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C’est le titre qui m'a attirée tout de suite, et la couverture aussi bien sûr. Le grenat du Cardinal avec le cardinal de Richelieu sur la couverture, le Louvre, plein de symboles qui me donnaient envie. On y ajoute à cela un résumé bien intriguant avec un jeu de passé et de présent qui promet une lecture comme je les aime.
Je ne vais pas trop revenir sur le résumé, il donne toutes les informations nécessaires et en dire plus serait dommage.
Le plus important à savoir est que nous allons suivre un jeune homme d'une vingtaine d’années, vingt-trois ans exactement, Nicolas. Il travaille dans la restauration du patrimoine. Il a baigné toute son enfance dans ce milieu grâce à sa mère qui est gardienne au musée du Louvre. Il invite un soir son supérieur afin qu'il fasse connaissance avec sa mère, qu'il a toujours connue célibataire. Ce supérieur est intrigué par la bague que porte Marie. En l'examinant, il se rend compte que ce n’est pas une contrefaçon, que c’est une bague d'époque, un grenat monté sur un anneau de vermeil, avec à l’intérieur de l'anneau des initiales gravées ACR ainsi qu'un blason. Le lendemain, son supérieur, après recherche, lui dit que cette bague n’est pas une contrefaçon, et qu'elle appartenait certainement au Cardinal de Richelieu. En rentrant chez lui, sa mère lui annonce que le père de Nicolas n'est autre que le Cardinal de Richelieu et pour tout lui expliquer, elle lui remet son carnet où elle a tout noté en 1994.
Nicolas va ainsi partir à la recherche de ses origines, dans ce carnet où sa mère raconte sa rencontre avec le Cardinal de Richelieu lui-même, qu'elle a croisé une nuit de juin dans les couloirs du Louvre et avec qui elle va vivre un mois. Nicolas va rentrer dans la vie intime de sa mère avec cet homme, et est loin d’être au bout de ses surprises, même quand il aura fini la lecture de ce journal intime.
Ne vous inquiétez pas, je n'en ai pas trop dit, tout ceci fait partie du prologue. On rentre ensuite dans le vif du sujet avec la lecture du carnet de Marie. On va suivre sa rencontre avec le Cardinal, sa vie avec lui pendant ce mois où il est resté chez elle, son attachement à lui qui devient de plus en plus profond, comme on peut se douter puisque Nicolas est le fruit de leur amour. On va aussi faire la connaissance avec cet éminent personnage. Je dois dire que ce roman aura au moins eu l'avantage de me donner une autre image que celle que j'avais de cet homme. Je garde de lui l'image d'un homme austère, froid, calculateur, qui me vient de mes lectures des Trois mousquetaires de Dumas. Ici, j’ai découvert un autre visage, un amoureux des chats, des femmes, des belles choses, un homme loyal envers son roi, sensible et délicat. J’ai vraiment eu d'autres facettes de cet homme que je ne connaissais pas si bien que ça.
J'avoue qu'au début, j'ai eu un peu de mal. Non pas par le fait que le Cardinal arrive dans le présent moderne, mais plutôt par le fait qu’il a eu l'air de l'assimiler facilement, et Marie aussi. Je m'attendais à plus de questionnement de leurs parts, ou de surprise, là, leur comportement à tous deux fait que cela semble normal. En me mettant à la place de Marie, je crois que j'aurais totalement paniqué !. Mais bon, ce n'est qu'un ressenti totalement personnel qui ne regarde que moi, et même si ça paraît totalement surréaliste, l'auteure a réussi à me rendre crédible cette venue dans notre époque d'un tel personnage. Surtout que Richelieu a réellement disparu pendant un mois dans la réalité, et quand j'ai appris ça, j'ai trouvé que cela rajoutait de la crédibilité à l'histoire. Et puis, c’est vrai que Richelieu était un charmeur et on comprend aisément que Marie en ait été troublée.
J’ai aimé la délicatesse de l'auteure, elle relate une romance avec beaucoup de sensibilité et de pudeur. Et elle a su adapter le langage selon la personne qui parle, surtout lorsque c’est le Cardinal, le style est suranné, avec des mots et une orthographe que l’on n’utilise plus. Je me suis par moment cru dans une pièce écrite par Molière. Pour ça, Marine Wartel a vraiment été d'une grande justesse. Une chose est sûre et ressort de cette lecture, c’est qu’elle maîtrise parfaitement son sujet, avec de nombreuses références historiques dans les faits, mais également dans les petites choses du quotidien comme les habits ou la façon de boire une tisane. Elle a vraiment été très pointilleuse là-dessus et cela donne beaucoup de réalisme. Même si parfois j'ai trouvé que le Cardinal s'habituait un peu facilement à son environnement, il n'a pas paniqué en voyant la télé ou les voitures, il m'a épatée sur ce coup là, on est loin des situations ubuesques des Visiteurs qui se lavent dans les WC… il faut dire aussi que le Cardinal est un personnage beaucoup plus raffiné…
Je me suis très vite attachée aux personnages, que ce soit Nicolas ou sa mère Marie. Je les ai trouvés très intéressants et passionnants à suivre. Le livre est divisée en plusieurs parties. Dans le prologue, on suit Nicolas, ensuite on a une partie où on suit Marie 20 ans plus tôt avec le Cardinal, et on revient ensuite dans une partie qui se passe au présent où on est à nouveau avec Nicolas. J'ai bien aimé cette partie, qui elle, m'a semblé vraiment très crédible, les questions qu'il se pose et les recherches qu'il fait pour prouver la crédibilité de ce qu'il vient de lire sont tout à fait des réactions que tout le monde pourrait avoir face à de telles révélations.
L’attachement aux personnages s'est faite aussi grâce au choix narratif de l'auteure qui est celui que je préfère. Pour la première partie, elle a en effet utilisé la narration à la première personne du singulier, qui est tout à fait logique, vu que c’est la retranscription du journal de Marie. Et j'aime bien l’utilisation de ce « je » qui me permet de me mettre à la place du personnage, de rentrer dans sa peau et dans sa tête, de connaitre la moindre de ses pensées, je me suis sentie à la place de Marie lorsqu'elle rencontre le Cardinal. Et c’est sûrement pour ça que je n'ai pas toujours été d'accord avec ses réactions, je me suis sentie tellement à sa place que je m'attendais à ce qu'elle réagisse comme moi, j'oubliais carrément que ce n’était pas moi, mais un personnage de fiction. Je félicite l'auteure pour avoir ainsi su m’imprégner totalement de l'ambiance. La seconde partie où on se retrouve au présent avec Nicolas est écrite à la troisième personne du singulier, ce qui crée une distance, mais comme je m’étais déjà attachée à lui grâce au passé de sa mère, je n'ai trouvé aucune différence entre les deux modes narratifs.
Et tout cela porté par un très bon style de l’auteure. C’est son premier roman, et j’ai trouvé son écriture totalement maîtrisée. On sent qu'elle a dû faire beaucoup de recherches en amont sur l'époque, sur le Cardinal, sur l'Histoire de la France pour donner autant de détails et de précisions. Marie est également un personnage très mélomane, elle écoute beaucoup de musique classique et j'ai beaucoup aimé les nombreuses références musicales que je me suis amusée à aller écouter et je trouve que cela m'a donné une nouvelle ambiance à ma lecture. D'ailleurs Marine Wartel explique à la fin du livre toutes ses recherches, à quoi elles correspondent dans son histoire, elle replace les personnages dans son contexte, explique qui est qui, et dit qu'elle porte à ce Cardinal un attachement particulier, du respect et de l’admiration, et cela se ressent au travers de ce roman. Il m'a permis de me faire une autre idée de cet homme que je n’appréciais pas à sa juste valeur, et cela m'a donné envie de le découvrir encore plus et de lire des biographies de lui. Elle nous donne quelques pistes de livres à lire, et je pense que je vais les suivre.
Vous comprendrez je pense, au vu de la longueur de cet avis, que j'ai beaucoup aimé ma lecture. Même si je n'ai pas toujours compris certaines réactions, ou été d'accord avec, ce roman aura eu le mérite de m'avoir montré un autre aspect de ce grand homme qu'est le Cardinal de Richelieu au travers une histoire bien écrite. J'ai lu ce roman facilement, je me suis vite laissée prendre au jeu de cet énigme, et j'ai trouvé la fin très jolie et poétique, très émouvante. Une lecture passionnante, je me suis régalée. Je découvre une nouvelle auteure, Marine Wartel, comme je le disais plus haut, c’est son premier roman, je vais la suivre et m’intéresser à ses futurs écrits. J'ai lu dans une de ses interviews qu'elle préparait une autre histoire avec un couple qui se retrouverait à l’époque victorienne après avoir été brutalement séparé à l’ère Viking. Ce sujet me passionne déjà à l'avance et je me doute que cela doit lui donner encore beaucoup de travail de recherches. En tout cas, je reste à l’affût et la lirai à nouveau avec plaisir.
De prime abord j'étais un peu sceptique de projeter une telle figure historique dans notre époque, de plus, le fait que Marie accepte sans sourciller qu'il s'agisse bien du Cardinal m'a fait tiquer mais j'ai rangé mon esprit cartésien et me suis lancée.
@marinewartelbzh connait son sujet cela ne fait aucun doute, passionnée et passionnante (pour avoir échangé un peu avec), elle a rudement bien menée sa barque mélangeant faits historiques et imaginés et je me suis laissée porter. Le sujet historique est passionnant et j'ai eu envie d'en savoir plus sur Armand-Jean.
Généralement, je ne suis pas trop romance, mais là, le langage suranné jouant, j'ai suivi ce badinage, ce jeu de séduction telle une danse (me rappelant certaines pièces de Molière ou Marivaux). Mais, grande première, j'avais envie de fermer la porte et de les laisser à leur intimité tant je me sentais indiscrète, et puis si je ne poursuivais pas ma lecture je les maintenais ensemble, le Cardinal ne rentrait jamais au XVIIe (oui j'aime pas la romance mais je suis fleur bleue ! On ne juge pas)
Mais ce livre c'est aussi l'histoire de Nicolas, qui plus que sceptique va découvrir qui est son père et finalement qui il est lui aussi, cela lui permettant de se construire en identifiant la pièce manquante du puzzle.
Pour moi le récit tient la route. Peut-être fera-t-il bondir les Historiens les plus bornés. Marine a vraiment fait un travail de recherches énorme afin d'égratigner le moins possible l'Histoire. L'écriture est agréable et le mélange langage suranné et usuel très bien dosé
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