"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Étape la plus emblématique du Grand Tour que les élites européennes accomplissaient au XVIIIe siècle, le voyage en Italie ne se réduit pas à une expérience de jeunes nobles complétant leur éducation. En temps de paix comme à la faveur des guerres, des Français de tous âges ont traversé les Alpes ou pris la mer avec les buts les plus variés. Riches ou pauvres, guidés par des modèles qui canalisaient leurs attentes, ils ont contribué à transformer le visage d'une terre engagée dans le processus unitaire en inventant des capitales, comme Milan, et en parcourant les Alpes ou le Sud marqué par les restes antiques. Terre des arts, de la culture classique et du catholicisme, l'Italie des Lumières est alors devenue le «laboratoire» d'une connaissance plus systématique de la nature, des hommes et de l'organisation des sociétés. Mais tandis que l'encyclopédisme fit place au seuil du XIXe siècle à des savoirs plus spécialisés, nobles et marchands, artistes et gens de lettres renouèrent avec un regard simplificateur et stéréotypé et le voyageur du XVIIIe siècle se mua en un touriste pressé et conquérant. C'est pour mieux comprendre le passage de ces formes complexes du voyage vers le tourisme que la présente enquête s'est attachée à dépouiller les guides, récits et journaux de voyage laissés par les Français sur l'Italie entre 1750 et 1815.
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