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Il y a un million d'années, quelque part dans l'immensité des montagnes de l'actuelle Birmanie.
Ceux-là s'appellent les Xuah, jour après jour, depuis longtemps, les vents trop froids ont tué nombre de leurs enfants. Alors, la mémoire du plus âgé d'entre eux parle : avant de s'arrêter, les Xuah marchaient vers le lieu d' où monte, chaque matin, un nouveau soleil. Et les Xuah se lèvent pour reprendre la marche interrompue, à la recherche du nom perdu du soleil. Ils vont, de rivière furieuse en forêt d'arbres jamais vus peuplée d'animaux inconnus - comme ce géant, ni homme ni animal, que craignent même les grands tigres -, jusqu'à la rencontre avec ces autres hommes qui, eux, s'ils ne savent pas attraper le feu, connaissent le nom du soleil...
De l'aventure commune, faite de terreurs et d'émotions mêlées, va naître un étrange et nouveau sentiment partagé : ce qui sans doute s'appelle l'espoir. " Vous allez dévorer un vrai roman, mais un roman qui s'offre le luxe de se dérouler ailleurs et avant - une péléofiction exotique - il y a un million d'années en Extrême-Orient ", Yves Coppens.
700 millions d’années après Celui qui regarde la montagne au loin Pierre Pelot nous fait vivre sur les bords de la rivière du territoire que nous appelons actuellement Birmanie.
Nous faisons connaissance avec les Loh et les Xuah.
Les Xuah se sont sédentarisés depuis trop longtemps. Le froid tue tous leurs enfants autant dire que leur tribu sera vite décimée s’ils ne réagissent pas.
Un ancien Notla raconte que lorsqu’il était enfant leur clan marchait. Alors ils vont se mettre en route.
« Ceux nés dans la montagne étaient maintenant des hommes et des femmes. Ils laissaient derrière eux ce qu’ils savaient du monde. Ils étaient redevenus les Xuah en marche vers le lieu de naissance du jour. Ils allaient dans un monde nouveau, dont ils ne connaissaient rien, qu’ils apprendraient tant qu’ils seraient des hommes et des femmes vivants. »
Le périple est long et empli d’embûches, ils luttent contre les intempéries, les bêtes sauvages, ils combattent un serpent, l’auteur nous gratifie d’une scène extraordinaire par ses détails. Une nature vivante et dangereuse pour qui ne sait pas ce qu’il affronte.
Puis ils arrivent sur une rive de la rivière grondante et capricante et s’y installent.
Savent-ils que l’autre bord est habité depuis longtemps par les Loh ?
« Des murmures de stupéfaction effrayée montèrent des rangs des Loh.
— Iwah-iwèh, dit Vuh’h sur un ton bas et rauque, avec les gestes pour sauter dans les arbres et le geste pour une queue.
— Iwa, dit celui à la peau d’iwah-iwèh-es’rs-ôh attaché à son cou.
Il répéta les gestes disant sa grande taille massive de ata-ata iwah et son absence de queue. C’était impossible de sauter dans les branches et les arbres, avec une pareille taille et un tel poids. »
Et il y a affrontement autour de la chasse d’un chevreuil, un des Loh meurt et le Xuah retraverse la rivière avec sa proie.
Les Loh sont sur le pied de guerre, ils grondent aussi fort que le ciel et puis renoncent.
Seul Aaknah partira sur les traces du Xuah rejoint par le jeune Ni’Ata, ce qu’ils découvrent les stupéfie. S’apercevant qu’ils ne peuvent rien faire ils reviennent dans leur clan.
Aaknah raconte la façon de vivre des Xuah leur habitation et surtout le feu.
Les Xuah savent conserver et transporter le feu mais pas le créer.
Il n’est pas cru mais plus encore il est considéré comme lâche puisqu’il est revenu sans avoir tuer le Xuah.
Il décide de s’enfuir, le jeune Ni’Ata le suivra et ils emmèneront aussi trois femmes.
Pour le clan c’est plus qu’une trahison, un crime. Ils seront poursuivis et c’est ainsi qu’ils traverseront la rivière et pénètreront sur le territoire des Xuah.
S’ils ne partagent pas le même langage, ils sauront mettre en commun leur savoir respectif et ils créeront un nouveau peuple fait de métissage.
Je déclare solennellement Pierre Pelot grand maître de l’hypotypose.
Il y a un travail dans l’écriture qui ne fait qu’amplifier l’imaginaire déployé.
Appuyé sur de solides connaissances, une invention d’un langage propre à chaque clan (un glossaire est à la fin de chaque tome), personnellement les scènes ont un tel souffle que je n’ai pas fait appel au glossaire. Très imagé, dense chaque épisode se vit de l’intérieur.
Une façon de voir combien l’évolution est différente d’un clan à l’autre.
Il y a la course du soleil, les rites de retrouvailles, l’usage des plantes…
Ce récit picaresque est une épopée enflammée et passionnante.
J’adore faire ce grand voyage qui avec le talent de l’auteur nous permet d’engranger des connaissances et de nous interroger sur notre époque.
©Chantal Lafon
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