Les bédéphiles de SambaBD ont tranché et partagent avec vous leurs albums incontournables de l'année
Quelque part dans la France de l'entre-deux guerres, niché au coeur d'une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d'un sabot de fer par le président Silvio... Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté... Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu'à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s'allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes pour prôner la résistance à l'injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire... Premier tome d'une série prévue en quatre volumes, Le Château des animaux revisite La Ferme des animaux de George Orwell (1945) et nous invite à une multitude de réflexions parfois très actuelles...
Les bédéphiles de SambaBD ont tranché et partagent avec vous leurs albums incontournables de l'année
Une superbe fable politique qui revisite "la ferme des animaux" de George Orwell, c'est d'un graphisme sublimissime et l'adaptation scénaristique est d'une force incroyable.
Ça prend aux tripes, c'est d'une puissance inouïe, quand l'intelligence et la non violence tente de s'opposer à la tyrannie.
Une véritable réussite !
Librement inspirée de « La Ferme des animaux », « Le château des animaux » est une réussite. Dans un château abandonné par les humains, les animaux sont libres et égaux. Enfin, pas vraiment ! Comme dans toute société, certains se croient légèrement, voire beaucoup, au-dessus des autres et les privilèges ne sont pas distribués de manière égalitaire. Jusqu’à ce que les opprimés décident de se révolter. Dans cette BD, il y a des héros et des méchants, des privilégiés et des opprimés, de la solidarité et de l’égoïsme ! Toutes ces thématiques « humaines » transposées dans un monde animal fictif et c’est vraiment bien vu ! C’est également illustré de manière pertinente avec des couleurs parfois sombres, parfois lumineuses qui accompagnent parfaitement le propos. J’ai beaucoup aimé !
Très belle BD, le graphisme est magnifique. Les personnages sont intéressant et l'histoire style table est prenante.
Une belle histoire pour illustrer ce qu'est la stratégie non-violente et la comprendre. Des personnages animaux, mais aux comportements humains, attachants dont on est pressés d'apprendre le sort qui les attend et si leurs stratégies vont fonctionner. On ne s'ennuie pas une seule seconde. Très beaux dessins et graphisme.
Je n'ai pas lu le livre d'Orwell mais ça m'a vraiment donné envie de le faire.
Une parodie de la Ferme des animaux ? Non, cette bande dessinée est loin de ressembler à une pâle copie du roman de Georges Orwell ! Certes s'il est bien question d'une république animalière qui cache en réalité une terrible dictature, l'idée de Xavier Dorison est de creuser une autre piste, à savoir, la résistance pacifique... par le rire ! Un scénario dense et très prenant qui nous fait vivre au plus près du quotidien des personnages, conférant un aspect complémentaire au roman de Georges Orwell. Ici, il est aussi question d'individualisme au sein de la communauté, chaque animal à sa propre entité et surtout un foyer à s'occuper, comme la chatte Miss Bengladore, à qui le premier tome est consacré.
Le dessin ainsi que la colorisation sont absolument sublimes et s'accordent parfaitement avec le récit ! le trait de crayon totalement immersif offre de très belles planches, tout en conservant un certain réalisme. J'apprécie également le parti pris de Félix Delep de ne pas représenter les personnages comme des humains mais bien comme des animaux, ils ne sont pas habillés et se déplacent (pour le moment) toujours à quatre pattes ;)
L'intrigue étant assez longue à se mettre en place et la résistance arrivant relativement tard dans le récit, j'ai vraiment hâte de connaitre la suite dans les trois prochains tomes. Une saga familière addictive à ne pas manquer !
// Lue dans le cadre du prix de la BD Fnac - France Inter 2020
Ce premier tome de Xavier Dorison et Félix Delep ouvre en beauté une série prévue comme une tétralogie. D’emblée, elle se place sous le patronage d’Orwell tant par le titre choisi que par l’avant-propos. Mais loin d’être une nouvelle adaptation - après celle de Jean Giraud et Marc Bati parue en 1985 - de ce roman paru en 1945 qui s’attaquait principalement au stalinisme, il s’en affranchit en élargissant le propos et s’attaque à tous les totalitarismes. C’est sans doute la raison pour laquelle les cochons si importants dans l’œuvre du romancier britannique ne sont ici que de simples figurants domestiques du tyran.
Les personnages principaux, comme le montre la superbe couverture, sont donc Sylvio le taureau et Miss Bengalore la petite chatte blanche. Le premier présenté « en majesté » en contre plongée, encadré par de lourdes draperies occupe le centre du tableau : les lignes de fuite constituées par sa garde de molosses faisant converger le regard sur lui. Il semble dominer de sa masse noire (ceci est encore plus patent sur le visuel de couverture de l’édition de luxe) le frêle félin qui se trouve à ses pieds. Son sabot, et ses cornes paraissent démesurés. Il incarne véritablement la force. Mais une lecture symbolique peut se superposer à cette confrontation en apparence défavorable à la petite chatte : le carrelage en damier blanc et noir rappelle le plateau du jeu d’échecs et à la force physique va s’opposer la force intellectuelle puisque bien sûr, le Roi y a une valeur bien moindre que la dame !
L’album se place en effet également dans la lignée des fables et Dorison montre à l’instar de La Fontaine que « si la raison du plus fort est toujours la meilleure », l’art peut en triompher ! Et c’est là que réside la véritable originalité de cet album. Il ne se contente pas de dénoncer la dictature (ce qui n’aurait pas grand intérêt car c’est un sujet plutôt consensuel !) mais de montrer comment on peut lutter contre elle : l’album rend véritablement hommage aux artistes grâce au personnage du rat Azelar. Miss B. qui ne pensait jusque-là qu’à survivre et à assurer difficilement la pitance de ses deux chatons découvre, grâce à lui, à la fois le pouvoir de l’ironie (le rat se moque des molosses de Sylvio en faisant semblant de respecter à la lettre le protocole et en leur faisant chanter l’hymne à la gloire du président Silvio) et l’histoire de Gandhi. Grâce au mime, elle comprend qu’une autre voie peut s’ouvrir à qui veut combattre les dictatures : celle de la non-violence. Son patronyme indien qui paraissait jusque-là surprenant revêt ainsi tout son sens : à l’instar du « fakir » présenté dans le spectacle qui l’a bouleversée, elle va se dresser de façon pacifique contre les iniquités et la violence aveugle de Silvio et ses molosses.
Pourtant, l’album, si engagé soit-il, n’a rien d’un pensum et il est très drôle. Ce, grâce aux dialogues certes mais également grâce à la galerie de personnages mis en scène par Félix Delep dont c’est le premier album. Dans un graphisme étonnamment maîtrisé pour un premier opus, il nous présente des héros à la fois très travaillés, à la manière de Claire Wendling, et également très cartoonesques. Si l’héroïne est Miss B, ce sont les personnages secondaires qui donnent tout le sel à la bande dessinée : mention spéciale à César le chaud lapin à la chevelure gominée et la moustache qui frise, à Azov le chef de la garde prétorienne de Silvio au regard torve et à son n°2 Boris qui ne rêve que de « devenir calife à la place du calife » et fait toujours la gueule ! Ce qui à chaque fois est savoureux, ce sont les expressions très humaines dont sont dotés les animaux. On y retrouve des influences des dessins animés de Disney « les Aristochats » pour l’héroïne bien sûr mais surtout du « Robin des bois » de Reitherman ainsi que des références au « Brisby et le secret de Nimh » de Don Bluth. On soulignera aussi le découpage très dynamique avec une alternance de somptueuses pleines pages qui posent le décor et de cases parfois verticales et même diagonales et multipliées lorsque le rythme s’accélère. On évoquera également le soin apporté aux cadrages avec des inserts ou des angles de prise de vue inattendus et un gaufrier revivifié qui abandonne les classiques trois bandes. On notera enfin les superbes couleurs symboliques réalisées à quatre mains avec Jessica Bodard : douces lors des scènes intimes parfois presque monochromatiques lors des scènes crues de violence extrême.
Un premier tome extrêmement riche donc tant dans la narration que dans l’expression qui aura mis plus de deux ans à être réalisé et qui a vocation de devenir un classique au même titre que « La bête est morte » de Calvo ou le « Maus » de Spiegelman ! Un très bel ouvrage, plus drôle et plus optimiste que l’œuvre dont il s’inspire, à lire de préférence dans la version de luxe grand format qui rend pleinement justice aux inventions graphiques de Dorison et à la beauté du trait de Delep.
Rιrᥱ, ᥴ'ᥱst dᥱ́jᥲ̀ ᥒᥱ ρᥣᥙs sᥙbιr
Pour commencer, admirons cette splendide couverture qui en impose !
Cette BD revisite "La ferme des animaux" de Georges Orwell.
Dans ce château oublié par les hommes, règne la terreur d'une prétendue République mené par le taureau Silvio. Menace, condamnation la force fait la loi. C'est l'oppression du plus faible. Une dystopie animalière impressionnante, inquiétante.
Le château des animaux est un réel plaisir de lecture mais aussi un plaisir visuel.
Les animaux de cette fable sont hyper expressifs, l'émotion ne se lit pas seulement à travers le visage mais aussi tout le corps. J'avais l'impression de voir des humains tellement l'anthropomorphisme est présent.
Chaque personnage va susciter en vous un sentiment, de révolte, de colère, d'admiration.
Tout de fois certaines mises en scènes peuvent être violentes et crues. Cela renforce cette impression de lourdeur qui règne dans ce château.
A la fin de la « Ferme des animaux » d'Orwell, un seul commandement demeure : « Tous les animaux sont égaux mais certains plus que d'autres. » La boucle est bouclée, les hommes sont partis mais les cochons, avec à leur tête Napoléon, dirigent la ferme d'une main de fer. C'est dans ce monde inégalitaire et sans pitié que s'ouvre la bd « Le château des animaux », à ceci près que le tyran est l'énorme taureau Silvio, flanqué de ses molosses, lui servant de milice et de garde rapprochée. Dans ce premier tome, la résistance va s'organiser grâce à un trio atypique et attachant : la chatte Miss Bengalore (qui donne son nom à ce premier tome) mère courage trimant sur les chantiers pour pouvoir nourrir ses chatons, le lapin joli coeur César et le rat Azélar, vieil aède qui sera leur mentor sur le chemin de la liberté. Quelles armes choisir pour lutter contre la barbarie ? c'est toute la question qui est posée dans ce volume, et on a hâte de lire la suite.
Les dessins sont splendides, les animaux sont très expressifs et derrière eux, ce sont bien les comportements humains qui sont évoqués. Une lecture complémentaire que je ne manquerai pas de conseiller à mes élèves après l'étude de « La ferme des animaux ».
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