"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
François, dix ans, est kidnappé. Sa soeur Puce, quatorze ans, flanquée de quatre camarades de classe, mène l'enquête en parallèle de la police.
- Les ados : collégiens trublions et fouineurs qu'on ne souhaite pas à son pire ennemi. Petit problème avec l'autorité.
- Les flics : brouillons et goguenards. Gros problèmes d'autorité.
- Les truands : fins de race. Nostalgiques du milieu d'antan. Les zéros sont fatigués et les putes ne sont plus ce qu'elles étaient.
- Paris 18e, quatrième personnage de l'histoire. Pérégrinations à flanc de Montmartre.
De l'Audiard troisième génération en Marcel et grand braquet.
Quand on s’appelle Audiard, qu’on est le petit-fils du grand dialoguiste Michel Audiard et le neveu du réalisateur Jacques Audiard et qu’on choisit de se lancer dans le roman, il faut avoir bien du courage. Car si votre patronyme peut vous ouvrir des portes, il peut aussi être très lourd à porter. Surtout si l’on choisit de tremper sa plume dans un genre proche de celui de ses glorieux aînés. On espère alors des dialogues aussi géniaux que dans les Tontons-flingueurs, une dimension sociale aussi élaborée que dans Dheepan.
Seulement voilà, si dès le titre, l’auteur revendique cette parenté (Le Cri du corps mourant est un clin d’œil au Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques réalisé par Michel Audiard), force est de constater que malgré de belles trouvailles, le roman n’est pas à la hauteur de cette ambition.
Cela dit, on s’amuse à suivre cette joyeuse bande d’enfants à la recherche de leur frère et ami qui a subitement disparu du pavé parisien. On se délecte de leur gouaille et de leurs métaphores improbables. On en viendrait presque à oublier le scénario un peu bancal de cette histoire à laquelle il manque une sortie en apothéose.
Mais il est temps de vous présenter la famille Volponi (vous souvenez-vous des frères Volfoni dans les Tontons-flingueurs ?), à commencer par Odile, la mère qui «donnait aussi l'impression d'avoir passé ses dernières vacances à Dachau.» Sa fille n’est guère plus épaisse : «A quatorze ans, Puce donnait l'impression d'en faire onze à peine, du fait d'une constitution squelettique, diaphane. Chez elle, pas de place pour le gras.» La fratrie est constituée de deux frères. «Son frangin François, également de père inconstant, avait dix ans et passait son temps à tester les structures scolaires : il avait déjà acquis suffisamment de connaissances pour rédiger le premier guide à usage des cancres du primaire parisien.» C’est ce dernier qui va être kidnappé par… son père Raoul!
Mais bien vite le lecteur va se rendre compte que ce dernier, alcoolisé plus que de raison – son état habituel – s’est laissé entraîner dans une drôle de combine. Une équipe internationale de truands a fait d’une ancienne clinique du Vésinet un refuge pour leurs enlèvements. Mais si François n’est pas seul à goûter aux joies de la séquestration, il va montrer une belle énergie à pourrir la vie de ses gardiens et même réussir à leur fausser compagnie, tout en laissant à Gertrud, sa garde-chiourme un petit souvenir sanglant.
Alors que la police est avisée, Puce décide de mener elle aussi l’enquête avec ses amis. « Puce s’était entourée d’une cour restreinte de quatre zigues : Louis, Mourad, Blanche et Castille. Facétieux, les parents de Blanche étaient malgaches. Nettement moins facétieux, les parents de Mourad étaient kabyles. Mous, l’aîné de Mourad, était tombé deux ans plus tôt pour trafic de came. Se retrouver à Fleury pour de l’herbe, c’était bien naturel. Les parents de Castille n’étaient pas espagnols, mais parisiens "de souche", particularisme qu’ils revendiquaient dès qu’ils étaient en société. C’est-à-dire, tout le temps. » Le Club des cinq ne va pas tarder à retrouver la trace de François, grillant la politesse à Maarek, Bursky, le commissaire Dubley et l’inspecteur Hamdoni, des enquêteurs qui finiront, après moult tâtonnements, à suivre la trace des ravisseurs.
On passera sur les quelques épisodes annexes, les enlèvements de Emma Stolzberger, celui du Baron Hauptin, sur le cadavre en décomposition découvert dans l’appartement du frère, pour retrouver tous les protagonistes à l’heure du dénouement… qui va quelque peu nous laisser sur notre faim. Il y avait pourtant là de quoi nous offrir un beau feu d’artifice : les flics, les voyous et une bande de gamins intrépides. Peut-être que le prochain opus viendra concrétiser les jolies formules de ce roman aussi noir que cocasse.
http://urlz.fr/52m8
Source: http://www.aupresdeslivres.fr/Le-cri-du-corps-mourant-de-Marcel-Audiard
Je ne peux pas commencer cette chronique sans préciser que Marcel Audiard est le petit-fils de Michel Audiard, ce dernier étant, à mon sens, le plus grand dialoguiste du cinéma français du vingtième siècle («Les Tontons flingueurs», «Le Pacha», etc). Quand on a passé une partie de son enfance sur les plateaux, dans le milieu du cinéma, cela laisse des traces.
J’ai été attiré par ce livre pour son titre et sa couverture. J’ai bien aimé le style du romancier, fortement influencé par l’héritage familial. Certains pourront trouver ça un peu lassant à la longue, mais de mon côté, j’ai apprécié, malgré le fait que le style alourdisse la fin de l’histoire et rende les derniers chapitres un peu trop lents pour moi. Il n’y a pas de gros rebondissements, mais j’ai pris plaisir à suivre les différents personnages, et surtout Puce et ses camarades.
Puce a quatorze ans et est anorexique. Mourad, Blanche, Louis et Castille l’accompagnent dans ses péripéties. Les enfants décident d’enquêter sur la disparition de François, car ils ont une confiance très limitée en les forces de l’ordre.
Raoul, le père de François et beau-père de Puce, est un alcoolique notoire. Il ne vit que pour et par la boisson.
Odile, la mère de Puce, donne l’impression d’être totalement à côté de la plaque. Son fils a été enlevé, mais elle continue à travailler et à se renseigner uniquement le soir pour savoir s’il y a eu des nouvelles. C’est un comportement somme toute étrange.
François est un enfant débrouillard (peut-être trop, vu son âge).
Les méchants sont rodés au niveau de leur magouille, mais ils sont un peu stupides sur les bords. Les policiers n’ont pas le beau rôle, et passent, dans ce premier volume, pour des abrutis.
Il y a beaucoup de choses peu crédibles dans ce roman, mais je me suis laissé prendre au jeu des intrigues (les différents enlèvements, les liens entre eux, les motifs de Raoul, et les liens qu’il y a avec Odile Volponi).
La fin m’a laissé sur ma faim. Après quelques recherches, j'ai constaté que l’auteur, dont c’est le premier livre, précise, dans quelques articles de presse, qu’il s’agit d’une trilogie. Cela explique mieux la situation et les non-réponses à de nombreuses questions.
À découvrir, en espérant que les autres volumes ne tardent pas trop.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !