"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour le commissaire Baron, il ne s'agissait que d'un service à rendre à une vieille amie, partir à la recherche de Jérôme Polani qui n'avait pas regagné son appartement de Saint-Guénolé depuis près d'une semaine, et restait injoignable. Mais fallait-il vraiment s'en inquiéter, quand on connaissait le passé chaotique du jeune homme ? Pourtant, lorsqu'un chalutier du Guilvinec ramena dans ses filets le corps d'un noyé, dépourvu de papiers d'identité et au visage rendu méconnaissable par un séjour prolongé dans l'océan, la disparition de Jérôme devint plus énigmatique. Et lorsque les conclusions médicales révélèrent que la victime n'était pas morte noyée mais assassinée, l'affaire prit une tournure infiniment plus dramatique... Jérôme avait disparu dans la nuit au cours de laquelle l'inconnu avait été tué. L'affaire Polani commençait. Hervé Huguen nous livre une fois de plus un excellent polar d'atmosphère, inspiré d'un fait réel, qui vous plongera dans les brumes, les bruines et les bourrasques du Pays bigouden...
Nazer Baron plus mélancolique que jamais dans ce nouvel opus. La saison est finie, les jours d'octobre sont frais, venteux et pluvieux. L'ambiance est grise, froide. Le commissaire n'est pas un joyeux drille et Hervé Huguen n'écrit pas des comédies policières, mais des histoires ancrées dans la réalité -icelle s'inspire d'un faits divers réel- avec des personnages qui ressemblent à nos fréquentations et rencontres quotidiennes.
Nazer Baron est un cérébral qui s'appuie sur le travail de fourmi des gendarmes dans cette enquête. Il déduit, sent, flaire et lorsqu'il parvient à trouver le dernier détail, celui qui lui manquait, son sens de la déduction recolle tous les morceaux et il ne reste plus qu'aux suspects à passer aux aveux confrontés à la réalité de leurs actes.
J'aime beaucoup les romans policiers de Hervé Huguen qui en plus de présenter un personnage attachant, décrivent une région et ses habitants et présentent des intrigues bien tournées et surprenantes. Ils sont lents, prennent le temps d'installer les conditions géographiques, météorologiques, et d'humeur de Baron et sont passionnants et impossibles à lâcher avant la fin. Le tout fait avec élégance et sobriété. Plus j'avance dans sa série avec Nazer Baron, j'en suis à trois, plus je regrette de ne pas l'avoir connu dès le début. A propos de début, voici celui du roman :
"N'était-il pas curieux de se souvenir si longtemps après, et avec une telle précision, d'instants aussi insignifiants ? Il les avait vécus comme des heures sans importance, tellement pareilles aux autres que sa mémoire devrait s'efforcer ensuite d'en reconstituer le fil égaré. Pouvait-il prévoir qu'on lui demanderait de revivre ces moments parce que d'autres, des semaines plus tard, auraient besoin de comprendre ce qu'il faisait dans cet endroit ? Et pourtant, c'était bien ici que tout avait réellement commencé." (p.11)
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