A partir de l'an mille, grâce à une vaste reprise économique, l'Europe connaît un irrésistible processus de renouveau politique et social engendré par la progressive dissolution des deux grands centres de pouvoir : le Saint Empire romain germanique et l'Église. Cette crise donnera naissance à une nouvelle conscience culturelle et à un foisonnement de manifestations artistiques régionales, berceau des futurs arts nationaux. Si la réforme clunisienne revêt l'Europe d'" un blanc manteau d'églises " pour reprendre l'expression du moine-chroniqueur Raoul Glaber, les villes jouent un rôle tout aussi crucial dans la transformation des modalités de la production artistique. Les villes commencent en effet à renaître grâce à l'essor démographique croissant et au poids acquis par le commerce, devenu le principal moteur politique, économique et culturel de la société européenne. Pour les souverains, les nobles, les ecclésiastiques, la communauté citadine et la bourgeoisie naissante, l'art est un moyen d'afficher leur suprématie et leur nouveau rang social. L'époque romane est caractérisée par la richesse et la variété de ses réalisations, ce dont témoignent, dans les villes, les chantiers des cathédrales où sont expérimentés des modes de construction et où s'affirme un nouveau langage figuratif, grâce à de complexes programmes iconographiques, tant picturaux que sculpturaux. Avec le temps et l'affinage des techniques, dans l'aire française, les architectures deviennent, au XIIe siècle, plus légères et élancées, les murs sont dorénavant percés de vitraux étincelants qui donnent vie à un espace transfiguré par la lumière divine. C'est le triomphe de l'architecture gothique. Elle donnera ses fruits les plus impressionnants avec les églises de France et d'Allemagne. Le raffinement, la précision de l'exécution et le choix de matériaux précieux ne sont que quelques aspects caractéristiques du langage esthétique du monde gothique. Celui-ci trouve son expression dans les formes les plus diverses de l'art décoratif dépassant les traditionnels arts majeurs, il va de la miniature à l'orfèvrerie, des ivoires aux vitraux. Le dialogue avec l'art classique, intense tout au long du Moyen Age, au cours duquel il se confronte aux traditions locales ou se transmet par l'intermédiaire de la tradition byzantine, s'accompagne, au XIIIe siècle, d'une observation attentive de la nature. C'est à partir de ces éléments que se développent les deux principaux courants artistiques en Europe au XIVe siècle : d'une part l'élégance formelle et la recherche linéaire de l'Europe du Nord, manifestation de l'idéal courtois, de l'autre la recherche sur l'espace, le volume et la profondeur des sentiments, propre aux artistes italiens.
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