Le travail de Francis Freundlich, issu d´une thèse, nous fournit abondance de faits et d´arguments pour comprendre comment se déchaînent, par moments, les passions ludiques et comment elles sont exploitées par des forces sociales diverses, objets d´interdit mais réutilisées au profit de l´économie publique, choses prescrites, mais mobilisées au service de l´affirmation égoïste de l´individu.
Hier comme aujourd´hui, le jeu intéresse toutes les classes sociales.
La ville, creuset des valeurs du changement, lui est donc un théâtre propice. La police, dans son souci de transparence sociale et de régulation ordonnée de l´espace, en a fait un objet privilégié de ses enquêtes, de ses poursuites, de ses réflexions. Le mérite de Francis Freundlich est sur ce point de montrer la continuité extraordinaire des préoccupations policières de l´Ancien Régime à la Révolution. Cette histoire du jeu à l´époque de la raison triomphante était nécessaire, car elle corrige une vision trop contrastée et trop habituelle :
L´irrationalité est présente au coeur de la rationalité. Elle s´inscrit dans une relecture plus générale pour comprendre le basculement d´un monde et elle nous invite à réfléchir sur notre temps. Le travail de Francis Freundlich prouve que, depuis longtemps, la ludopathie n´était plus réservée à l´élite, un espoir de redistribution des chances captait déjà le petit peuple, les pauvres et les intégrés, c´était pour eux une réponse aux difficultés, et une manière de participer aux retombées des changements économiques et matériels plus profonds.
Les jeux du XVIIIe siècle constituaient pour les défavorisés un espoir; les jeux du XXe siècle et du futur, quand la révolution technologique repousse les limites du territoire ludique, utilisent la même motivation mais ils livrent tout un chacun à l´idéologie de l´argent facile et à l´escroquerie des industriels du hasard. La lecture du livre de Francis Freundlich doit nous inciter à la prudence et à la vigilance, c´est une belle leçon de civisme.
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