Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Kees Van Dongen était un peintre déjà reconnu à son époque, anarchiste, mondain à la fois, dont le style a évolué au cours de sa vie, avec les rencontres qu’il a faites et les lieux qu’il a fréquentés. Néerlandais d’origine, il a obtenu la nationalité française en 1928, mais était surtout parisien d’adoption. Enchanté par Rembrandt et Picasso, qu’il a côtoyé au Bateau-Lavoir, ce sont les femmes, surtout, qui ont influencé sa peinture. C’est un hommage très bien documenté à ce peintre que nous découvrons à travers « Le dernier tango de Kees Van Dongen », de François Bott. L’auteur fait revivre à ces lecteurs la genèse de ces tableaux fauves, représentant à grands traits des femmes et des vedettes de l’époque aux couleurs vives et aux immenses regards mélancoliques. En adoptant un angle original et intéressant, les dernières heures de Van Dongen, le 28 mai 1968 à Monaco, Bott nous entraîne dans la mémoire du peintre. La chronologie n’est pas linéaire, mais correspond bien aux pensées décousues d’un vieil homme peu avant sa mort. On découvre par les yeux du peintre le port de Rotterdam et l’intérêt qu’il portera toute sa vie à la recherche des couleurs justes après une jeunesse nordique grisâtre et brumeuse. On apprend à observer les femmes, leurs bijoux et leurs traits par les yeux du peintre. Puis on reprend pied dans la réalité lorsqu’une des jolies infirmières qui l’accompagne dans ses derniers instants vient prendre soin de lui. C’est un vrai voyage dans l’esprit du peintre que propose François Bott grâce à son écriture rêveuse, mélancolique et très poétique à la fois. Certes, le voyage est imaginaire et les pensées seulement prêtées au peintre par l’auteur. Cependant, et encore plus si vous aimez la peinture, vous vous laisserez imprégner de cette version de Kees Van Dongen et en ressortirez en ayant l’impression de bien connaître ce vieil homme attachant.
C’est l’histoire ou plutôt le monologue d’un célèbre peintre hollandais qui finit ses jours à Monaco sous le regard plein de pitié et d empathie du personnel médical. Une confession intimiste et parfois érotique dans laquelle le narrateur évoque ses deux passions : la peinture et les femmes dans le Paris chic et mondain des années d’après guerre.
Le livre est un autoportrait rapide et intransigeant dans lequel ce narrateur dévoile pourtant avec prétention son métier et ses ambitions, ainsi que ses relations. Une prise de conscience "posthume" de l’image que le monde a de lui. Le roman est court, l’écriture simple mais dans un registre soutenu où le narrateur « Je » et le narrateur externe se côtoient au sein d un même chapitre.
J’ai beaucoup aimé les anecdotes que le narrateur évoque sur l’intimité des artistes et leurs relations : notamment sa complicité avec Picasso. Je me situe plus comme une novice avide de connaître mieux ce milieu afin de comprendre les mentalités de cette époque qui m’est peu familière. Un éclairage« intime», un roman du souvenir moins triste que le sujet peut le laisser supposer.