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Engagé à dix-huit ans comme mousse sur un cargo, Nordahl Grieg a tiré de cette expérience ce récit maritime à la fois exalté et terrible, à la prose élégante et limpide, qui égale en force ces textes inoubliables que sont Redburn d'Herman Melville ou Le Quart de Kavvadias. À sa publication en 1924, Le navire poursuit sa route valut à son auteur une reconnaissance littéraire immédiate, mais provoqua le ressentiment de nombre de ses compatriotes norvégiens, qui n'apprécièrent guère de voir ainsi décrites les vicissitudes des marins. Car si Nordahl Grieg sait glorifier le courage de ces hommes, s'il s'attache à montrer leurs souffrances, mais aussi leurs joies quotidiennes, il n'est cependant pas aveugle à la brutalité de cet univers masculin, où la solidarité qui est de règle s'effrite parfois devant les coups du sort. Le navire, lui, poursuit sa route : la phrase titre du livre, qui revient comme un leitmotiv, souligne combien dérisoire est le destin des individus, face à la puissance écrasante du bateau, machine à broyer les hommes.
Traduit du norvégien par Hélène Hilpert et Gerd de Mautort, revu par Philippe Bouquet.
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