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« M. Henri Ducasse, député, a dit qu'il allait cesser ses relations avec Sarah Bernhart attendu qu'il
l'avait surprise avec le comte de Rémusat, son collègue à l'assemblée, et aussi avec M. Amédée
Gautrey. Que lorsqu'il arrivait chez Sarah, rue de Rome no 4, il était parfois obligé de faire
antichambre, en attendant que l'un ou l'autre de ces messieurs soit sorti et qu'il était lassé de
jouer une pareille comédie pour une femme à laquelle il avait donné plus de 30 000 francs depuis
trois mois. Il a ajouté qu'il ne comprenait pas comment cette actrice consentait à recevoir des
hommes aussi âgés. Il est bon de remarquer que M. Ducasse est lui-même très âgé, et de plus
infirme, il est paralysé d'une partie du côté gauche. »
Les archives de la préfecture de police recèlent en leur sein un trésor inexploité pour historien : le
registre B6/1, celui des demi-mondaines répertoriées par la police des moeurs dans les années
1870. Ces « cocottes » ou « biches » sont des prostituées hors maisons closes et hors trottoirs. On
les appelait jadis « lorettes », on parle à l'époque de la « haute bicherie » ou - pour les plus
expérimentées, celles du Second Empire - de la « vieille garde ». Elles sont 795 ainsi répertoriées
et fichées.
Elles s'appellent Félicie Marmier, élève de la Légion d'honneur, nièce de général et d'académicien,
maîtresse du marquis de Rianzuella, du duc de Noailles, du comte Chabot, du prince Troubetskoï,
du prince Poniatowski ; Louise Fasquelle, malheureuse syphilitique « qui n'est plus reçue nulle
part » ; Marguerite de Bosredon, « élégante des plus recherchées », dont le mari, notaire,
implore : « Si tu te repre nds et si tu m'appelles tu me trouveras toujours disposé à la clémence » ;
Mme Lechevalier, maîtresse d'un Rothschild « qu'elle suce au point de l'épuiser » mais, note
l'agent, « dame de charité » au profit des Soeurs de la rue Chaptal ; ou Mlle Feliciani, recueillie par
d'excellents bourgeois à trois ans, alors qu'elle courait les rues avec sa mère, chassée à dix-huit
ans pour une liaison avec un négociant en farine d'Arcachon, accusée d'avoir agressé, dénudé et
dévalisé en pleine forêt son amant du jour, le fils Courbet.
Cette source est bien plus qu'un répertoire pittoresque, « croustillant », de la grande société et de
la prostitution huppée sous la Troisième République. Gabrielle Houbre, historienne de la société du
xixe siècle, en donne les clefs. Qui sont ces filles ? Qui sont leurs clients ? Où vivent-elles ? Quelle
misère, quelle somme d'exploitations et d'aliénations dissimule l'éclat apparent - et éphémère - de
leur train de vie ? Quelles manipulations, le plus souvent politiques, se trament derrière l'apparente
sécheresse des notices policières, véritable registre d'espionnage du tout-Paris diplomatique,
politique et financier oe
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