"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les nouvelles du Miroir qui parle composent un tableau vif et coloré, un écheveau de signes et de récits issus pour la plupart de Cuba, l'île mythique des Caraïbes où retentit toujours la voix de Guillermo Cabrera Infante, malgré la censure et l'exil. Qu'il se penche avec attendrissement sur ce «personnage inoubliable» que fut son oncle ou qu'il évoque le souvenir de ces adeptes des religions afro-cubaines qui tournent autour de l'arbre magique, la ceiba, l'auteur ne cesse ici de jouer et de jongler avec les mots d'une façon à la fois drôle et profonde. En effet, il nous fait rire aux éclats, mais il s'y prend avec le plus grand sérieux, car, chez les Cubains, l'humour est, comme la musique et la danse, un art exigeant qui associe la maîtrise à la spontanéité. À l'instar de grands chanteurs et de grands danseurs de Cuba auxquels nous pourrions aisément le comparer, Cabrera Infante nous montre que sa virtuosité n'a d'autres limites que notre disposition à nous laisser entraîner par son écriture dans une fête de l'intelligence, de la grâce et de la sensualité. Aux quinze nouvelles du recueil original vient s'ajouter, dans notre édition, «Métaphynale», le dernier chapitre de Trois Tristes Tigres qui est resté inédit pendant plus de trente ans.
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