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Réalisées à différentes périodes, les cinq adaptations de nouvelles d'Edgar Allan Poe par Alberto Breccia, réunies dans Le Coeur révélateur, ne sont pas de simples prétextes à une série de variations stylistiques. Elles fournissent au génie argentin, fermement convaincu que c'est le style qui doit s'adapter à l'atmosphère du récit - et non l'inverse -, une nouvelle occasion de montrer sa maîtrise exceptionnelle du dessin et de la composition. Avec une désinvolture et une facilité étonnantes, il passe d'un minimalisme formel et d'un découpage cinématographique (Le Coeur révélateur) à des teintes grotesques (William Wilson), jusqu'à un style plus expressionniste (La vérité sur le cas de Monsieur Valdemar).
Si une distance manifeste sépare la rigueur dépouillée dont il use dans Le Coeur révélateur et le foisonnement de formes et de couleurs qui explose dans Le Masque de la mort rouge, un fil rouge relie pourtant tous ces récits. La constante invention graphique dont fait preuve Breccia a pour unique intention d'éclairer d'une lumière crue la frontière floue entre la vie et la mort. Il capture ainsi ce moment de bascule où, saisi par le néant, l'homme devient son propre bourreau, cette faille insondable que Poe lui-même n'a eu de cesse d'explorer tout au long de son oeuvre.
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