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Aux Collets, la vie n'est que misère et chemin de croix. La neige sévit six mois durant et paralyse ainsi le hameau. Quand elle cesse de tomber, ce sont des pluies torrentielles qui se déversent, emportant tout sur leur passage. Puis soufflent les vents, éreintant les esprits les plus courageux. Les terres sont si maigres que le grain ne peut y germer. Et pourtant cinq familles vivent au gré des saisons et des corvées. Elles luttent contre la pauvreté - leur lot quotidien - quand ne se rajoute pas la déveine. Mais la famille de Silvère Marrou, le patriarche au caractère bien trempé, ne renonce pas pour autant au bonheur. Petits et grands gardent au fond de leur coeur une part d'innocence, et les plaisirs, si rares soient-ils, prennent une autre importance.
Pour comble de malheur, les mots de la ville n'arrivent même pas au pied de ces sommets escarpés, car on n'y parle pas le français. Les vieux utilisent encore le patois, la langue mystère de leurs pères. De quoi provoquer un regrettable quiproquo qui deviendra le secret de la famille Marrou et constituera la trame émouvante de leur existence.
Un roman savoureux, juste et vrai, infiniment touchant, au coeur d'une région âpre et magnifique. Alysa Morgon parvient à mêler tragédie, humour et poésie, pour restituer les sentiments et les émotions de ses personnages face aux éléments les plus hostiles et aux événements les plus terribles. Et puis, soudain, contre toute attente, la vie et l'amour reprennent peu à peu leurs droits.
J'aime les livres, les vrais, pour leur façon d'attirer mon regard, pour leurs couleurs, pour leur poids entre mes mains. J'aime les livres pour ce qu'ils ont à me dire, à m'apprendre, à me raconter. J'aime les livres pour les mots qu'ils me font parcourir, pour les voyages qu'ils me font vivre, pour les rencontres qu'ils m'offrent. J'aime les livres pour leur saveur, pour leur odeur, pour leur présence à mes côtés.
Mais grâce à des auteurs telles qu'Alysa Morgon, j'aime aussi les livres pour leur senteur, ce parfum unique qu'elle sait y glisser, y distiller, ce parfum délicat que je ressens et que je reçois comme un cadeau, précieux et authentique. Ce parfum, c'est celui de la Provence et, avec "Le hameau près du ciel" paru chez Lucien-Souny en version poche, c'est celui des Hautes-Alpes qu'Alysa Morgon nous invite à respirer, à sentir, à partager.
Dans ce petit coin de montagne, la vie est rude. Il neige six mois dans l'année et dans le hameau des Collets, quand il ne neige plus, il pleut, ou le vent se lève, et souffle à nous couper le souffle!... Pourtant c'est là que vivent, tant bien que mal, loin de tout et de toute civilisation dite "civilisée", cinq familles, dans des fermes réunies autour de celle du patriarche Silvère Marrou. Aux Collets, la vie est dure. C'est rien de le dire. Le mauvais temps quotidien, les récoltes manquées, l'isolement volontaire ou subi constituent la majeure partie de l'existence de ses habitants. La majeure, oui, mais pas l'essentielle! Car chacun, chacune porte en lui sa part de rêve et d'espoir, qui dans son savoureux patois provençal, qui dans ses mots entrés en tête à force de volonté et de persévérance. Et c'est là que se trouve le sel de ce roman, dans ces langages qui se croisent, s'approuvent, ou se buttent, s'opposent, qui toujours se mélangent, s'échangent et parfois ne se rencontrent pas ou pas vraiment, pas tout à fait!
Les certitudes des grands, des aînés, leurs habitudes ne sont pas forcément acceptées par les plus jeunes qui attendent de la vie, autre chose, même s'ils ne savent pas exactement le nommer. On ne veut pas être, pas faire comme "les anciens" mais on a besoin d'eux, de leur présence, de leur solidité, de leur affection qu'ils offrent, mal parfois mais toujours avec une immense générosité.
Ce roman d'Alysa Morgon, je l'ai commencé hier soir après une journée de grandes contrariétés administratives, et je n'ai plus pu le lâcher, lisant ainsi jusqu'à une heure avancée de la nuit, mais qu'importe! Cette lecture m'a apaisée, réconciliée avec notre monde, fait sourire, rire et même pleurer. Mais c'est pas grave! Parce que ce roman, c'est la vie, les racines de la vie. A maintes occasions, il m'a rappelé cette chanson de Jean Ferrat apprise il y a bien longtemps sur les bancs de l'école "Pourtant, que la montagne est belle!" et ses habitants, ancrés dans cette terre, pas très accueillante, mais c'est la leur, la seule qu'ils connaissent, la seule où ils peuvent vivre.
J'ai aimé ces conversations authentiques, sincères et "vraies". J'ai partagé les désirs, les envies, les rêves d'un ailleurs pas facile mais idéalisé. J'en ai tourné les pages sans m'en rendre compte et la surprise m'a saisie quand la dernière s'est refermée sous mes doigts.
Ce n'est pas le premier roman d'Alysa Morgon que je lis. Je la suis depuis quelques petites années à présent. Des liens d'amitié se sont même créés. Je sais ce qui m'attend avant de commencer à lire. Mais, avec "Le hameau prés du ciel" acheté à Nyons en mai dernier, elle a réussi encore à me surprendre. Le style, l'écriture sont bien là, bien présents et leur qualité reste indéniable mais le récit, l'histoire, les mots qu'Alysa Morgon y a posé sont autres, à la fois les mêmes et pourtant si différents, émouvants, vibrants, vivants! Et tellement odorants!
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