"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Droite, fière, sans un sourire, ma mère me regarde partir. Les hommes de sa maison partent en exil avant la trentaine pour ne pas mourir en prison. Les femmes restent. Ma mère a été poignardée deux fois en vingt ans. Papa Doc a chassé mon père du pays. Baby Doc me chasse à son tour. Père et fils, présidents. Père et fils, exilés. Et ma mère qui ne bouge pas. Toujours ce sourire infiniment triste au coin des lèvres. Je me retourne une dernière fois, mais elle n'est plus là ».
Vieux Os a vingt-trois ans. Son ami Gasner, journaliste comme lui, vient d'être assassiné par les tontons macoutes. Dès lors s'enclenche la mécanique de l'exil, pressante, radicale : Vieux Os doit passer sa dernière nuit hors de chez lui.
De taps-taps bondés en déambulations hasardeuses, Vieux Os parcourt son monde en accéléré : les belles de nuit du Brise-de-Mer, bordel miniature où l'on parle d'amour et de grammaire, les amis de toujours, Lisa et Sandra - « l'une pour le corps, l'autre pour le coeur » -, les souvenirs d'enfance à Petit-Goâve dans le giron de Da, les tueurs qui rôdent, les anges gardiens aux allures de dieux vaudou, et toutes les bribes de vie saisies au vol dans les rues de Port-au-Prince.
Le cri des oiseaux fous nous replonge au coeur de la nuit qui bouscula la vie de son auteur.
Une fois commencé, il est bien difficile de renfermer ce livre tant je me suis attachée à son narrateur.
Avec cet ouvrage, Dany Laferrière nous replonge dans sa dernière nuit passée sur son île alors qu'il vient d'apprendre le décès de son ami Gasner. De chapitre en chapitre, le narrateur veut retrouver une dernière fois les êtres qui lui sont chers et les lieux qui ont marqué son parcours de journaliste.
Le cri des oiseaux fous est un récit poignant sur l'adieu, la nécessité de fuir et la dictature haïtienne.
On y retrouve le regard tellement humain et chaleureux d'un grand auteur.
Je ne dirais pas que ce monologue intérieur ponctué de rencontres et de dialogues ne possède pas quelques petites longueurs, j’avoue avoir faibli parfois, car il faut admettre que c’est une lecture assez exigeante. Ce texte est également un peu redondant par rapport à L’énigme du retour que j’ai lu il y a quelques mois, et dont j’ai préféré le style et la construction.
Toutefois les réflexions du narrateur sonnent juste, et ne manquent pas de profondeur, tout en traduisant parfaitement son jeune âge. J’ai beaucoup aimé son analyse de la culture, de la religion en Haïti, et même de l’importance de la grammaire sur fond de dictature, j’ai été très touchée par ses relations avec sa mère et sa grand-mère, par les liens d’amitié profonds qu’il a avec plusieurs camarades, un peu moins par ses amours juvéniles.
Je conseillerais ce roman à qui est intéressé par le thème, et qui voudrait découvrir Dany Laferrière, mais cet auteur est prolixe, et donc le choix très large.
avis complet sur
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/11/06/dany-laferriere-le-cri-des-oiseaux-fous/
lu par Th!erry
AVANT L'EXIL
Dany a 23 ans. A la suite de l’assassinat de son ami Gasner, sa mère l’exhorte à quitter Port-au- Princes au plus tôt, persuadée que sa vie est en danger. La dictature de Baby doc, orchestrée par les sanguinaires tontons macoutes, terrorise la population. Pendant quelques heures, une nuit, Dany va parcourir la ville et rencontrer ses amours, ses amis, ses ennemis, avant l’exil. Une méditation splendide sur la culture haïtienne, les relations entre les êtres, la place des parents, l’amour et la sexualité.
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