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...Notre tâche, nous l'avons dit, consistait, en nous basant sur un cas privilégié, à mettre en évidence les phases biographiques ou les étapes de la souffrance aux prises avec la puissance existentielle exclusive de la terreur ou de l'horreur, de la destruction ou de l'anéantissement, à en montrer l'enchaînement biographique et la conséquence, jusqu'au stade terminal qui justement est représenté par le délire de persécution pluralisé.
Ceci nous a amenés à un double résultat : l'insertion du délire de persécution dans l'être-dans-le-monde et l'insertion du schizophrène - en tant que " malade mental " - dans l'organisation de l'être humain. Ainsi nous avons, sinon découvert, du moins entrevu le caractère fondamental de la puissance existentielle du terrifiant, ceci ressort du fait suivant : la description que nous en faisons s'accorde parfaitement à la vision de cette puissance existentielle et de ses " métamorphoses ", telle que l'ont décrite les poètes et nous l'avons montré par l'exemple du poème de Baudelaire intitulé " La Destruction ".
Ajoutons, ici, que déjà Ovide, dans le passage où il s'agit de l'ordre divin de frapper de folie un mortel, nous montre la folie hagarde (trepido vultu), précédée du deuil (luctus), de la peur (pavor) et de la terreur (terror) (Métamorphoses IV, v. 484-485). En ce qui concerne, enfin, l'importance de nos études et idées phénoménologiques pour la Psychiatrie et la Psychopathologie non pas en tant que sciences dont les procédés ne sont pas phénoménologiques mais relèvent de la méthode discursive-constructive, cette importance consiste en tout premier lieu dans la constatation que les sciences ont abordé ce problème du délire d'une façon pour ainsi dire bien trop " périphérique " en partant, par exemple, des perceptions, des idées délirantes, des tonalités fondamentales délirantes, pour y rattacher leurs réflexions et leurs conclusions théoriques...
Nous sommes de l'avis de Merleau-Ponty quand il dit : " ce qui garantit l'homme sain contre le délire ou l'hallucination, ce n'est pas sa critique, c'est la structure de son espace ", et nous croyons avec lui que la présence du malade délirant persécuté confrontée à celle de l'homme sain s'explique par " une modification de la spatialité originaire ", quant à nous, il nous restait à faire le pas décisif pouvant nous amener à comprendre le délire de persécution sous l'angle de l'analytique de l'existence et à montrer que c'est une certaine puissance existentielle qui rend tout d'abord possible cette " modification de spatialité ", (et surtout celle de la temporalité ou de l'expérience délirante) et que, ici, la puissance existentielle est représentée par la puissance " déchaînée " de la terreur...
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