu'il présente honnêtement sous le nom de loupes, vers 1266. »
Insatiable, Corinne Desarzens ne se contente pas de recherches historiques. Elle élargit son champ de vision, si j'ose dire, aux affections de l'œil et aux artistes qui en sont victimes. Dans sa liste, arrêtons-nous sur Claude Monet et ses célèbres Nymphéas. Il y a fort à parier que ses toiles auraient été bien différentes s'il n'avait souffert d'une vision défaillante. « Je vois bleu, je vois bleu, psalmodie Monet, je ne vois plus le rouge, je ne vois plus le jaune; ça m'embête terriblement parce que je sais que ces couleurs existent ; parce que je sais que sur ma palette il y a du rouge, du jaune, il y a un vert spécial (.…), mais je ne les vois plus comme je les voyais dans le temps, et pourtant je me rappelle très bien les couleurs que ça me donnait. » avoue-t-il.
Il faudrait aussi dire un mot des références musicales et littéraires qui parcourent ce très riche ouvrage, de Jean-Sébastien Bach à Stevie Wonder, de Dino Buzzati et son Désert des Tartares à Borgès, mais je préfère m'attarder sur cet homme à la veste rouge que le lecteur va croiser à plusieurs reprises et dont on imagine qu'il est à l'origine de cette quête, maintenant qu'il n'est plus visible.
La nostalgie d'une promenade au Parc de Valency à Lausanne (où se trouve le petit cheval tatar du titre) me laisse en effet penser que ce curieux et passionnant petit livre doit beaucoup à des amours défuntes.
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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